Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Plus dures seront les mesures qu’ordonnera Ariel Sharon en réponse à l’attentat suicide le plus meutrier depuis le début de l’opération massive de Tsahal en Cisjordanie, et plus il risque de faire le jeu des Palestiniens, en particulier celui des mouvements radicaux, et de son adversaire juré, Yasser Arafat.

Des officiers importants de Tsahal ont dit que l’explosion, où un kamikaze du Hamas a tué 15 personnes à l’aide d’explosifs puissants qui ont devasté une salle de billard à Rishon leTsion mardi soir, servait à confirmer les assertions répétées du premier ministre selon lesquelles Arafat ne serait jamais un partenaire dans des négociations de paix, et que l’Autorité palestinienne a été un fer de lance, et non un frein, pour le terrorisme palestinien.

Dans la réalité du Moyen-Orient, qui ressemble à un miroir brisé, si le terrorisme a semblé servir uniquement à renforcer le jeu de Sharon qui consiste à resister à toute initiative de paix, et à lancer de grandes offensives militaires, la politique du premier ministre, destinée à isoler, délégitimer et réduire Arafat a tout simplement, et à elle toute seule, réinventé Arafat dans le rôle de héros de son peuple.

Arafat, qui jusque récemment était tourne en ridicule dans son propre camp pour la corruption et l’incompétence de son administration, a émergé de son isolation imposée avec une innocence retrouvée.

En meme temps, l’opération Rempart, lancée fin mars après une série sans précédent d’attentats suicides contre Israël, a acquis dans la mythologie nationale palestinienne un statut immortel, et est devenu un exemple indépassable de resistance face à une force militaire écrasante.

Sharon, furieux, interrompant les conversations prévues à Washington après avoir appris la nouvelle de l’attentat, juste avant de rencontrer George Bush, a lâché quelques mots, tenant Arafat pour responsable de l’attentat. « Qui en appelle à des millions de martyrs est coupable. Qui incite constamment à la violence est coupable. Qui finance le terrorisme est coupable. Qui envoie la terreur est coupable ».

« Israël ne pliera pas devant le chantage à la terreur », a continue Sharon, faisant allusion à une expulsion possible d’Arafat, en même temps qu’à une reprise des actions militaires sur une grande échelle dans les territoires, comparables à l’opération Rempart.

« L’opération a donné d’énormes résultats, mais notre travail n’est pas terminé. Le combat continue, et continuera jusqu’à ce que ceux qui croient qu’ils peuvent gagner quelque chose par la terreur cessent d’exister – cessent d’exister ».

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Pour en revenir au thème de l’auto-destruction qui marque le conflit depuis des dizaines d’années, le timing de l’attentat de Rishon ne pouvait pas être plus mauvais pour l’Autorité palestinienne, qui tente de recouvrer une crédibilité grandement mise à mal auprès de l’administration Bush.

Selon certains rapports, des officiels de l’Autorité palestinienne furieux ont dit à certaines personnalités du Hamas que leur mouvement avait servi les intérêts d’Israel par cet attentat, probablement lancé depuis Gaza, non touchée par l’opération Rempart.

En fait, suggère Zeev Schiff, éditorialiste de Haaretz, « il est possible que ce que le Hamas veut vraiment, c’est que nous entrions à Gaza ».

Israël doit maintenant faire un calcul global et savoir ce qu’il veut réellement obtenir par une nouvelle offensive dans les territoires. « Nous sommes dans une guerre d’usure », dit Schiff. « Israel ne doit pas foncer tête baissée. Cela doit etre planifié avec intelligence, avec le minimum de victimes, et des cibles très spécifiques ».

La dernière chose dont Israël ait besoin, conclut Schiff, est de « tout détruire, provoquant un chaos total sans raison ».

En meme temps que des appels à une action plus violente contre les Palestiniens, l’attentat a aussi gagné de nouveaux soutiens à la cause d’une clôture entre Israël et les zones administrées par les Palestiniens, une mesure combattue par la droite qui craint que la clôture ne devienne une frontière de facto entre Israël et les territoires.

Le general (de réserve) Danny Rothschild, ancien responsable de la politique israélienne dans les territoires : « si les les kamikazes continuent à se faire exploser dans les clubs et dans les bus, et si on va vers un Rempart 2, 3, 10, ou même 16, rien n’en sortira ».

« Nous n’avons pas de réelle alternative », dit Rothschild. « Nous devons élever une barrière, évacuer les colonies de l’autre côté, et dire aux Palestiniens : « les gars, on fait ce qui est bon pour nous. Quand vous serez prêts à parler d’un accord, on le fera. En attendant, on s’occupe de nous ».