Haaretz, 20 février 2002
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Les chiffres de l’économie et du chômage publiés hier sont très graves. Le
chômage a atteint le chiffre record de 258.600 sans emploi dans le dernier
quart de l’année 2001, ce qui représente 10,2% de la population laborieuse,
tandis que les demandeurs d’emploi sont maintenant 209.300 en janvier,
chiffre record également. Le chômage n’a pas seulement augmenté, il s’est
aussi étendu : en janvier 2002, 24 agglomérations comptaient plus de 10% de
chômeurs, contre 15 en 2001. Ce niveau de chômage est le résultat direct de
la récession. Dans le dernier quart de l’année 2001, la production intérieure a baissé de 7,2%, et la production commerciale de 12%. Des baisses de la même ampleur ont concerné l’investissement et la consommation intérieure.
Quand de tels chiffres sont publiés, il s’ensuit une série de reactions automatiques. Les politiciens de droite et de gauche sont choqués. Le président de la Histadrout (centrale syndicale, ndt), Amir Peretz, a réclamé la constitution d’une équipe spéciale pour lutter contre le chômage, et le président du Syndicat des Industriels, Oded Tirah, a publié une série de recommandations destinées en grande partie à aider les industriels. Mais personne n’ose toucher à la véritable raison de la crise : le conflit mortel entre Israël et l’Autorité palestinienne.
La crise économique mondiale, qui a commencé par l’éclatement de la bulle de
la « nouvelle économie », et qui s’est approfondie après les attentats terroristes aux Etats-Unis, secoue l’économie israélienne. Il est évident qu’un petit pays ne peut influencer des tendances de caractère aussi global. Mais Israël ne fait rien non plus pour forger son propre destin là ou il le peut. Les dirigeants continuent à sacrifier au culte de la colonisation dans les territoires, même quand il est clair que le prix de cette obstination est un désastre, politique, militaire et économique.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes à ceux qui veulent voir : après les accords d’Oslo signés avec les Palestiniens en 1993, Israël a connu une période de croissance, y compris une croissance des investissements étrangers sans précédent. Le chômage a chuté de 11% à moins de 6,5%, à une epoque où l’immigration venue de l’ex-URSS était au plus haut, et où plus de 200.000 travailleurs étrangers s’établissaient en Israël. Il y avait du travail pour tout le monde. Mais quand Israël apparaît sur les écrans de television comme un Etat frappé par la terreur, comme au moment des attentats en 1996, pendant le conflit autour du tunnel à Jérusalem sous Netanyahou, et, bien entendu, depuis 16 mois, le résultat est clair : la récession et la montée du chômage.
Depuis un an, il est devenu de plus en plus évident qu’il est impossible de conduire une politique économique normale, alors que les ressources de l’Etat sont tournées vers la perpétuation de l’occupation et des colonies en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Le véritable remède à la crise sera trouvé quand Israël affrontera les causes de fond du conflit avec les Palestiniens. Seul un effort déterminé de parvenir à une réconciliation entre les deux peuples, sur la base de la fin de l’occupation et de la création d’un Etat palestinien à côté de l’Etat d’Israël, peut apporter la paix et la prosperité. Ceux qui promettent la paix, la sécurité et la prosperité en gardant les territoires, trompent l’opinion.