28 août 2008
Sources : diverses (beaucoup Ha’aretz quand même)
Abie Nathan est mort. Il avait 81 ans. Il a été à la fois un pionnier et un symbole. Dans les années 60, alors que la paix avec le monde arabe semblait en Israël un rêve impossible, il a représenté quelque chose de fort.
Abraham Jacob Nathan, né le 29 avril 1927 en Iran, élevé en Inde, pilote de chasse de la RAF, avait immigré en Israël en 1948, dès la création de l’Etat.
Il s’est fait connaître en 1966 en atterissant en Egypte à bord d’un vieux coucou, plus de 10 ans avant l’accord de paix avec l’Egypte. Son but était de rencontrer le président égyptien Nasser pour parler de paix. Il n’y est pas parvenu, mais ce vol l’a rendu célèbre. Il a représenté l’audace et le courage de ceux qui prennent la diplomatie à bras-le-corps sans la laisser aux diplomates.
Plus tard, il fonda la première radio pirate du Moyen-Orient, « Voice of Peace » (financée en partie par John Lennon), qui émettait depuis un bateau ancré au large de Tel Aviv, et qui fut un succès phénoménal, en particulier auprès des jeunes. Composés surtout de musique (il fut le premier à diffuser des chansons du Top 50 mondial), les programmes étaient en général en anglais, mais il y avait déjà des infos en arabe et en hébreu. Les anciens parmi nous se souviennent encore de la voix d’Abie qui ouvrait les programmes par ces mots : « Shalom, salaam and peace to all our listeners ».
Cette station de radio a émis pendant vingt ans. Dans son message inaugural, Abie Nathan disait : « Ce Bateau de la Paix est un projet du peuple. Nous espérons qu’à travers cette station, nous contribuerons à soulager les douleurs et les blessures qu’ont subies les gens pendant ces nombreuses années de conflit. »
Dans son combat pour la paix, il ne s’arrêta pas à l’Egypte. A une époque où tout contact avec l’OLP était interdit par la loi israélienne, il enfreint la loi à plusieurs reprises et fit pour cela de la prison. Ses grèves de la faim, pour faire pression sur les gouvernements israéliens afin qu’ils fassent des concessions à l’Egypte ou qu’ils parlent avec l’OLP, contribuèrent à son aura, convaincu qu’il était que les hommes seuls pouvaient réussir là où les politiques avaient échoué.
En-dehors de ses efforts pour la paix, il se consacra aussi à des causes humanitaires en apportant nourriture et équipements divers à des victimes de guerres ou de tremblements de terre, un peu partout dans le monde (Biafra, Cambodge, Nicaragua, Liban ou Congo ex-Zaïre).
Quand on lui demandait quelle inscription il souhaitait sur sa tombe, il répondait « Nissiti » (« J’ai essayé » en hébreu).
Salut Abie, shalom, salaam, peace, dans toutes les langues que tu voudras, and peace to all our readers.