1/ Une majorité d’Israéliens en faveur du retrait
[->http://www.haaretz.com/hasen/spages/527141.html]
Ha’aretz, vendredi 14 janvier 2005
par Yossi Verter
Trad. : Tal Aronzon pour La Paix Maintenant
Le gouvernement de désengagement du Premier ministre Ariel Sharon bénéficie
du soutien d’une majorité d’électeurs, selon un sondage effectué mercredi à la demande [du quotidien] Ha’aretz.
Mené sous la direction du professeur Camille Fuchs, le sondage montre que la
majorité de la population – et en particulier les électeurs de gauche et du centre – soutient le nouveau cabinet et le plan de désengagement.
Le sondage a cependant montré que si 38% de l’opinion approuvent la mise en
œuvre du plan de désengagement, 38% appuient également un référendum sur la
question.
En réaction à ces chiffres, un porte parole du bureau du Premier ministre a
déclaré que Sharon reste vivement opposé à tout référendum, dont il estime qu’il ne ferait que creuser les division au sein de la population et favoriser la violence.
Le sondage, organisé après la formation du nouveau gouvernement, montre
qu’en cas d’élections en ce moment, le Shinouï (centre laïque) perdrait 4 de ses 15 sièges à la Knesset, alors que Yachad (gauche) se renforcerait, passant de 6 députés à 8. Le Likoud perdrait 3 de ses 40 députés, tandis que la représentation parlementaire des Travaillistes demeurerait inchangée, avec 19 sièges.
La popularité du Premier ministre est passée à 6.3 points (sur une échelle de 1 à 10), comparée au taux de 6.05 obtenu lors du précédent sondage mené pour Ha’aretz il y a deux mois. Sharon a réuni les meilleurs résultats de la part des électeurs travaillistes, qui lui ont accordé 6.9 points, contre les 6.72 qu’il a reçu des électeurs de son propre parti, le Likoud.
2/ Les opinions israélienne et palestinienne en faveur de deux Etats
Ha’aretz, 18 janvier 2005
[->http://www.haaretzdaily.com/hasen/spages/528457.html]
par Akiva Eldar
Trad : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Environ 54% des Palestiniens sont en faveur d’une solution à deux Etats sur
la base des lignes de 1967 avec corrections de frontières, et sans retour massif des réfugiés, ce qui confirme qu’il s’est produit un changement dans l’opinion palestinienne depuis le décès de Yasser Arafat.
Ces chiffres figurent dans une étude d’opinion à grande échelle auprès de
1.319 personnes, réalisée fin décembre. Ils contrastent avec un sondage
similaire effectué en décembre 2003, qui montrait que seuls 39% des
Palestiniens étaient en faveur d’un accord avec Israël.
Une étude parallèle réalisée en Israël sur un échantillon de 501 personnes (interviews en hébreu, arabe et russe) montre que 64% des personnes
interrogées sont aujourd’hui en faveur d’un accord de paix définitif, contre
les 47% qui soutenaient le même accord l’année dernière.
Marges d’erreur : 3% pour le sondage palestinien, 4,5% pour le sondage israélien.
Les sondeurs ont présenté aux personnes interrogées une série de
propositions qui s’inspirent des paramètres Clinton de 2000 et des Accords
de Genève de 2003, mais sans les nommer. La plupart des résultats des
sondages parallèles montrent une augmentation significative du soutien à la
réconciliation entre les peuples et à un accord de paix, et ce depuis que
Mahmoud Abbas a remplacé Yasser Arafat.
Le Dr Khalil Shikaki, qui dirige le Center for Palestinian Policy and Research (PSR) à Ramallah, a réalisé son sondage au cours des derniers jours de2004, alors que l’armée israélienne menait des opérations en Cisjordanie et à Gaza. Le Dr Yaakov Shamir, de l’institut Truman de l’Université hébraïque de Jérusalem, a réalisé son sondage avec la collaboration de l’institut Dahaf les 9 et 10 janvier 2005, en pleine crise des roquettes lancées sur Sderot.
voir le communiqué de presse du PSR et en particulier le tableau récapitulatif
Pour une reconnaissance mutuelle
Environ 63% des Palestiniens sont en faveur de la proposition selon laquelle, après la création de l’Etat de Palestine, et après que seront résolus les problèmes difficiles (dont les réfugiés et Jérusalem), soit publiée une déclaration reconnaissant l’Etat d’Israël en tant qu’Etat du peuple juif et l’Etat de Palestine en tant qu’Etat du peuple palestinien. Environ 35% des Palestiniens sont contre cette déclaration. En juin 2003, 52% étaient pour, et 46% contre.
Du côté israélien, 70% se sont prononcés pour la reconnaissance mutuelle, et
16% contre. En 2003, 65% étaient pour, et 33% contre.
Environ 63% des Palestiniens se sont dit tout à fait d’accord ou d’accord avec la proposition suivante : « l’Etat de Palestine sera créé sur toute la bande de Gaza et sur toute la Cisjordanie, à l’exception des grands blocs de colonies qui seront annexés à Israël, étant entendu qu’ils ne représenteront pas plus de 3% [du territoire]. Israël évacuera le reste des colonies, et les Palestiniens recevront en échange un territoire identique en taille contigu à [la bande de] Gaza. » Environ 35% se sont déclarés contre ou tout à fait contre cette formule.
En décembre 2003, 57% étaient pour, et 41% contre.
En Israël, la même proposition est soutenue par 55% des personnes interrogées, 43% se déclarant contre. En 2003, 47% étaient pour, et 50% contre.
Positions plus dures sur Jérusalem
Sur Jérusalem, les opinions se sont durcies des deux côtés. Du côté palestinien, 44% des personnes interrogées se sont déclarées pour, et 54% contre, un accord où « Jérusalem sera la capitale des deux Etats, Jérusalem Est capitale de l’Etat de Palestine et Jérusalem Ouest capitale d’Israël. Les quartiers arabes de Jérusalem, dont la Vieille Ville et Haram el Sharif / Mont du Temple, seront sous souveraineté palestinienne. Les quartiers juifs, dont le Quartier juif [de la Vieille Ville] et le Mur des Lamentations, seront sous souveraineté israélienne. »
En 2003, 46% étaient pour et 52% contre.
Du côté israélien, 39% sont pour et 60% contre (41% et 57% respectivement en
2003).
Solution pour les réfugiés
Le sondage révèle un changement majeur dans la position des Palestiniens
concernant les réfugiés. D’après les paramètres Clinton et les Accords de
Genève, la solution du problème serait fondée sur les résolutions 194 et 242
des Nations Unies, et prévoirait cinq possibilités parmi lesquelles les
réfugiés pourraient choisir : rester dans leur pays d’accueil actuel, retourner en Palestine, retourner en Palestine dans le cadre d’un échange de territoires, émigrer en Europe ou vers d’autres pays comme l’Australie ou le Canada, ou retourner en Israël, retour qui serait limité et contrôlé par Israël, Israël fondant sa décision à partir du nombre moyen de réfugiés qui émigreraient vers des pays comme l’Australie, le Canada et l’Europe. De plus, tous les réfugiés auraient droit à une indemnisation financière, fournie par un fonds international.
Le sondage de 2003 montrait que seules 25% des Palestiniens interrogés se
prononçaient pour cette solution au problème des réfugiés, alors que dans le
présent sondage, ce sont maintenant 46% qui se déclarent pour, et 50%
contre. Du côté israélien, 44% sont pour cette solution (35% en 2003).
Fin du conflit
Quelque 69% des Palestiniens interrogés soutiennent un accord qui comprendrait une déclaration mettant fin au conflit avec Israël, sans autre
revendication d’un côté comme de l’autre. L’année dernière, seuls 42% des
Palestiniens soutenaient cette déclaration, alors que 55% étaient contre.
Du côté israélien, 76% soutiennent une pareille déclaration, 23% y sont
opposés (respectivement 66% et 23% en 2003).
Une grande majorité de Palestiniens (61%) sont opposés à la proposition suivante : « l’Etat de Palestine en Cisjordanie et à Gaza n’aura pas d’armée, mais une solide force de sécurité, et il y aura une force multinationale pour garantir la sécurité des deux côtés. Israël et la Palestine s’engageront à mettre fin au terrorisme et à la violence des deux côtés. »
Seuls 27% des Palestiniens interrogés ont accepté cette proposition. En
décembre 2003, quand elle a été soumise pour la dernière fois (mais sans
l’élément de la force multinationale), 36% étaient pour et 63% contre.
Environ 53% des Palestiniens se disent favorables à la proposition suivante : « Israël aura l’autorisation d’utiliser l’espace aérien palestinien pour manoeuvrer, mais l’Etat de Palestine jouira de la souveraineté sur son espace aérien, sa terre et ses ressources en eau. De plus, deux stations d’alerte israéliennes seront établies en Cisjordanie pendant 15 ans, et une force multinationale demeurera dans l’Etat palestinien et sur les frontières pendant une période indéterminée. La fonction de la force multinationale est de veiller à l’application de l’accord, défendre
l’intégrité territoriale de l’Etat palestinien et surveiller les passages frontaliers, la Palestine étant démilitarisée. » 45% sont contre. En 2003, 23% y étaient favorables, et 67% opposés.
Du côté israélien, 61% soutiennent cette approche, alors que 37% sont opposés à la l’inclusion de cette proposition dans tout accord de paix définitif.