Haaretz, 7 mars 2003

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Les attentats terroristes se sont poursuivis hier sur un rythme effrene, et
le gouvernement parait impuissant. Cinq citoyens israeliens ont ete tues,
des dizaines d’autres blesses, a Tel-Aviv, Afoula, et pres de Jerusalem. Le
Premier Ministre a reuni le comite ministeriel connu sous le nom de « la
kitchenette etendue » pour un debat sterile qui consistait a decider s’il fallait a nouveau faire le siege des bureaux de l’Autorite palestinienne, alors qu’il est clair pour tout le monde que cela ne changera absolument rien a la vague d’attentats qui balaye le pays. L’opinion publique a cesse d’attendre des jours de calme, quand chaque heure de la journee apporte son lot d’attentats, et que chaque bulletin d’information commence par les jours et heures des enterrements.

En de pareils moments, les gens se tournent vers les dirigeants, pour comprendre pourquoi le prix qu’ils payent est si eleve, quels sont les objectifs de la guerre, et par-dessus tout, quand tout cela finira. Que le Premier ministre n’ait aucune reponse sensee a ces questions est extremement frustrant. « Nous nous trouvons dans une guerre difficile, avec un ennemi brutal et assoiffe de sang », a-t-il dit lundi. « Nous devons leur causer des pertes et des victimes, afin qu’ils ressentent que le prix est eleve. Afin qu’ils comprennent qu’ils n’obtiendront rien par la terreur. Jusqu’a ce qu’ils comprennent, nous ne meneront avec eux aucune negociation. Nous ne ferons que les frapper ». Entre temps, le compte des morts s’alourdit, pour les Israeliens comme pour les Palestiniens.

Sharon propose aux gens de se montrer patients, et de ne pas perdre espoir,
et promet encore une fois qu’Israel gagnera, et qu’au bout du compte, il
retablira la securite. Ce sont des promesses vides, et le Premier ministre
ne peut pas continuer a tromper l’opinion. Il a dilapide le credit qui lui avait ete accorde par son election, en refusant de combiner l’usage de la force militaire avec un effort de recherche d’une solution politique. Sharon nous peint maintenant un faux portrait, celui d’une guerre pour notre existence, une guerre que nous n’avons pas choisie, et dont le seul et unique but est notre survie.

C’est de la tromperie. Ce n’est pas l’existence d’Israel qui est en jeu, mais l’existence des colonies, que Sharon a choyees et nourries pendant une
generation. Cette guerre, ainsi que le savent les officiers de Tsahal, les chefs des forces de securite, et toute personne sensee, n’a pas de solution militaire, et ne peut pas en avoir. Il faudra une solution politique, fondee sur la fin de l’occupation et l’etablissement d’un Etat de palestine a cote d’Israel. Mais cette perspective politique parait plus eloignee que jamais, et Sharon refuse d’ouvrir ne serait-ce qu’une petite fente d’espoir, pour les Palestiniens comme pour les Israeliens.

Il a dedaigne l’initiative saoudienne, et a violemment rejete la proposition du President egyptien Hosni Moubarak d’un sommet avec Yasser Arafat. En-dehors de son idee futile de zones-tampons, Sharon n’a pas genere la moindre idee politique susceptible de mener quelque part. Ainsi, Sharon continue son chemin, en profitant du soutien muet des ministres travaillistes, qui ont choisi de rejoindre son gouvernement brutal pour constituer une force de moderation. Il s’agit d’une collaboration honteuse, qui annule tout espoir en une alternative, et qui porte une ombre bien sombre sur les chances de ramener dans la region la sagesse et la raison.