La synthèse de Blandine Le Roy
Les auteurs font le point sur le plan quinquennal adopté par le gouvernement israélien en 2016 pour le développement économique de la population arabe en Israël.
« Sur le terrain, il y a des progrès notables dans les domaines essentiels bien qu’il soit encore trop tôt pour distinguer les tendances réelles de l’économie (…) L’objectif de ce plan est d’intégrer les Arabes dans le tissu social et économique israélien, ce qui ne peut être atteint si on ne cesse pas les actions visant à les en exclure. »
Le budget de ce plan quinquennal (2016-2020) est de 15 milliards de NIS et couvre une quinzaine de domaines de développement. Sa mise en œuvre se fait en coopération entre le gouvernement et les dirigeants arabes.
En 2016, première année de cette mise en œuvre, les auteurs font le point de l’avancement du programme après avoir précisé les sommes allouées : plus de 3 milliards de NIS en 2016 et 2 milliards de NIS supplémentaires en 2017.
Ils relèvent six séries de points positifs :
1. L’autonomisation des autorités locales arabes et le renforcement de ces localités dans le but d’assumer la mise en œuvre du programme. 16 autorités arabes ont bénéficié de 25 millions de NIS supplémentaires pour accélérer le développement des compétences en planification et en gestion. Après avoir soumis leur plan au ministère de l’Intérieur, les autorités locales attendent son approbation ; certaines d’entre elles se plaignent de la lenteur des autorisations budgétaires, de leur indépendance limitée et du manque de souplesse dont elles disposent pour réaliser leur plan.
2. Le logement : 700 millions de NIS, soit une grande partie du budget, sont destinés à la construction privée et publique et aux espaces verts. Selon les prévisions, 4 000 nouveaux logements pourraient être commercialisés en 2017 et des dizaines de nouvelles institutions devraient être construites d’ici mi-2018.
3. Les transports et l’accessibilité : en raison des déficiences des infrastructures dans ce domaine, 1 milliard de NIS a été investi dans ce projet afin d’encourager l’emploi éloigné des lieux de résidence et d’améliorer l’accès aux transports publics dans les villes arabes et le long des principales routes nationales.
4. L’emploi : 21 centres d’orientation professionnelle ont été créés et 10 000 personnes y ont déjà été formées dont 60% de femmes. 114 millions de NIS ont été investis dans la construction de garderies d’enfants. Des aides supplémentaires ont été accordées pour développer les zones d’emploi locales, pour subventionner les employeurs qui embauchent des travailleurs arabes, pour développer les exportations.
5. L’éducation : l’investissement est dirigé vers la construction d’écoles et vers une amélioration de la qualité de l’enseignement ; vers la promotion de l’enseignement informel et de l’enseignement supérieur.
6. Le renforcement de la sécurité personnelle : face aux graves problèmes de violences, 100 policiers musulmans ont été recrutés et 200 millions de NIS ont été alloués pour créer au cours des deux premières années dix postes de police dans les villes arabes.
Ce programme rencontre des obstacles et des contraintes que pointent les auteurs :
– L’enchevêtrement de la bureaucratie gouvernementale retarde certains programmes, ce qui a un impact négatif sur la confiance des maires arabes. Un comité interministériel de pilotage a été nommé et s’est réuni quatre fois pour accélérer les processus.
– La division en sous-secteurs : un certains nombre de programmes séparés et parallèles ont été élaborés (ex : Bédouins du sud, Bédouins du nord, Druzes) et gérés par le ministère ou d’autres organisations, ce qui entraîne des complications bureaucratiques et des malentendus.
– Des obstacles administratifs au sein des autorités locales arabes : la déficience organisationnelle, due à un manque de formation et parfois à la culture tribale, est l’obstacle le plus difficile. Des coordinateurs pour le développement économique seront nommés l’année prochaine.
Les auteur constatent que « la meilleure preuve de progrès dans la mise en œuvre du plan quinquennal est le silence retentissant sur ce sujet important de la part des dirigeants arabes d’Israël. […] Malgré les obstacles, le programme semble aller dans le bon sens, en partie grâce au soutien et à l’engagement des échelons gouvernementaux professionnels sous la direction énergique et ciblée du ministère des Finances et du ministère de l’Égalité sociale. Sur le terrain, il y a des progrès notables ».
Les auteurs n’hésitent pas à émettre plusieurs recommandations, notamment de ne pas tarder à planifier la deuxième phase du plan quinquennal en fonction des leçons déjà tirées de la mise en œuvre initiale.
Et les auteurs de conclure : « Enfin, la réalisation de l’objectif consistant à intégrer les Arabes dans le tissu social et économique d’Israël ne saurait aboutir sans en finir avec les actions visant à leur exclusion. L’allocation des budgets, si importante soit-elle, ne sera pas suffisante, à moins qu’elle ne s’accompagne d’une approche et d’une politique gouvernementale plus inclusives. »