Quelque 2 000 Arabes israéliens ont manifesté hier à Tel-Aviv sur la place Rabin. Ce fut le point d’orgue d’une journée marquée par une grève générale dans les localités arabes du nord du pays, où les institutions publiques, les établissements scolaires, les banques et la grande majorité des magasins étaient restés fermés. Ils entendaient protester contre les destructions de maisons «illégales» aux yeux des autorités, qu’ils accusent d’«entraver la construction» dans les localités arabes – notamment en imposant des obstacles administratifs et juridiques à l’obtention de permis de construire.
C’est là un problème crucial. En effet, pour les Arabes, la première difficulté dès qu’il s’agit de se loger n’est pas tant le prix – comme dans le cas des habitants juifs – que l’emplacement et l’obtention d’une autorisation de construire dans leurs localités.
Outre le fait que les Arabes détiennent moins de terres privées que le reste de la population par rapport à leur poids démographique, il y a un énorme retard dans l’élaboration et la validation des plans d’occupations des sols. Il en résulte une non-attribution de permis de construire. En désespoir de cause, les Arabes sont quasiment obligés de construire sans autorisation. «Il n’est pas dans nos gènes de construire dans l’illégalité», a fait remarquer hier l’un des dirigeants de la manifestation. Près de 60 000 constructions de cette nature seraient menacées de démolition. La population arabe craint une application plus rapide et plus strictes des ordonnances de destruction, dont la mise en œuvre s’est montrée limitée depuis de nombreuses années.
On évalue les besoins courants du fait de la seule poussée démographique, sans chercher en conséquence à combler le retard accumulé, à 18 000 logements par an au cours des dix prochaines années.
Dans le prolongement de la constitution d’une liste unique lors des dernières élections, la manifestation d’hier marque également un tournant dans le modus operandi du leadership arabe. Le choix de Tel-Aviv était réfléchi. Il s’agissait de montrer que le public arabe ne renonce pas à sa citoyenneté et veut être partie intégrante d’une société plus juste et plus égalitaire, qui voit les Arabes comme des partenaires et non comme une cinquième colonne. Si les problèmes de la communauté arabe ne sont pas pris en compte par l’État, alors il faut se transporter au cœur de l’État et non rester confiné dans son secteur géographique.
Conformément à cette orientation, les responsables arabes se sont adressés au Camp sioniste pour qu’il soutienne la tenue d’un débat à la Knesset sur la question de la destruction de maisons. 25 voix étaient nécessaires pour la tenue d’une session extraordinaire (car la Knesset est actuellement en congé): elles n’ont pu être réunies.