Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Les affrontements d’hier à Havat Gilad entre les forces de sécurité et les colons ont continué à faire du respect de la loi une farce, en gênant, sinon en empêchant purement et simplement, les autorités légitimes d’accomplir leur devoir.

Hier, pour le cinquième jour consécutif, des colons délinquants ont affronté violemment la police et l’armée, essayant d’empêcher celles-ci d’accomplir leur mission : démanteler les constructions de la colonie sauvage.

Ces affrontements incessants montrent que les colons n’hésiteront pas à se rebeller contre les lois de l’Etat. Ils le font avec le soutien de Yesha (le Conseil des Colonies de Cisjordanie et de Gaza), leurs représentants élus, qui les poussent à combattre les évacuations, tout en appelant, avec le pharisaïsme qui les caractérise, à ce que le combat soit mené sans faire de mal aux soldats ou aux policiers.

Les manifestants ont ignoré leur appel et n’ont pas hesité à blesser des soldats et à humilier des officiers. Ceux qui s’étaient rassemblés sur le site de la colonie n’étaient pas simplement des excités, des « jeunes des collines », mais un échantillon représenatif des colons, soutenus par leurs dirigeants.

Les implications de tout cela sont claires : les colons, y compris leur direction, officielle et rabbinique, font de l’évacuation de Havat Gilad un test de leur capacité à imposer leur volonté au gouvernement. Ils craignent que le démantèlement de la colonie devienne un précédent dans l’élimination de colonies similaires dans les territoires.

Pour cette raison, le gouvernement doit montrer le courage nécessaire pour s’opposer aux colons. La décision du ministre de la Défense d’évacuer 24 colonies illégales ne représente pas grand chose dans la perspective des nombreuses colonies qui devront être évacuées en cas d’accord de paix entre Israël et les Palestiniens. Néanmoins, les colons ont osé défier l’autorité de l’Etat.

Le gouvernement ne doit pas céder à la violence des colons. Il doit procéder au démantèlement des colonies, parce que s’il ne le fait pas, il perdra également toute autorité à l’intérieur de la Ligne verte. Il ne doit, ni faire de compromis, ni donner l’impression qu’il évacue tout en négociant un accord avec les colons en sous-main, qui leur permettrait d’agrandir les colonies ailleurs.

La Cisjordanie est remplie d’exemples de ce genre de compromis, qui ont eu un effet fatal sur la possibilité de parvenir à un accord israélo-palestinien.

Les colonies ont été un désastre pour Israël, et elles constituent l’obstacle le plus important sur la voie vers un accord de paix. Elles absorbent des sommes énormes, qui privent d’autant des citoyens qui sont en droit d’attendre d’un Etat bien gouverné qu’il veille à satisfaire leurs besoins élémentaires. Ces deux dernières années, des troupes importantes, composées de conscrits comme de réservistes, ont été affectées à la protection des colons et leur ont permis de conserver leur style de vie.

Malgre cet énorme investissement de la part de l’Etat, les colons ont, ces cinq derniers jours, osé se rebeller contre les autorités et utiliser la violence contre les forces de sécurité. Ils se permettent d’agir ainsi parce qu’ils ont pris l’habitude d’obtenir tout ce qu’ils veulent, par la force, et grâce à la protection offerte par un monde politique qui, soit s’identifie à leur vision du monde, soit craint la confrontation avec eux. Le moment est
venu de les remettre à leur place, et de surmonter enfin la peur des brutes.