Ha’aretz, 22 octobre 2008
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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
On aurait pu attendre des leaders des colons, y compris de rabbins importants, une condamnation plus véhémente de leurs voisins juifs qui incarnent l’occupation dans ce qu’elle a de plus dégoûtant. Mais ce sont les autorités occupantes qui, à la fois sur le plan officiel et sur le plan moral, ont la responsabilité de veiller au bien-être de la population palestinienne. Toutes les attaques [de colons contre des Palestiniens lors de cueillettes d’olives, ndt] ont eu lieu dans les zones B et C, que les accords d’Oslo ont placées sous la seule responsabilité d’Israël en matière de sécurité. Le président Mahmoud Abbas a eu parfaitement raison de dire qu’Israël n’a pas rempli son devoir en ne protégeant pas les agriculteurs palestiniens des colons.
Les forces israéliennes de sécurité connaissent l’identité des chefs émeutiers et savent où les heurts se déroulent : au sud des collines de Hebron, à Tel Rumeida et dans le centre de la Cisjordanie du Nord. Le moment de la cueillette n’est pas non plus exactement un secret militaire. Et pourtant, cette année aussi (comme tous les ans), de petits groupes arrivent à se rendre dans les oliveraies où ils cognent, volent, puis s’en retournent chez eux sains et saufs. Nul besoin de chercher à deviner comment les mêmes forces de sécurité auraient traité des Palestiniens ou des militants pour la paix qui auraient osé lever la main contre un colon ; allez voir du côté des manifestations contre le Mur à Bil’in ou à Na’alin.
Ehoud Barak, le ministre responsable de l’armée, souveraine dans les territoires occupés, a dit lundi lors d’une interview où il condamnait le harcèlement des cueilleurs d’olives par les colons, que l’armée faisait un « suprême effort » pour faire en sorte que les cueillettes aient lieu. Mais le ministre s’est en même temps abrité derrière des prétextes douteux : « Il y a des centaines de sites, il n’est pas possible d’être partout à la fois. » Il serait intéressant de connaître la réaction de Barak s’il s’était agi de Palestiniens qui discutent d’éventuelles attaques contre des colons ou des soldats.
Dans la même interview, Barak disait que les dirigeants palestiniens étaient incapables de prendre les décisions nécessaires pour parvenir à un accord de paix définitif. Au lieu de s’en prendre à la capacité de décision des Palestiniens, Barak aurait mieux fait d’en profiter pour devenir le premier vice-premier ministre à prendre la décision de faire respecter l’Etat de droit dans ce qui relève de sa compétence et de se donner les moyens de le faire. De leur côté, la police israélienne et le Shin Bet ne doivent plus, eux non plus, tolérer les agissements honteux des colons qui attaquent les cueilleurs d’olives palestiniens.