«Roger Cukierman a réussi le tour de force de mettre les institutions juives en porte-à-faux vis à vis de la France démocratique, celle qui a défilé le 11 janvier dernier, celle qui nous a réchauffé le cœur après de longues années de froideur d’un isolement relatif et, simultanément, vis à vis de nombre de Français musulmans qui n’en peuvent plus», écrit Ilan Rozenkier en conclusion d’un blog paru dans le Times of Israel du 24 février. Et de condamner, au nom de La Paix Maintenant, des «propos approximatifs qui ne peuvent que heurter la sensibilité de tout Français doté d’une once de bon sens».
Mais quelle mouche a donc piqué Roger Cukierman? Depuis quand un responsable (et pas n’importe lequel…) et son parti n’ont-ils rien à voir l’un avec l’autre et réciproquement ? Cette “empathie compréhensive” s’applique-t-elle aux autres dirigeants ou meneurs de l’axe “vert-rouge-brun”?
C’est d’autant plus incompréhensible que Dominique Reynié, le
directeur général de la Fondapol (Fondation pour l’innovation politique) a bien montré que la société française comprend trois foyers très puissants d’expression de l’antisémitisme. Dont, en premier lieu, les proches du Front national et les électeurs de Marine Le Pen en 2012 ; puis, les Français musulmans ; enfin, dans une moindre mesure, les proches du Front de gauche et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2012.
Roger Cukierman a également indiqué que les actes de violence antisémite étaient le fait de jeunes issus de la communauté musulmane. Tous ? Quid des profanateurs du cimetière de Sarre-Union?
Notons que l’actuel président du CRIF, s’il est revenu nonens volens au dîner annuel de cette institution et en présence du président de la République sur ces propos pour le moins inattendus et a déconseillé le vote frontiste, a enfoncé le clou en ce qui concerne les jeunes musulmans – seuls mis en cause, contre toute réalité, dans les manifestations d’antisémitisme.
C’est ainsi qu’il a regretté sans la comprendre l’absence au dîner du Crif de deux dirigeants de la communauté musulmane sur les trois qui y étaient invités. Parmi lesquels Dalil Boubaker, recteur de la grande mosquée de Paris, avec lequel les liens tissés sont profonds et anciens…
Les propos réïtérés de Roger Cukierman risquent de laisser une trace durable et pour le moins négative, dans une période où l’on a plus que jamais besoin d’unir toutes les forces contre la montée des violences.