Le camp de la paix israélien émarge, pour faire bref, d’une part au champ du politique traditionnel — celui des partis — et d’autre part, à celui de la société civile, au travers notamment de ses diverses et multiples ONG.
Lettre d’information de La Paix Maintenant, jeudi 30 novembre 2017
Photo : Tel-Aviv, novembre 2017, en mémoire de l’assassinat du Premier ministre Y. Rabin [DR]
L’éditorial d’Ilan Rozenkier
Au plan politique, le parti travailliste, compte-tenu de sa force, même déclinante, et de son histoire, en est une composante importante aux côtés du Méretz, plus incisif mais moins puissant, et d’autres courants plus limités au centre et au centre droit. Les récentes prises de positions d’Avi Gabbay, le nouveau président du parti, ne manquent pas de susciter interrogations et inquiétudes. La disqualification des Arabes, l’agrément donné à la non-évacuation d’implantations situées hors des « blocs de colonies », la position qu’il a adoptée concernant la vallée du Jourdain [*], autant de signes d’éloignement par rapport aux positions traditionnelles du parti travailliste. S’agit-il d’une tactique visant à gagner des électeurs de la droite ou ceux de partis religieux au bord de l’effondrement ? Possible. Est-ce bien judicieux ? Rien n’est moins sûr.
Dans tous les cas, on ne peut qu’approuver les propos de Nissim Zvili, pourtant loin d’être un gauchiste invétéré : « Si ces déclarations devaient se retrouver dans la plateforme du parti, ce ne serait plus le parti travailliste, ce ne serait plus un parti de gauche, et je n’aurais pas de raison de voter pour. »
En d’autres termes si telle est l’opposition à la droite, on n’a plus besoin de droite …
S’agissant de la société civile, on ne saurait ignorer que les deux événements majeurs de l’année, ayant rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes chacun, ont été d’une part la Marche pour la paix organisée par l’organisation Women Wage Peace et d’autre part la récente commémoration de l’assassinat d’Yitszak Rabin à Tel-Aviv : Women Wage Peace, en évitant toute critique envers les dirigeants politiques et en se bornant à exiger d’eux qu’ils s’engagent dans une action diplomatique pour mettre fin au conflit, a pu atteindre des gens traditionnellement non associés au camp de la paix ; La manifestation de la place Rabin, quant à elle, a été organisée par deux associations apolitiques. Au cours de ces deux événements, comme l’a fait remarquer JCall dans sa dernière Newsletter, « il n’a pas été question d’occupation, de droits de l’homme et de la responsabilité israélienne dans cette situation ».
Est-ce là l’orientation que devraient prendre aujourd’hui les partis et mouvements engagés pour la paix et la solution à deux États, en Israël comme en diaspora, pour se faire entendre ? Le flou, comme gage du succès … mais alors, un succès pour quoi faire ?
[*] « Pour nous, la région de la vallée du Jourdain est et restera le tampon de sécurité de l’est d’Israël. Et la sécurité exige des implantations. »
Nous vous incitons à venir rencontrer ce lundi 4 décembre Avi Buskila, directeur de Shalom Akhshav, qui a engagé son organisation sur la voie du renouveau sans renoncer pour autant à la critique, parfois acerbe, et à l’action « politique » : il nous livrera son analyse et sa perception des enjeux et défis auquel le camp de la paix est confronté.
L’Auteur
Sociologue et membre fondateur des Amis de Shalom Akhshav, devenus La Paix Maintenant.
Ilan Rozenkier a été élu président de l’association en 2014.
Éditorial