Israël et la Palestine appartiennent à une même entité épidémiologique comme le reconnaissent les responsables israéliens de la santé.
Le début en Palestine de la campagne de vaccination est donc une bonne nouvelle pour les Palestiniens eux-mêmes tout d’abord, mais aussi pour les Israéliens.
Le 2 février, l’Autorité palestinienne a commencé à vacciner le personnel médical après avoir reçu d’Israël 2 000 doses sur les 5 000 promises.
Le 4 février ont été réceptionnées 10 000 doses du vaccin russe Spoutnik V après avoir transité par l’aéroport Ben Gourion. Il est probable qu’une partie de ces vaccins sera administrée à Gaza. En outre, 37 440 doses du vaccin Pfizer/BioNTech sont prévues au cours du premier trimestre 2021 dans le cadre du dispositif « Covax » d’aide aux pays ou régions les plus pauvres. La Palestine fera partie des premiers pays retenus par l’OMS sur la base de différents critères dont celui de savoir si les pays candidats ont déjà lancé leur propre campagne de vaccination ou pas. En ce sens , les premiers vaccins fournis par Israël ont pu jouer un rôle de levier. Par ailleurs, quelque deux millions de doses auraient été commandées par les autorités locales à différents laboratoires.
Alors que la vaccination des Israéliens et des Palestiniens aurait pu et dû être une occasion de rapprochement et de dépassement des affects négatifs, il n’en a rien été. Le gouvernement israélien y a sa part de responsabilité et a beau jeu de dénoncer le dénigrement dont il a fait l’objet.
Le cafouillage autour de la vaccination des prisonniers, à partir des déclarations d’un ministre irresponsable remis à sa place par le Président R.Rivlin, le conseiller juridique du gouvernement et diverses ONG israéliennes œuvrant dans le domaine de la santé, en a été le premier épisode. L’absence d’un discours clair en a été le second. L’important n’était pas tant de savoir quelles étaient les obligations israéliennes en fonction des différents accords et conventions internationales, que de reconnaître ses besoins et son intérêt et donc, de définir une ligne de conduite en fonction de la réalité épidémiologique et de la nécessité sanitaire, sans craindre de déplaire, en période électorale – ceci expliquant sans doute cela -, à une opinion publique qui, au fil des ans, a été conditionnée à occulter les Palestiniens de son horizon.
Dans les faits, Israël a fait des choses, sans doute pas autant ni aussi bien qu’il aurait dû et pu, plus que ne le disent adversaires et détracteurs systématiques, voire obsessionnels, sans en recueillir le crédit et sans insuffler un moment » d’élévation et de dépassement du conflit » qui aurait été autant souhaitable qu’utile.
Et pendant ce temps, tout doucement sans faire de bruit, l’occupation se poursuit et avec elle son cortège de vilenies. Nouvelles constructions, destructions de campements de bédouins dans les collines de Hebron et dans la vallée du Jourdain, expulsions de familles à Jérusalem-Est au motif de récupérer des biens appartenant avant 1948 à des propriétaires juifs alors que les Palestiniens ne peuvent récupérer des biens dont ils étaient légalement propriétaires. Les terrains et habitations ne vont pas aux héritiers de leurs propriétaires initiaux mais sont mis à disposition de structures dont le fait d’être « juives » est le seul lien avec les anciens propriétaires. Ces structures mettent ensuite ces logements à la disposition des colons de plus en plus nombreux dans les quartiers arabes (Silwan, Cheikh Jarrah…) et qui, aux motifs de considérations sécuritaires rendent difficile le quotidien des Palestiniens.
Plus de 90 familles de Silwan font face à un risque immédiat de se retrouver à la rue et de devoir payer des sommes importantes à l’organisation de colons Ateret Cohanim. Au cours des dernières années, les tribunaux de Jérusalem ont rendu des arrêts d’expulsion à l’encontre de 32 familles regroupant 165 personnes. Aujourd’hui, c’est plus d’un millier de personnes qui se retrouvent aux différents stades du processus d’expulsion.
Shalom Akhshav, avec d’autres ONG, a engagé diverses actions dans les tribunaux et dans la rue pour s’opposer à cette « israélisation » forcée génératrice de haine et préjudiciable au vivre ensemble.
A quand un vaccin contre les méfaits de l’occupation…?
Illustration : Manifestation israélo-palestinienne à Silwan contre les expulsions, samedi 6/2 /2021