Pour la troisième fois en moins d’un an, Israël se dirige vers des élections. Il s’agit là d’une conséquence inutile du fait que certains politiciens n’ont pas mis de côté leurs ambitions personnelles pour privilégier le bien du pays. Cet ordre de priorité sape la confiance des Israéliens dans le fonctionnement de leur démocratie, outre le fait que le prix économique à payer soit tout bonnement ahurissant. Selon les estimations, ces trois élections auront coûté à Israël 3,5 milliards de dollars, soit à peu près le montant annuel qu’Israël reçoit en aide militaire américaine, alors que le système éducatif est en crise comme en témoignent les données de l’enquête PISA 2019 publiées il y a peu par l’OCDE, que le dispositif de santé prend l’eau de partout, que prés d’1 habitant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté dans un Israël qui est, par ailleurs, une « start-up nation » et dont plusieurs indicateurs macroéconomiques sont enviés par nombre de pays occidentaux.
Mais les choses étant ce qu’elles sont, Shalom Akhshav en Israël a fait connaître son intention de profiter de cette opportunité pour remettre la paix à l’ordre du jour. Certes, au cours de l’année écoulée, à l’occasion des épisodes électoraux qui l’ont scandée, les partis politiques ont quelque peu, progressivement, clarifié leurs visions quant à la manière dont Israël devrait entretenir ses relations avec les Palestiniens et œuvrer à la résolution du conflit. Mais ces éclaircissements, qu’on les partage ou qu’on les combatte, sont loin d’être suffisants compte tenu de l’importance de la thématique. L’aversion des candidats à discuter de cette question existentielle par crainte d’être « marqués » et ne pouvoir rassembler suffisamment large pour l’emporter a été particulièrement frustrante pour ceux qui s’identifient au camp de la paix. Il s’agit sans conteste tout à la fois d’une énigme et d’un échec de ceux qui veulent voir Israël reprendre son destin en main.
Pourtant, il y a eu quelques avancées qui restent malgré tout insuffisantes. En avril, Shalom Akhshav / Peace Now a souligné l’importance du 40e anniversaire du Traité de paix entre l’Égypte et Israël en insistant sur le message » Des dirigeants courageux font la paix « . Leur vidéo a été visionnée par plus d’un million d’Israéliens et diffusée par la télévision nationale. Des candidats de gauche, de droite et du centre ont repris cette campagne, tel Benny Gantz qui a fait écho à ce slogan lors de la convention annuelle de l’AIPAC fin mars à Washington. D’autres leaders s’en sont démarqués, tel Naftali Bennett qui a publié sa propre vidéo en opposition. Quelle que soit la réaction, ces débats et échanges de vues sur le sujet le plus important pour l’avenir d’Israël, sont saints et doivent être encouragés afin d’éclairer les électeurs et qu’ils fassent leur choix en pleine connaissance.
Depuis les élections de septembre, une controverse quant à l’annexion potentielle de la vallée du Jourdain par Israël a donné lieu à l’amorce d’une véritable discussion sur les raisons pour lesquelles il n’est pas dans l’intérêt d’Israël de soutenir le programme de colonisation. De même, la question d’un éventuel traité de défense commune avec les USA a été l’occasion d’échanges parfois intéressants sur la stratégie militaire et sécuritaire d’Israël.
Mais selon Peace Now, l’ampleur de ces débats et la prégnance de ces questions restent notoirement insuffisantes. Puisque le monde politique refuse de s’en emparer pour de multiples raisons, c’est à la société civile qu’il incombe de suppléer à ces lacunes et de remédier à la frilosité, si ce n’est la lâcheté, des politiques.
Jusqu’aux prochaines élections, Peace Now entend engager une campagne de communication visant à l’insertion de la question palestinienne et de la solution à deux États dans le débat national. Les politiciens, quelle que soit leur appartenance, ne doivent plus pouvoir se permettre d’éviter ce qui est vraiment essentiel.
L’immunité de Netanyahu importe moins que la sécurité d’Israël. Le peuple israélien « vaut » bien un leadership qui a le courage de le mener vers un accord mettant fin au conflit. Nous serons au côté de ceux qui se refusent à ce qu’une solution politique soit retardée d’année en année et entendent pour ce faire agir maintenant.
AIDEZ-NOUS À LES AIDER.
Publié le 16 décembre 2019