Aujourd’hui, les dirigeants de cinq organisations israéliennes qui soutiennent la solution des deux États ont remis une requête d’urgence au président du Parti résilience Israël, Benny Gantz, et au président du Parti travailliste, Amir Peretz, les exhortant à opposer leur veto à toute action du nouveau gouvernement visant à annexer des pans entiers de la Cisjordanie, ce qui aurait de graves conséquences pour l’avenir d’Israël.
De telles mesures unilatérales de grande envergure, si elles étaient prises par le soi-disant « gouvernement d’unité », iraient à l’encontre de ceux qui ont voté pour les partis Bleu-Blanc et Travailliste, estimant qu’ils défendraient une politique prudente à l’égard des Palestiniens. L’annexion ne violerait pas seulement les obligations internationales, mais compromettrait également l’avenir d’Israël en tant qu’État juif et démocratique, et mettrait en péril de manière critique les accords existants et l’harmonie régionale avec la Jordanie, l’Égypte et l’Autorité palestinienne.
Alors que les négociations visant à former une coalition se poursuivent, des lignes rouges doivent être tracées pour empêcher l’adoption d’un programme d’extrême droite.
Traduction : Bernard Bohbot pour LPM
Lire l’intégralité de la lettre adressée à MK Gantz :
(Une lettre identique a été envoyée à MK Amir Peretz)
Mis en ligne le 6 avril 2020
À l’honorable président du Parti résilience Benjamin Gantz
Sujet : Requête urgente d’arrêt des plans d’annexion par le prochain gouvernement
Salutations,
Nous, une coalition de chefs d’organisations israéliennes qui soutiennent la solution à deux États ainsi qu’un accord de paix entre Israël et les Palestiniens, vous prions d’arrêter immédiatement tout plan d’annexion et de garantir que, dans les accords du prochain gouvernement, il n’y aura pas d’annexion unilatérale de colonies et de territoires en Cisjordanie. Cet engagement doit être clair et fondé sur un accord de base vous garantissant à vous et aux membres de votre parti le droit d’opposer votre veto à une telle initiative.
D’après les rapports obtenus sur les négociations devant mener à la formation d’une coalition, il est à craindre que, derrière le rideau de fumée des tractations entre les deux partis, la droite a réussi à ajouter à l’accord de coalition une formule qui permettrait l’annexion de territoires grâce à une formulation vague permettant le libre vote ou l’abstention des partenaires de la coalition. Cela reviendrait à établir un gouvernement qui, pour la première fois dans l’histoire de ce pays, adopterait un programme d’extrême-droite promouvant l’annexion de territoires et de colonies en Cisjordanie.
La question des territoires occupés et des colonies reste une source majeure de controverse en Israël. Un gouvernement qui annexerait des colonies ne peut prétendre être un gouvernement d’unité. Il s’agirait plutôt d’un gouvernement de droite qui choisirait d’éliminer l’option d’une séparation politique en deux États, mettant en danger les accords existants entre Israël et l’Égypte, la Jordanie et l’Autorité palestinienne, sans oublier la violation de ses obligations internationales. À ce jour, tous les gouvernements israéliens, y compris ceux de droite, se sont abstenus de prendre des mesures d’une telle portée.
L’annexion des colonies doit être la ligne rouge interdisant à ceux qui soutiennent la paix et l’existence d’Israël en tant qu’État juif et démocratique de participer au gouvernement. Dans le contexte politique actuel, en donnant la liberté de vote ou en acceptant une formulation vague sur cet enjeu reviendrait pour le Parti de la Résilience d’Israël* à approuver la mise en œuvre des plans d’annexion de la droite.
Sans entrer dans les questions politiques et éthiques de l’entrée dans ce gouvernement, nous pensons que céder sur cette question primordiale sera pour des générations une épine dans le pied d’Israël, d’autant plus si Résilience d’Israël participe à un gouvernement mettant à exécution le projet d’annexion. Les électeurs de Bleu-Blanc vous ont choisi, croyant que vous feriez avancer un processus de paix avec les Palestiniens menant à une solution à deux États. Nous pensons que vous avez l’obligation historique de protéger la perspective de paix ainsi que la pérennité d’Israël en tant qu’État juif et démocratique – et non d’être signataire de sa destruction.
Nous espérons tous que, sur cette question cruciale, vous et les membres de votre parti serez vigilants et empêcherez toute annexion et toute initiative qui nuirait aux chances de concrétiser la solution de « deux États pour deux peuples ». Nous espérons également que vous travaillerez avec le gouvernement pour faire avancer un processus politique permettant de réaliser cette vision.
Sincèrement,
Yariv Oppenheimer – Directeur de la coalition des deux États
Gadi Baltiansky – Préésident de l’Initiative de Genève
Dr. Nimrod Goren – Directeur de Mitvim, l’Institut israélien de politique régionale et étrangère
Shaqued Morag – Président de Peace Now
Ori Kol – Fondateur et directeur de Mehazkim
*Hosen L’Yisrael : Parti de la Résilience d’Israël, parti centriste fondé en décembre 2018 par Benny Gantz, renommé Bleu-Blanc en vue des élections législatives israéliennes de 2019.