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Ha’aretz, 30 janvier 2007

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Quelques minutes seulement après que le kamikaze eut pénétré dans une boulangerie, seul commerce ouvert dans ce quartier résidentiel endormi d’Eilat, quelques minutes seulement après qu’il se fut explosé et réduit en pièces détachées trois personnes innocentes, le Jihad islamique avait son explication toute prête.

L’attentat était destiné à contribuer à mettre fin à plusieurs semaines de combats interpalestiniens qui ont fait 60 victimes palestiniennes dans la bande de Gaza depuis décembre. L’agence Associated Press citait là un site web du Jihad.

Pour que personne ne s’y trompe et ne prenne un attentat suicide pour un acte pervers, l’assassinat de non combattants pour quelque chose d’anormal, qui nuit à la cause palestinienne aux yeux du monde, qui pourrait faire passer tous les Palestiniens pour des assassins de gens innocents, qui fasse reculer la cause de l’indépendance palestinienne de plusieurs années, qui tienne éloignée de Gaza l’aide internationale à des gens qui en ont désespérément besoin, le Jihad tenait prête une formule choc :

L’attentat, a dit l’un des hauts dirigeants du Jihad islamique, Khaled al-Batsch, est « une réaction naturelle aux crimes continuels que commet l’ennemi sioniste. »

Naturelle…

Comme il est naturel de dire au Hamas et au Fatah : « Embrassez-vous Folleville et tuez les Juifs. »

Le Hamas a parfaitement perçu l’évidence. Il a applaudi l’attentat et choisi lui aussi le thème de la Nature. Pour le porte-parole du Hamas Fawzi Barthoum, c’est une réaction naturelle à la politique militaire israélienne en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ainsi qu’au boycott du gouvernement Hamas. « Tant qu’il y aura occupation, la résistance est légitime, a-t-il dit, en ajoutant que les attentats contre Israël étaient préférables aux combats dans les rues de Gaza entre les milices du Fatah et du Hamas : « La meilleure chose à faire pour le Fatah, c’est de retourner ses fusils contre Israël, et non contre le Hamas.« , a-t-il dit.

Vous devinez probablement la suite.

Le porte-parole du Fatah Ahmad Abdul Rahman a condamné l’attentat en déclarant : « Nous sommes contre toute opération qui cible des civils, israéliens ou palestiniens. »

Alors, je vais me contenter de dire ce qui suit : Israël n’a jamais conçu, ni à Dimona, ni dans ses usines souterraines d’armement, une arme aussi puissante contre le mouvement national palestinien que les kamikazes palestiniens.

Et allez-y de vos commentaires auto-congratulateurs sans fin, vous les partisans d’un Etat palestinien en Australie, en Nouvelle-Zélande, à Berkeley, de tous ces endroits où les Blancs comme vous ont exterminé les populations indigènes en toute impunité, et volé la terre sur laquelle votre Empire a été bâti.

Je soutiens un Etat palestinien, pas moins que vous. Mais si vous faites passer votre défense passionnée des attentats suicides pour une tactique nécessaire, ou une réaction « naturelle », c’est cela qui sera retenu, et vous attendrez l’avènement d’un Etat palestinien beaucoup plus longtemps que ne devraient l’attendre les Palestiniens.