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Ha’aretz, 28 août 2006
Les ministres qui se rendaient à la Knesset dimanche pour la réunion hebdomadaire du conseil des ministres ont pu se réconforter du petit nombre de manifestants : 45 personnes armées de sifflets. En dépit de leur petit nombre, les deux groupes de manifestants, l’un emmené par le Mouvement pour la Qualité du Gouvernement, l’autre par des soldats réservistes, n’ont pas su produire un message commun ;
La droite réclame la création d’une commission d’enquête, la gauche réclame la démission du Premier ministre, du ministre de la défense et du chef d’état-major.
Cela fait une semaine que les réservistes Roni Zweigenbaum et Assaf Davidoff ont entrepris de protester auprès des dirigeants du pays et d’exiger qu’ils « assument leurs responsabilités et démissionnent », exigences de plus en plus au cœur du débat. Et les mouvements de droite sont de plus en plus actifs.
La confusion entre les camps politiques vient aussi de la profusion de pétitions (pas moins de 10) que le public est appelé à signer. L’une réclame la démission des trois dirigeants, une autre une commission d’enquête, une troisième la démission du seul chef d’état-major, une autre celle du seul Premier ministre, une cinquième un changement de statut des réservistes, etc.
Mais le problème le plus grave auquel les réservistes sont confrontés est la tentative de récupération de la droite. Si la droite se montre capable d’utiliser les protestations pour abattre le gouvernement, l’évacuation des colonies sera retardée de plusieurs années. Les réservistes comprennent le danger de la récupération de droite et tentent de garder leurs distances.
« Nous aurions pu tomber dans le piège et accepter des dons de toutes sortes de groupes, et nous serions dans une autre situation, mais nous aurions manqué à notre devoir », dit Nir Hirshman, porte-parole des réservistes protestataires.
Toutefois, un examen attentif du petit groupe révèle que ses leaders sont pour la plupart issus de la droite. Parmi eux, le fondateur d’un avant-poste illégal dans les Territoires, et un militant de premier plan contre le plan de retrait unilatéral. Et ceux qui se situent à gauche au sein du mouvement, qui sont montrés du doigt chaque fois que des accusations sont proférées sur le sens politique du mouvement, se battent pour que la protestation ne glisse pas vers l' »orange » [[le camp anti-retrait de Gaza avait adopté la couleur orange.]].
Le secrétaire de Shalom Akhshav (La Paix Maintenant), Yariv Oppenheimer, dit que le message des réservistes ne peut être compris que comme un message de droite. « Ils veulent faire tomber le gouvernement, mais refusent de dire ce qu’ils veulent à sa place. Il s’agit d’un mouvement nationaliste qui ne parle que de victoire lors de la prochaine guerre et pas de la manière de l’éviter. S’ils réussissent, au bout du compte c’est Lieberman et Netanyahou [[Avigdor Lieberman, leader du mouvement russophone ultra-nationaliste « Israel Beitenou ». Benjamin Netanyahou, leader du Likoud. ]] qui arriveront au pouvoir ». Il estime que les réservistes n’évoquent pas l’usage excessif de la force par l’armée, et ne remettent pas question la nécessité de la dernière opération terrestre, qui a coûté la vie à 34 soldats.
Baroukh Itam, considéré comme le « gauchiste » du groupe, n’est pas d’accord. « Si on raconte notre histoire comme celle d’une protestation ‘orange’ qui aura fait chuter le gouvernement, de sera très triste. Le but est de raconter l’histoire d’une protestation qui veut réinsuffler des valeurs au leadership ». Il concède bien que la pression de la droite existe, qui peut être qualifiée de dangereuse « à cause de ses motivations quant à la chute du gouvernement. J’appelle la gauche à nous rejoindre en masse pour rééquilibrer le tout ».
Entre temps, la tension monte parmi les protestataires. L’un est soupçonné d’être une taupe du Shin Bet, deux autres d’être des militants de Shalom Akhshav qui essaient de saboter la manifestation. Le mouvement a pris également ses distances avec « Eveil », formé l’année dernière pour protester contre le désengagement de Gaza.
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Alors que la plupart des occupants de la tente de protestation semblent être des gens de droite ou du centre, il existe aussi des gens de gauche qui ont, précédemment, signé des lettres de refus de servir dans les territoires. Baroukh Eitam, qui a collaboré à l’édification de la première tente de protestation à Jérusalem avant de venir aider à en installer une autre à Tel-Aviv, ne voit aucune contradiction : « Dans les Territoires, Israël combat un peuple qui veut sa libération ; au Liban, il combat une organisation dont l’objectif clairement défini est la destruction d’Israël. »