Le directeur d’un centre de défense des droits de l’être humain soutient devant le tribunal qu’un policier l’a intentionnellement frappé à la jambe, lui fracturant le genoux pendant qu’il était en garde à vue.
Traduction Tal Aronzon pour LPM
Photo : Une manifestation pour la cœxistence à Haïfa © Ahiya Raved [DR]
YNet, le 21 mai 2018
https://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-5266236,00.html
L‘Article d‘Ahiya Raved & Hassan Shaalan
Au cours d’une audience de prolongation de garde à vue du tribunal d’instance de Haïfa, l’un des détenus — le directeur du Centre Mossawa, une association à but non lucratif, Jafar Farah — a parlé des faits ayant entraîné la fracture de sa jambe et soutenu que celle-ci avait été délibérément cassée par un policier après son arrestation à un rassemblement de protestation.
À l’audience étaient présentées devant un juge des personnes arrêtées vendredi dernier lors d’une manifestation dans la ville du nord contre les pratiques israéliennes dans les heurts en bordure de la bande de Gaza. Durant la manifestation, Farah, qui dirige un centre promouvant l’égalité des citoyens arabes en Israël, a été arrêté et sa jambe fut ensuite fracturée.
« Je suis venu chercher mon fils, et l’on m’a arrêté, cela fait maintenant 48 heures que cela dure », déclara Farad au tribunal. « Pendant la garde à vue, l’un des policiers locaux trouva bon de m’asséner un coup à la jambe et m’a fracturé le genou. »
À la fin de l’audition de Farah au tribunal, il a été reconduit à l’hôpital Bnei Zion de Haïfa. La police a indiqué que malgré le fait que deux jours se soient écoulés depuis l’épisode, ils n’avaient encore pu éclaircir ce qui avait mené à la fracture de sa jambe.
Le ministre de la Sécurité intérieure Guilad Erdan a réaffirmé dans un tweet sa confiance dans les investigations d’une unité d’enquêtes internes sur ce point, précisant que seul « un corps externe impartial pourrait avérer » les faits du dossier.
Le directeur de l’association à but non lucratif, qui se présenta à l’audience à l’aide de béquilles, fut accueilli par les applaudissements de ses supporters. Farah est l’un des 19 suspects arrêtés vendredi encore en garde à vue, deux autres ayant été libérés plus tôt.
La police a requis [les concernant] une prolongation de détention de cinq jours, les accusant d’une multitude de méfaits, dont l’agression d’un policier dans l’exercice de ses fonctions ; le trouble de l’exercice des fonctions d’un policier en service ; des actes de vandalisme ; la participation à un rassemblement interdit ; un comportement subversif sur la voie publique et une conduite susceptible de nuire à la paix.
[En réaction, plusieurs manifestations ont eu lieu], dont une organisée par des habitants appelant à préserver la coexistence à Haïfa ; [dans le même esprit], et l’épouse de Farah, Ismahan, interrogée par la radio locale aux portes du tribunal, dit s’être « sentie horrifiée. Jamais je n’ai imaginé que la police puisse aller si loin. Nous sommes respectueux de la loi, nous sommes des gens civilisés. Pas besoin d’envoyer des drones comme ceux-là [lors de la manifestation] ».
« Haïfa fait partie de la société israélienne, qui devient de plus en plus violente, orientée à droite, et intolérante — pas seulement à l’égard des Arabes mais également de la gauche. Qui ose encore affirmer en public qu’il est de gauche ? Il faut que l’État fasse attention à ce qui se passe. S’ils s’en prennent à moi aujourd’hui, demain ils s’en prendront à d’autres minorités — les Druzes, les Russes ou les Éthiopiens », conclut-elle son réquisitoire.
Les Auteurs
Ahiya Raved et Hassan Shaalan sont rédacteurs à YNet.