[->http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3355286,00.html]
Yediot Aharonot, 22 janvier 2007
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Abir Aranmin, une fillette palestinienne de 10 ans, a été blessée gravement mardi dernier après avoir été apparemment touchée à la tête par une balle en caoutchouc tirée par la police israélienne des frontières (« mishmar hagvoul) ») qui patrouillait dans la ville cisjordanienne d’Anata, près de Jérusalem.
Abir, cliniquement morte à l’hôpital Hadassah de Jérusalem, alors que les médecins tentaient de la sauver, a finalement été débranchée vendredi.
Selon des informations contradictoires, Abir, sa soeur et deux amis s’étaient placés dans la ligne de tir de la police des frontières qui, dit la police, était en train de tirer des balles de caoutchouc sur de jeunes garçons qui lançaient des pierres en direction de leur jeep. Toutefois, certains témoins visuels disent qu’Abir a apparemment été tuée par un objet contondant, ce qui corroborerait les résultats de l’autopsie effectuée vendredi. La police affirme que ces résultats sont incompatibles avec l’hypothèse de la balle en caoutchouc, et qu’elle aurait pu être touchée par une pierre.
Tragique ironie du sort : le père d’Abir, Bassam Aranmin, 38 ans, fait partie des fondateurs des Combattants pour la Paix, un groupe composé d’anciens soldats israéliens et de combattants palestiniens qui se sont engagés à rechercher une solution pacifique au conflit israélo-arabe, en déposant les armes des deux côtés.
Bassam Aranmin, ancien membre du Fatah, a également effectué 7 ans de prison en Israël après son arrestation à Hebron. Il avait alors 17 ans. Lors d’une rencontre au domicile du chanteur israélien David Broza, il y a plusieurs mois, il avait dit au public israélien que c’était pendant ces années de prison qu’il avait commencé à comprendre la nécessité de la réconciliation. Il a raconté les longues conversations qu’il avait eues avec l’un des gardiens, en disant qu’au lieu de devenir un ennemi, ce gardien était devenu un partenaire pour le dialogue.
Avec la mort tragique de sa fille, qui a été enterrée dans un cimetière près de la Porte des Lions de la Vieille Ville de Jérusalem, il est encore plus dur d’appréhender ce coup du sort, à la lumière de l’une des déclarations les plus poignantes que Bassam Aranmin avait l’habitude de faire pendant les réunions du groupe : « Nous avons déjà versé tellement de sang, aujourd’hui nous voulons sauver des vies des deux côtés. C’est la raison pour laquelle j’ai rejoint ce mouvement. Notre religion est tolérante, et notre message nous ordonne de ne pas faire de mal aux innocents. »
Ne pas chercher vengeance
Fortement soutenu par les membres de son groupe, qui ont pris le deuil avec la famille Aranmin, il affirme qu’il n’abandonnera pas le chemin de la paix malgré ce qui est arrivé, et qu’il ne cherche pas la vengeance. Il a ajouté que sa seule vengeance serait que l’auteur soit jugé afin que d’autres enfants ne soient pas touchés.
La police a entamé une enquête après le dépôt d’une plainte par la famille Aranmin, et, pour l’instant, quatre officiers de la police des frontières ont été interrogés. Toutefois, la question reste entière : quel était le but de la présence de cette patrouille à Anata à ce moment précis, sachant que la clôture de séparation est terminée depuis plusieurs mois?
Les Combattants pour la Paix sont une association à but non-lucratif qui comprend plusieurs dizaines d’Israéliens et de Palestiniens qui ont été personnellement impliqués dans les cycles de violences. Ils ont constitué leur groupe l’année dernière, après que chacun est arrivé à un tournant, en tant que soldat israélien ou combattant palestinien, et s’est rendu compte de l’absurdité due ce massacre. Chacun d’entre eux était parvenu à cette conclusion de manière individuelle, et ils ont été surpris de trouver d’autres camarades qui avaient connu le même cheminement « de l’autre côté » [Cheminement, en particulier celui de Bassam, qui rappelle celui d’Itzhak Frankenthal, qui sera bientôt notre invité lors de prochaines réunions à Paris et en province. Voir par exemple : « Le Hamas a tué son fils, il oeuvre pour la paix » : [ ]].
Les Combattants pour la Paix appellent à la fin de l’occupation et des violences, à la création d’un Etat palestinien indépendant aux côtés de l’Etat d’Israël avec Jérusalem Est pour capitale et à un retrait israélien sur les frontières de 1967.
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