Ha’aretz, 3 mai 2010

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Jcall, un nouveau groupe européen de gauche, a publié depuis quelques jours une pétition signée par plus de 3 000 juifs, appelant à mettre fin à l’occupation et à l’expansion d’Israël en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Les signataires, qui comprennent d’importants philosophes français comme Bernard-Henri Lévy et Alain Finkielkraut, affirment que la politique de colonisation sape toute perspective d’une paix avec les Palestiniens fondée sur le principe de deux Etats. Ils expriment leur crainte pour l’avenir d’Israël, Etat juif, démocratique et éthique, et s’inquiètent de la campagne mondiale de délégitimation d’Israël.

Comme les membres du lobby américain J Street, l’équipe de JCall ne pense pas qu’un soutien automatique à la politique israélienne (qui défend par exemple l’idée de constructions juives à Jérusalem-Est) sert les intérêts réels d’Israël.

Tout comme il y a eu des critiques de J Street aux Etats-Unis, les organisations juives traditionnelles en Europe se sont lancées à l’assaut de JCall, en affirmant que cette pétition servait les ennemis d’Israël. Et tout comme le ministère de l’Information et de la Diaspora attend des touristes israéliens qu’ils défendent la politique de colonisation du gouvernement à l’occasion de leurs voyages à l’étranger, les critiques appellent les intellectuels de la Diaspora attachés à l’éthique à ne pas faire preuve de franchise.

Il faut espérer que le gouvernement israélien ne se joindra pas aux attaques contre Jcall. Durant la récente crise avec l’administration américaine, le Premier ministre Benjamim Netanyahou n’a pas épargné ses efforts pour mobiliser des personnalités publiques juives comme Elie Wiesel dans sa bataille contre les pressions destinées à geler la construction à Jérusalem-Est.

Ceux qui recrutent les juifs de droite pour soutenir leur politique doivent respecter le droit de la gauche juive de s’exprimer. Cette contribution des militants juifs européens pour la paix constitue une réaction appropriée aux dommages que des membres du gouvernement Netanyahou, à commencer par le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, causent ici aux intérêts israéliens.

Le conflit violent entre Israël et ses voisins et la suspension des pourparlers de paix ont contribué, au sein des communautés la diaspora, à une aliénation croissante à l’égard d’Israël. Cette tendance est particulèrement remarquable chez les jeunes.

Le fait que des milliers de juifs de par le monde, dont des intellectuels de premier plan, demandent de mettre fin à une occupation qui a fait assez de mal depuis près de 43 ans, est une excellente nouvelle. Reste à espérer que les voix d’amis d’Israël à Paris, Londres et Bruxelles, seront entendues à Jérusalem.