Paris, le 5 février 2009
Cher Monsieur Warschawski,
J’ai découvert, en lisant votre article sur le site d’AIC (Alternative
Information Center) [lisible par exemple en traduction française [ici ]] , que vous étiez désormais l’Autorité morale à
laquelle il fallait s’adresser pour obtenir l’autorisation d’assister aux
cérémonies en souvenir des victimes de la Shoah.
Je ne savais pas qu’il y avait une Autorité morale pour cela, ni par qui
elle avait été choisie. Mais comme vous affirmez avec force : « Nous ne
sommes pas une « autre voix juive, » mais la seule voix juive capable de
parler au nom des saints martyrisés du peuple juif », et comme c’est
écrit très fort, ça doit être vrai. Je me soumets donc, Monsieur Warschawski, parce que je suis par nature soumis à toutes les Autorités.
Je dois avouer que j’ai été un peu surpris au départ, parce que je
croyais que ces cérémonies étaient ouvertes à tout le monde. Et puis, quand j’ai vu que vous aviez écrit aussi : « Et vous aussi, dirigeants de « La Paix Maintenant », pour qui la paix signifie une pacification de la résistance palestinienne par tous les moyens, y compris la destruction d’un peuple. A chaque fois que je serai présent, je ferai personnellement tout pour virer chacun d’entre vous de ces commémorations, parce que votre présence même serait un immense sacrilège », je me suis senti personnellement visé. Parce que, les dirigeants de La Paix Maintenant, j’en fais un peu partie
J’avoue, Monsieur Warschawski, avoir eu du mal à suivre le fil de votre
raisonnement, mais puisque vous m’en parlez : c’est vrai, je soutiens
très mollement la « résistance palestinienne » quand je suppose que
vous parlez du Hamas. Mais je plaide les circonstances atténuantes :
je crois que le Hamas ne m’aime pas beaucoup non plus.
Vous allez rire, Monsieur Warschawski, mais je milite pour une paix entre
Israéliens et Palestiniens dans la dignité, la sécurité et le respect mutuel des deux peuples. Je sais, c’est bête. En outre, mais je n’ai toujours pas compris le lien que vous faites entre les deux choses, j’ignore complètement ce que les morts que je viendrais commémorer auraient pensé de la situation au Proche-Orient. Mon frère, gazé à 4 ans, qu’aurait-il pensé aujourd’hui ? Je sais bien qu’en ce moment, on fait beaucoup parler les morts, mais vraiment, je pense que, surtout, il faudrait les laisser reposer en paix.
Tout ça pour dire, Monsieur Warschawski : j’ai une requête. Pourrais-je
avoir l’assurance que, si l’envie me prend d’aller pleurer mes morts et tous
les autres, qui étaient d’ailleurs tout sauf des « Saints », je ne risque pas de me faire « virer » par une quelconque Autorité morale, si Haute soit-elle, qui a décidé que ma présence constituerait un « immense sacrilège » et qui ferait « tout » pour cela ?
Je vous remercie par avance, Monsieur Warschawski.
Avec mon plus grand respect pour votre Haute Autorité morale,
Gérard Eizenberg
Membre du bureau de La Paix Maintenant