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Arabic Media Internet Network, 21 septembre 2006
(diffusé par Common Ground News Service ([->www.commongroundnews.org])

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Les développements, aussi bien en Palestine que dans la région en général, ne laissent que peu d’options aux dirigeants palestiniens. L’état de dévastation dans lequel se trouvent les Territoires palestiniens ont atteint un niveau qui menace à la fois le Président palestinien et le gouvernement du Hamas.

Le nombre de problèmes non résolus est immense, et le gouvernement d’union nationale ne serait qu’un petit pas vers la fin de l’embargo international imposé aux Palestiniens et à leur gouvernement. Mais un accord entre Mahmoud Abbas et Ismail Haniyeh sur un possible gouvernement d’union est encore bien vague dans ses détails, et on est très loin d’aboutir.

Des deux côtés, l’accord est compris et interprété de manière très différente. Le Hamas a répété que cet accord n’indiquait pas de reconnaissance, implicite ou explicite, d’Israël. De plus, des représentants du Hamas ont également souligné que le « document de réconciliation des prisonniers », qui a servi de plate-forme aux récentes discussions entre le président et le Hamas, n’a été adopté qu’une fois qu’il a été amendé et que la mention du droit d’Israël à exister en a été supprimée.

Il en ressort que les conditions préalables posées par la communauté internationale qui exige du Hamas qu’il accepte les accords signés par l’OLP et les résolutions des Nations Unies, ont pour l’instant été mises de côté. Les représentants du Hamas cherchent à trouver des moyens de « s’accommoder » des conditions posées par la communauté internationale, sans nécessairement les accepter. Le Hamas a expliqué que les lignes directrices du gouvernement d’union en gestation, qui acceptent les décisions du sommet arabe de Beyrouth en 2002, revenaient à accepter le droit d’Israël à exister, mais qu’elles ne devaient pas être considérées comme une reconnaissance explicite d’Israël ni de l’occupation.

Cet accord, selon le Hamas, n’est pas en contradiction avec les principes ou les positions du Hamas. Ainsi, le Hamas continuera à promouvoir son propre programme, essentiellement autour des questions de la résistance et du refus de reconnaître Israël.

L’accord de gouvernement d’union nationale ne propose pas non plus de programme politique cohérent. Les déclarations des deux parties disent le contraire, en considérant le « document de réconciliation nationale des prisonniers » comme la base d’un consensus. Mais ce document ne peut pas être pris au sérieux en tant que programme politique. Il stipule simplement que les partis palestiniens doivent parvenir à, et formuler, un programme politique commun, sans autre précision.

Il semble aujourd’hui que la communauté internationale et certains Etats de la région aient exprimé leur mécontentement à l’égard d’un possible gouvernement palestinien d’union. L’Union européenne l’a qualifié de mesure positive, mais certainement pas du bout du chemin. Il faut donc s’attendre à ce que l’Union européenne oeuvre à améliorer la situation des Palestiniens, mais sans réellement lever les sanctions.

Certains Etats de la région ont également formulé leurs réserves et leurs inquiétudes face à cet accord, en particulier compte tenu du fait que le Hamas continuerait à diriger le gouvernement.

Israël n’a montré aucune intention de traiter avec un gouvernement dirigé par le Hamas. Cette position n’est pas éloignée de celle des Etats-Unis. Au cours de sa conférence commune au Département d’Etat avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, Condoleezza Rice a affirmé que les principes fixés par le Quartette représentaient la volonté de la communauté internationale. Elle a également déclaré : « Il est difficile d’avoir un partenaire pour la paix quand il n’accepte pas le droit de l’autre partie à exister. Il va sans dire qu’il est difficile d’avoir un processus de paix sans renoncer à la violence. »

La communauté internationale n’a pas assoupli sa position sur les quatre conditions préalables (auparavant, il n’y en avait que trois) pour que le gouvernement du Hamas obtienne une reconnaissance internationale : reconnaître Israël, renoncer au terrorisme, accepter les accords précédents signés avec Israël, et adopter l’initiative de paix saoudienne, une quatrième condition fixée par le Fatah et Mahmoud Abbas.

Le seul résultat important des pourparlers entre les deux partis a été, jusqu’à présent, le consensus trouvé pour remettre le dossier des négociations entre les mains du Président palestinien. Cela était d’ailleurs attendu, car toutes les parties en tirent bénéfice. La communauté internationale et Israël ont le même objectif, sans rapport avec la formation d’un gouvernement palestinien d’union. Rice a réitéré l’engagement des Etats-Unis à poursuivre les négociations avec Mahmoud Abbas, même une fois créé un gouvernement d’union nationale avec le Hamas : « C’est quelqu’un avec qui on peut travailler, et nous travaillons ». Dans la foulée, le Président a immédiatement déclaré que les affaires étrangères palestiniennes étaient de la seule responsabilité de l’OLP et de son président Farouk Kaddoumi.

Au cours de la même conférence de presse avec Rice, Tzipi Livni a dit qu’Israêl était désireux de négocier avec Abbas et que « la stagnation n’est pas la politique du gouvernement israélien. »

Du côté du Hamas, Haniyeh a proclamé que cela ne concernait pas le gouvernement palestinien : « L’OLP est responsable des négociations [avec Israël], pas le gouvernement. »

Malheureusement, ce petit progrès ne fera pas avancer les Palestiniens, et il sera inutile si les négociations ne sont pas menées avec un consensus plein et entier et avec un accord sur le processus de la part des Palestiniens. Il faudrait alors chercher une autre solution aux dilemmes internes palestiniens.

Aujourd’hui, le président Abbas n’a plus qu’une option : si un gouvernement d’union nationale n’est pas viable, il faut constituer un « gouvernement de salut national » sans le Hamas. Cette option est risquée, pour Abbas comme pour les Palestiniens. Le Hamas s’y opposera probablement, ce qui conduira à la guerre civile.

L’échec du système intérieur palestinien finirait alors par entraîner la communauté internationale à intervenir. Certains Etats de la région pourraient considérer leur intervention comme nécessaire et inévitable, mais cela changera-t-il quoi que ce soit? Il est difficile de faire des prévisions, mais pour le moment, il semble que toute tentative de redonner vie aux Palestiniens ressemblerait à une tentative de ressusciter un mort.