Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Le Parlement Européen, réuni hier a Strasbourg, a decidé de recommander aux
15 Etats membres de l’Union Européenne d’imposer à Israël des sanctions
économiques et, en particulier, de suspendre les accords d’association avec
Jérusalem. Le Parlement a appelé à imposer un embargo sur les livraisons
d’armes vers Israël et l’Autorité palestinienne.
Cela fait deja quelque temps que des responsables politiques européens
menacent de suspendre les liens économiques avec Israël, une mesure qui, à
la lumière des relations importantes et étroites entre les Etats membres de l’UE et Israël, pourrait causer un dommage important.
Cette semaine, le ministre des Affaires étrangères belge Louis Michel, qui ne manque pas une occasion de provoquer Israël, a déclaré que l’UE reconsidérerait une fois de plus ses relations avec Israël. Le Président de la Commission européenne Romano Prodi a exprimé la même opinion : à son avis, l’UE devrait réfléchir à une « punition » envers Israël, pour protester contre les opérations militaires israéliennes dans les territoires. De même pour le ministre espagnol des Affaires étrangères Josep Piqué, ulcéré par le fait que lui et le responsable de la politique etrangère pour l’UE, Javier Solana, aient été empêchés de rencontrer le Président Yasser Arafat à Ramallah.
En dépit de la recommandaation du Parlement, les chances que les accords
d’association soient suspendus sont très minces. Il faut davantage qu’une
recommandation du Parlement pour que cela se produise ; la décision doit être
prise à la fois par la Commission Européenne et par le Conseil des ministres des
Affaires étrangères de l’UE, où siègent les ministres des 15 pays, et ce à
l’unanimité.
Si des pays comme la France et la Belgique sont tout à fait capables de voter des sanctions contre Israël, d’autres Etats, comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, ont montré des positions plus équilibrées face au conflit israélo-palestinien.
Cependant, le fait que certains pays aient sur le conflit un regard plus équilibré ne constitue pas la seule raison de douter que les décisions anti-israéliennes soient de fait adoptées. Les Européens savent que les dénonciations répétées d’Israël, sans même parler de punition, ne conduiront pas à résoudre le conflit. Israël ne modifiera pas ses positions concernant les point cruciaux de sa sécurité, même si les Etats de l’UE suppriment les facilités douanières accordées aux exportations israéliennes. Si les Européens souhaitent influencer Israël politiquement, dans une direction que de nombreux Israéliens soutiennent de tout leur coeur, ce n’est pas de cette manière qu’ils arriveront à faire entendre leurs positions.
Une mesure unilatérale peut être préjudiciable au statut de l’Europe en tant que partie aidant à trouver une solution au conflit. Le Commissaire aux Affaires extérieures de l’UE Chris Patten l’a exprimé très clairement mardi en déclarant que l’annulation des accords d’association entre Israël et l’UE ne ferait rien pour rendre Jérusalem plus attentive aux représentants européens.
Ce qui est vrai des menaces des dirigeants européens est vrai également des
menaces exprimées par certains Etats européens, et des modes de punition
déjà mis en oeuvre. Il a été fait etat du fait que des composants vitaux que des usines allemandes sont censées livrer à l’industrie de l’armement parviennent très lentement, et c’est le cas également pour des composants vitaux devant parvenir d’autres pays européens.
Il ne faut surtout pas supposer qu’Israël agira sous la pression d’actes et
d’omissions, souvent teintés d’un degré certain d’hypocrisie.