Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
La declaration du President egyptien Hosni Moubarak, a propos des capacites
et de l’avenir de Yasser Arafat, ont franchi une ligne jamais franchie jusqu’aujourd’hui. Moubarak, dans une interview au New York Times, a dit que
tant que le conflit etait entre les mains de Yasser Arafat et d’Ariel Sharon, il etait difficile d’imaginer une solution sans l’intervention active des Etats-Unis, ajoutant qu’il etait possible qu’Arafat se nomme lui-meme president symbolique, environ un an apres qu’un Etat palestinien soit declare.
Moubarak n’a pas la reputation de macher ses mots, et par le passe, il s’est
montre encore plus brutal vis-a-vis d’autres dirigeants arabes, comme Saddam
Hussein, Muammar Kadhafi et le president du Soudan. Mais il ne s’etait jamais exprime aussi clairement, en public, a propos d’Arafat.
Ces derniers jours, Arafat a provoque la colere de Moubarak, sur deux sujets
importants : la remise a plus tard des reformes de l’appareil de securite
palestinien, et sa proposition d’adjoindre le Hamas et le Djihad Islamique
au nouveau gouvernement qu’il s’apprete a former.
Du rapport que lui a fait son chef des services de renseignements, Omar
Souleiman, qui a rendu visite a Arafat cette semaine, et a propose un plan
egyptien detaille de reformes, Moubarak a compris qu’Arafat n’avait pas
l’intention, ou la volonte, au moins a ce stade, d’adopter la proposition
egyptienne dans sa totalite. Selon une source egyptienne, « l’impression qui
prevaut est qu’Arafat est pret a des changements cosmetiques, et a s’en
servir comme conditions d’un changement de politique par Israel ».
Le deuxieme sujet est encore plus grave, aux yeux de Moubarak : au moment
meme ou l’Egypte et l’Arabie Saoudite tentent de convaincre l’administration
americaine de faire la distinction entre l’Autorite palestinienne et les
groupes terroristes, rendant ainsi possible une nouvelle distinction entre
resistance legitime a l’occupation et attentats terroristes illegitimes,
Arafat leur coupe l’herbe sous le pied en menant une idylle politique avec
les groupes terroristes. Idylle qui, soit dit en passant, a deja echoue, les
deux groupes ayant declare qu’ils ne se joindraient pas au cabinet d’Arafat.
Par ses declarations, Moubarak vient d’instituer de nouveaux parametres au
discours politique, qui seront acceptables aux yeux du monde arabe.
Ces parametres s’accordent avec ce que le porte-parole de la Maison Blanche
a dit hier, quand il a parle de l’intention de l’administration Bush d’etablir des contacts intensifs avec des Palestiniens qui ne s’appellent pas Arafat.