Synthèse effectuée par APN (Americans for Peace Now)
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
(1ère partie)
La fin du siege du president de l’Autorite palestinenne (AP) Yasser Arafat,
et la reprise d’un fonctionnement relativement normal de l’AP ont suscite
des exigences de reformes administratives et politiques. Differents groupes
au sein de l’AP esperent maintenant eliminer certaines organisations de
securite de l’AP, apres que les recentes operations de Tshal eurent montre
que ces organisations n’etaient pas capables de defendre les habitants de
l’AP. Des groupes appartenant a l’opposition palestinienne laique esperent
que le choc social cause par Tsahal, et la critique de ce que cette opposition considere comme un laxisme de la part de l’AP dans la conception
d’une strategie pendant toute l’annee ecoulee, permettront l’application de
reformes au niveau du gouvernement. Un forum de militants s’est reuni a Gaza
pour ebaucher un « Pacte National », et pour promouvoir leur exigence d’un
gouvernement de salut public. Des « comites populaires » se reunissent
egalement, pour exiger des changements. Cette opposition laique espere que
certains groupes du Fatah, qui eux aussi demandent des changements internes
a leur mouvement comme au niveau de la structure de l’AP, se joindront a
leur intitiative. De fait, un tract distribue par le Fatah a Jenine la semaine derniere accusait Mohammed Rashid, conseiller economique d’Arafat, et Mohammed Dahlan, chef des Forces de Securite Preventive a Gaza, d’avoir conspire avec Israel pour remplacer Arafat et faire annuler la mission de l’ONU chargee d’etablir les faits sur Jenine (mort-nee depuis). La direction du Fatah a Jenine a appele Arafat a se debarrasser de ses adjoints. Un autre tract, distribue dans les rues de Ramallah fin avril par les Martyrs d’El Aqsa, attaquait lui aussi Rashid, l’accusant d’etre a la tete d’une « bande de collaborateurs corrompus qui veulent vendre nos reves pour pas grand chose ». Mustafa Barghouti, l’un des militants les plus en vue a Ramallah, et directeur de l’agence non-gouvernementale d’aide humanitaire la plus importante en Palestine, a dit : « le peuple doit maintenant avoir son mot a
dire en politique. Il doit y avoir un systeme judiciaire independant. Nous
devons avoir des elections. A partir d’aujourd’hui, il doit y avoir de serieuse reformes ». Selon la loi de l’AP, Arafat est tenu d’organiser des elections tous les trois ans. Mais depuis 1996, il repond que l’occupation israelienne des territoires palestiniens, et, plus recemment, les 19 mois de conflit, ont rendu un vote impossible. Barghouti rejette cet argument : « Tout negociateur doit avoir un mandat », dit-il, un vote etant necessaire avant qu’Arafat signe quelque accord de paix que ce soit avec Israel.
(Jerusalem Post, 2/5/02; Ha’aretz, 1/5/02; & USA Today, 2/5/02)
(2eme partie)
Au sein meme de l’AP, selon une analyse de Yediot Aharonot, il semble que
certains reconnaissent le besoin de changement. Ces derniers jours, une
alliance est en train de prendre forme, entre Mohammed Dahlan, Abou Mazen et
Mohammed Rashid. Ils se tiennent dans les starting blocks, et se preparent
pour le jour d’apres Arafat. Cette alliance est d’ailleurs soutenue par Arafat lui-meme. Hassan Asfour se trouve dans la meme position, tandis que Nabil Shaath a ete mis sur la touche. Hadj Ismael, commandant des forces de
securite en Cisjordanie, a ete accuse d’avoir donne l’ordre a ses hommes de
ne pas participer aux combats, et a ete relegue dans un placard. Djibril
Radjoub est dans une position d’attente inconfortable, ayant ete accuse
d’avoir vendu aux Israeliens ceux des hommes recherches qu’il detenait,
ainsi que son QG, malgre les ordres d’Arafat de se battre jusqu’a la derniere balle. Les Tanzim ont recu des coups tres durs. Ceux des Tanzim qui n’ont pas ete emprisonnes n’ont pas une position claire au sein de l’AP.
Pendant les 18 mois d’intifada qui ont precede l’Operation Rempart, les Tanzim ont represente une veritable force politique, et tous ceux qui pensaient pouvoir un jour remplacer Arafat ont cherche a se rapprocher d’eux. Apres le siege, la roue a tourne, et les Tanzim ont ete marginalises, le leadership de Tunis (direction « historique » de l’OLP, ndt) ayant repris les renes. Dans une interview au journal Al Hayat, Dahlan a dit que l’intifada avait montre le besoin de reformes internes au sein de l’AP, ajoutant qu’Arafat etait conscient de ce besoin de changement. « Il y a eu un grand debat chez les Palestiniens a ce propos (reforme de l’AP) », dit-il.
« Le president est conscient que ces changements sont une necessite, et que
l’AP ne peut pas continuer a fonctionner comme avant. Face a ces evenements
tres importants, une reforme fondamentale, complete et serieuse, doit intervenir ».
(Yediot Aharonot, 3/5/02 & Ha’aretz, 2/5/02)
(3eme partie)
Le premier signe de critique de Yasser Arafat par des officiels de haut rang a ete la demission vendredi dernier de Nabil Amr, ministre palestinien des relations avec le parlement. Au cours de la reunion du cabinet palestinien a Ramallah ce meme vendredi, Amr a exige (avant de remettre sa demission) qu’un nouveau cabinet soit constitue. Amr exigeait que ce nouveau cabinet « s’appuie sur le Conseil Legislatif Palestinien (CLP) et soit sous son controle, comme dans tout pays democratique ». Au cours de cette reunion, une majorite de ministres s’est prononcee en faveur de reformes. La reponse d’Arafat a ete de constituer une commission chargee de discuter des reformes necessaires. « Je ne crois pas que cette commission soit capable d’introduire des changements », a dit Amr a Yediot Aharonot, « et c’est la raison pour laquelle j’ai decide de demissionner ». Selon Amr, la reforme ne viendra pas de commissions, mais d’un nouveau cabinet soumis au CLP. Dans une interview au quotidien italien La Reppublica, Nabil Amr s’est montre encore plus direct, disant : « toute la direction palestinienne actuelle doit s’en aller ». Amr a declare que la direction palestinienne avait cause de graves
dommages a la lutte des Palestiniens pour leur independance. Amr a egalement
indique que des reformes a l’interieur du leadership palestinien ne seraient
pas suffisantes, et a appele a reformer les forces de securite palestiniennes. Amr pense que le nombre de services de securite doit etre restreint, et qu’ils doivent tous dependre d’un seul quartier general pour que leur travail soit efficace. Dans le meme ordre d’idees, des cadres du Fatah dans les territoires occupes appellent a une assemblee generale du mouvement, la premiere depuis 13 ans, et proposent de reformer la structure et la strategie du Fatah. Ils demandent eux aussi des elections pour tous les postes de direction, sauf pour celle d’Arafat. Selon les partisans du changement, tous les membres du cabinet palestinien doivent etre remplaces par des professionnels. Des changements immediats doivent egalement intervenir dans les appareils de securite, et une organisation parapluie
doit etre constituee, a laquelle toutes le forces doivent etre soumises.
(Yediot Ahronot & Israel Radio, 5/5/02)