L’exaspération à l’encontre de Nétanyahou semble croître en Israël. C’est une bonne nouvelle ! Moins bonne cependant est celle des motifs de ce désenchantement. C’est moins sa ligne politique qui serait remise en question par une majorité de l’opinion publique israélienne que son implication dans des affaires douteuses et sa dérive éthique.
Nétanyahou n’est pas resté inactif face à la désaffection dont il fait l’objet et, ancien des commandos, il est passé à la contre-attaque. Il fait feu de tout bois contre les journalistes et la gauche, responsables de tous les maux ; accusés de lui imputer des turpitudes imaginaires ; de gonfler un dossier qui serait désespérément vide. Celui qui ne porte aucune responsabilité morale dans l’assassinat d’un Rabin qu’il a “tué” de ses mots, avant que d’autres ne se chargent de poursuivre et terminer le travail, devrait pourtant se souvenir qu’on n’accuse ni ne s’allie en vain !
Ainsi, la gauche et le camp de la paix, impuissants à mobiliser les votes pour une politique alternative, auraient réussi à convaincre Nétanyahou d’accepter de quelques milliardaires des prébendes et d’intervenir en leur faveur au reçu de ces cadeaux ; Ils seraient parvenus à convaincre l’un de ses « plus proches » de travailler, en contrepartie d’une mer d’argent, pour une compagnie allemande à laquelle Nétanyahou a fait acheter des sous-marins versus un montant faramineux ; Ils seraient aussi parvenus à appâter ce même Nétanyahou afin qu’il fasse des propositions pour le moins étranges à un puissant homme de presse faiseur d’opinion ; Ils auraient rusé avec succès pour qu’il nomme un directeur de cabinet, un “infiltré”, qui viendrait par la suite déverser sur son compte des torrents d’ignominies.
La gauche et le camp de la paix, toujours eux, auraient obtenu du directeur du ministère de la Communication qu’il prenne des mesures favorables à l’un des proches de Nétanyahou alors que ce dernier était en charge de ce même ministère ; Plus perfides encore, ils auraient convaincu son épouse et son fils d’adopter des comportements pour le moins problématiques qui ne servent sans doute pas son image ; Cerise sur le gâteau, cette gauche et ce camp de la paix tant honnis auraient, impensable et impossible, manipulé Nétanyahou afin qu’il nomme un chef de la police et un conseiller juridique du gouvernement (après en avoir été le directeur général) aujourd’hui sur le point de recommander l’ouverture d’une procédure à son encontre … *
La preuve est donc faite que ces impuissants de la politique seraient des génies de la manipulation. Difficile à croire ! Quoi qu’il en soit, Nétanyahou reste encore en piste. Lorsqu’il sortira du jeu politique, et il en sortira, le plus compliqué restera à accomplir : transformer son échec éthique en défaite politique. Que la désaffection à son encontre ne s’inscrive pas dans la lignée de ces anciens Premier ministre ou président israélien – sorti tout juste de prison pour l’un, encore détenu pour l’autre – mais se mue en adhésion à une autre politique, de justice sociale et de recherche incessante d’un accord avec les Palestiniens sur la base de 2 peuples / 2 États …
Une éthique collective, en quelque sorte !
Caricature : Amos Biderman, Ha’Aretz , 6 août 2017. [DR]
Note : * Tout l’argumentaire qui précède s’inspire d’un message Facebook de Yariv Oppenheimer, ancien secrétaire général de Shalom Akhshav.