Après la sidération, la douleur et la compassion – pour les victimes, leurs proches et tous ceux qui resteront à jamais marqués par ce qu’ils viennent de vivre.
On a déjà, sinon tout dit, du moins beaucoup écrit, commenté, analysé. Il est sans doute bienvenu de faire une pause, ne serait-ce que pour éviter amalgames et instrumentalisation. Était-il nécessaire d’évoquer le désespoir des Palestiniens et leur absence d’avenir comme des facteurs auxquels porter remède pourrait prévenir la radicalisation des jeunes musulmans et apaiser l’État islamique (Margot Wallström, ministre suédoise des Affaires étrangères) ?
Que penser de l’assimilation par Naftali Bennett (Le foyer juif) de Paris à la Cisjordanie ? Ou encore des propos de l’inénarrable Meyer Habib selon lequel la terreur en France est la même qu’en Israël ?
Dépassant toutes les bornes, en pleine pornographie historique, le rabbin Dov Lior (Kiryat Arba) a déclaré que les attentats de Paris étaient mérités, en raison de « ce que les Européens ont fait aux Juifs il y a 70 ans ». Ce taliban est le co-auteur d’un ouvrage paru en 2009, La Torah du roi – écrit en collaboration avec l’un des colons les plus radicaux parmi les extrémistes, le rabbin Itzhak Shapira – qui justifiait le meurtre de civils non-juifs en temps de guerre.
Ce même rabbin vient de rejoindre celui de la synagogue construite illégalement sur des terres privées palestiniennes au sein de l’implantation de Givat Zé’ev. Il y a peu, la Cour suprême avait une fois de plus reporté l’ordre de démolition, donnant au ministère de la Défense jusqu’au 17 novembre pour raser le bâtiment. Nétanyahou et les ministres de partis religieux se sont mis d’accord dimanche pour construire un lieu de culte alternatif à proximité. Un nouveau report devrait donc intervenir.
« Violez la loi et vous obtiendrez ce que vous voulez », démontrent les colons. La démocratie israélienne n’en sortira pas grandie.