Tout ou presque en Israël est paradoxe. Prenez la Gay Pride. Alors que Tel-Aviv était en pleine préparation de cet événement dont la notoriété dépasse de loin les frontières du pays, à quelques encablures de là, l’université Bar-Ilan interdisait la tenue sur le campus d’une animation s’y rapportant. On savait que l’éducation ne recoupe pas forcement l’intelligence. Mais on reste sidéré par des propos tenus au cours de la polémique qui s’ensuivit » Et si demain les pédophiles à leur tour voulaient organiser quelque chose sur le campus ». Heureusement , avec ou sans intervention divine (il s’agit d’une université religieuse), la raison a fini par l’emporter et l’interdiction a été levée.
Par ailleurs, le vendredi 29 mai, se déroulait à Jérusalem – dans une tenue pour certaines particulièrement dépouillée – la « marche des salopes » (Slut Walk) pour protester contre les violences sexuelles en Israël et à travers le monde. Le choc des cultures…
Moins paradoxale cependant – et pourtant surprenante dans un pays de grande liberté de pensée et d’expression – l’inquiétante offensive concertée de la droite extrême au gouvernement contre les institutions culturelles « mal pensantes ». La ministre de la Culture l’a dit sans ambages : «Nous avons gagné, vous avez perdu.» La défaite a un prix et elle entend bien le faire payer, de même que N. Bennett. Il a décidé, au même moment, de ne plus subventionner les projets culturels des écoles qui seraient «contraires aux intérêts du pays». Première touchée, une troupe arabe… comme par hasard.
Dérive porteuse de nuées et qui n’est pas sans rappeler l’arrivée, ici, au « pouvoir municipal » du FN… Encourageante, la mobilisation du forum israélien des institutions culturelles qui a appelé à une réunion d’urgence de ses membres. Prenons-y garde, on commence par s’attaquer à la liberté de création puis, ensuite, à la liberté tout court.