[->http://www.haaretz.com/hasen/spages/770058.html]
Ha’aretz, 4 octobre 2006
Trad. Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Alors que le pays était occupé à autre chose, dit Yariv Oppenheimer, secrétaire général de Shalom Akhshav (La Paix Maintenant), les colons ont continué à renforcer leur main-mise sur les colonies sauvages de Cisjordanie, et ont continué à construire.
Le rapport semestriel de Shalom Akhshav établit que ce travail d’expansion, qui comprend la construction de routes et la préparation de terrains pour de futures constructions, est en cours dans 31 colonies sauvages. Il établit également que des structures en dur sont en train d’être bâties dans 12 colonies sauvages, que des mobile homes sont en train d’être acheminées vers 13 colonies sauvages, tandis que dans 10 autres colonies sauvages, des travaux d’infrastructure et de construction de nouvelles routes sont en cours.
Bien que cette activité foisonnante soit illégale et qu’elle contredise la vision de Kadima d’une convergence et d’un retrait de la plus grande partie de la Cisjordanie, elle n’aurait pas pu avoir lieu sans l’aide de l’Etat. Comment le premier ministre Ehoud Olmert peut-il continuer à parler de retrait vers les « blocs de colonies », comment la ministre des affaires étrangères Tzipi Livni peut-elle dire que les colonies sauvages doivent être évacuées « hier, aujourd’hui et demain », sans aucun rapport avec un retrait éventuel, alors que les colons continuent à renforcer leur contrôle sur le coeur de la Cisjordanie?
Ceux qui ont entraîné Israël dans cette énorme et folle entreprise au-delà de la ligne Verte, ceux qui ont semé des colonies au milieu de la population palestinienne, sur une terre occupée, avec pour seul but de faire échouer tout futur accord diplomatique sur un partage en deux Etats, ceux-là, semble-t-il, ne laisseront pas Israël réparer cette erreur historique. Les colons ne prennent pas de repos. Alors que le premier ministre est à la recherche d’un programme [[Olmert avait déclaré il y a quelques jours : « un premier ministre n’a pas à avoir un programme, il doit diriger la nation »]], eux sont en train, infatigablement, d’appliquer leur programme de destruction. On aurait pu penser que la scission de Kadima du Likoud annonçait une ère de renoncement à ce plan, mais il est aujourd’hui clair que la joie était prématurée et exagérée.
Même s’il apparaît qu’un désengagement unilatéral n’est plus à l’ordre du jour, même si le Hamas ne reconnaît pas Israël, et même si l’on creuse des tunnels sous les clôtures et les check points, rien de tout cela ne change d’un iota la seule solution possible qui mette fin à ce conflit. Chaque colonie, sauvage ou pas, ne fait que rendre cette solution plus difficile à atteindre.
Il est difficile de savoir si les colonies continuent à s’étendre à cause de l’indifférence du gouvernement, ou si cela fait partie d’un plan pour « s’acheter » une tranquillité du côté de la droite. Quoi qu’il en soit, ces gens ont un programme rigide, subversif, dicté par leur foi religieuse. Ils n’ont aucun intérêt pour la loi ni pour l’opinion de la plus grande partie des citoyens israéliens. Ils sont toujours prêts à s’engager dans une guerre où des Arabes se feront tuer, mais ne sont prêts à aucune concession pour vivre en paix avec eux. Et ils savent toujours comment remplir le vide créé par l’incertitude.
La construction de la clôture de sécurité (qui était censée ramener Israël à ses frontières de 1967, ou du moins près de ces frontières) était destinée à mettre fin aux investissements dans les colonies qui se trouvaient au-delà de cette clôture, l’hypothèse étant qu’elles seraient évacuées tôt ou tard. La clôture reste en place, et les Palestiniens en ont payé le prix fort en termes d’expropriations, mais les colonies à l’est de la clôture n’ont pas été démantelées. En fait, d’après le rapport de Shalom Akhshav, c’est le contraire qui s’est produit. A l’occasion, on peut entendre une vague promesse d’évacuation de colonies sauvages de la part du ministère de la défense. Mais il est aujourd’hui évident que, pendant que certains parlent, d’autres agissent : en construisant des maisons et des colonies sauvages.