Par Ilan Rozenkier pour LPM
Photo: “Standing ovation” pour Ma’hmoud Abbas au Parlement européen
À l’approche de l’été, on aurait pu dans un accès de déraison espérer une éclaircie politique en Israël au plan de la sécurité intérieure ou de son positionnement international. Une relative baisse des attentats semblait se profiler, le Ramadan se déroulait sans hausse sensible de la tension, la normalisation avec la Turquie était sur le point d’aboutir, et les Etats-Unis commençaient la livraison des nouveaux avions de combat F-35 garants d’un avantage militaire au Moyen-Orient.
Mais la réalité d’une situation toujours fragile et potentiellement explosive est vite revenue au premier plan. Les attentats ont repris, plus meurtriers encore. Le nombre de Palestiniens «neutralisés», pas toujours à bon escient, est reparti à la hausse. Les déclarations irresponsables de Ma’hmoud Abbas devant le Parlement européen sur l’empoisonnement de l’eau destinée aux Palestiniens ont alimenté le manque de crédibilité de l’AP au sein de l’opinion publique israélienne. Son démenti est intervenu trop tard et sa formulation était trop confuse pour convaincre. La standing ovation que lui a réservée le Parlement européen n’a pas renforcé loin s’en faut l’initiative française ni renforcé l’UE dans sa volonté de s’impliquer dans le règlement du conflit israélo-palestinien.
Jamais en manque de prétextes, la droite israélienne en a profité pour relancer les constructions dans les territoires occupés. Les 200 000 unités d’habitation déjà construites n’ont pas fait reculer l’opposition des Palestiniens à accepter l’occupation. Qui peut raisonnablement croire que les 42 nouvelles habitations à Kiryat Arba annoncées en guise de représailles à l’odieux assassinat de Hallel Yaffa Ariel vont changer la donne? Les punitions collectives ne feront qu’exacerber le désespoir des Palestiniens, qui est l’un des terreaux du passage à l’acte. Le médecin palestinien, qui fut le premier à venir en aide à la femme et aux enfants de Miki Mark (d’Otniel),
le rabbin assassiné il y a peu, est lui aussi victime du blocus imposé à l’ensemble de la population palestinienne du secteur…
Mais ces constructions et celles décidées ultérieurement (800h logements supplémentaires dont 560 à Maâle Adoumim, en Cisjordanie, et 240 à Ramot, Har-‘Homah et Pisgat Ze’ev (colonies à la périphérie de Jérusalem sur des terres occupées lors de la guerre de 1967), vont dégrader la position internationale d’Israël au moment où le quartette vient de déposer son rapport – lequel dénonce à la fois le développement des implantations; et l’incitation à la violence de l’Autorité palestinienne. Ces nouvelles constructions ne permettront pas à Israël d’utiliser à son avantage cette condamnation de l’AP, dont on ne peut que déplorer le silence assourdissant au sujet du meurtre de Hallel. Lorsque le camp de la Paix israélien, au détriment de sa popularité mais au profit de son intégrité, assume sa réprobation de “bavures” et autres comportements inappropriés émanant des forces de sécurité israéliennes, il est en droit d’attendre une même prise de risques de la part de l’AP.
Une fois encore, une fois de plus, la preuve est faite qu’aucun de ces deux peuples ne jouit de la direction dont il aurait besoin, à défaut de la mériter, pour sortir de ce conflit qui n’a que trop duré et «ne cessera pas tant qu’on ne se parlera pas».