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Yediot Aharonot, 3 décembre 2006
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Vraiment, nous sommes bons en histoire. L’opposition de droite se mesure au gouvernement Olmert – Lieberman sur qui nous fera le plus peur sur le dossier iranien, qui fera en sorte qu’il y ait moins d’immigrants, qu’il y ait plus d’Israéliens qui quittent le pays, et moins d’ex-Israéliens qui ne reviennent pas.
Cette campagne de panique est clairement un acte anti-sioniste. Si Berlin de 1938 est ici et maintenant [[Benjamin Netanyahou, chef du Likoud, avait déclaré il y a quelques jours : « Nous sommes en 1938, et l’Allemagne, c’est l’Iran. »]], la conclusion est claire pour tout le monde : les Juifs doivent commencer à faire leurs valises.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problème. Il y en a un, bien sûr. Mais ces réactions hystériques servent les intérêts d’Ahmadinejad, avant même qu’il ne dispose de sa première bombe. Au lieu de rechercher une solution qui diminuerait les risques, les ministres, dans leur sagesse, et ceux qui leur ressemblent dans l’opposition, font allusion à une action militaire décisive, pour en finir une fois pour toutes.
Ils évoquent une attaque analogue au bombardement, en 1981, du réacteur irakien [Osirak], tout en ne comprenant pas qu’il n’y a aucune analogie entre les deux cas. Toute action militaire, même réussie, s’étendrait sur de longs mois, au cours desquels Israël serait exposé à des tirs de missiles iraniens conventionnels.
Je suppose que si le gouvernement d’Israël avait vraiment l’intention d’agir contre les centaines de centrifugeuses iraniennes disséminées partout dans ce grand pays et très profondément enterrées, il n’aurait nul besoin de préparer cette action par des discours grandiloquents devant les communautés juives du monde, mais plutôt dans des salles d’opération, avec des cartes et des ordinateurs.
Les discours sont le nouveau programme de ce gouvernement. Ils ont remplacé les ambitions d’une nouvelle frontière en Cisjordanie et d’une plus grande justice sociale. L’hystérie iranienne est devenue le refuge de ceux qui ne veulent pas de la paix et de ceux qui n’ont pas de programme. Et le discours d’Olmert à Sdeh Boker n’y change rien.
Supposons un instant que nous répondions à l’appel du président syrien Bachar Assad et que nous parvenions avec lui à un accord de paix en échange du Golan. Supposons que nous répondions aux appels répétés de Mahmoud Abbas et nous concluions avec lui un accord de paix en échange de la fin de l’occupation, tout en signant également un traité de paix avec le Liban. Quelles seraient alors les probabilités que l’Iran, même conduit pas Ahmadinejad, continue à menacer Israël?
Je pense que les probabilités diminueraient grandement.
Mais même si je me trompe, et même si le leader iranien continuait à inciter à la haine et à menacer après qu’une paix globale aurait été signée ici, nous nous retrouverions dans une situation complètement nouvelle. Tous les Etats arabes établiraient avec nous des liens diplomatiques et économiques, comme le prévoit la résolution de la Ligue arabe de 2002, et nous nous retrouverions ensemble dans une même coalition contre la menace venue de Téhéran, dirigée contre eux aussi bien que contre nous.
Itzhak Rabin disait souvent que la stratégie d’Israël devait être de parvenir à la paix avec nos voisins avant que l’Iran n’acquière l’arme nucléaire. Il avait bien compris l’importance qu’il y avait à neutraliser le prétexte que le conflit israélo-arabe fournit à l’Iran pour développer son arsenal nucléaire.
Au milieu des années 90, l’Iran en était loin, mais aujourd’hui, il en est proche, peut-être très proche. Aujourd’hui, la paix paraît aussi plus réalisable. Il y a une volonté arabe, le prix à payer est connu, et il n’est nul besoin de recommencer de zéro.
Bien sûr, nous avons connu pas mal de déceptions, mais aucune n’a été causée par un traité de paix que nous aurions finalisé, mais plutôt par des mesures unilatérales et des accords partiels qu’aucune des deux parties n’a appliqués correctement. Les traités de paix avec l’Egypte et la Jordanie se sont révélés durables, même quand les dirigeants ont changé. Cela vaut également pour l’accord de trêve avec la Syrie.
Pourtant, ce qui semblerait évident à un premier ministre muni d’une vision stratégique est incompréhensible pour un premier ministre venu du Likoud et qui, apparemment, y est retourné dans sa tête après le choc qu’il a subi lors de sa malheureuse guerre du Liban.