Il ne s’agit nullement d’incidents se référant aux monts du même nom, le lecteur averti l’aura compris, mais de la polémique suscitée par les récentes déclarations de Yaïr Golan. Lorsqu’un général expérimenté, qui plus est adjoint au chef d’état-major de l’armée, dénonce des phénomènes inquiétants se propageant dans la société, on pourrait s’attendre à ce qu’il soit écouté plutôt que malmené, voire diffamé. Diffamé, y compris par son Premier ministre, quand bien même il s’est efforcé par la suite de calmer un jeu auquel il n’aurait en aucun cas dû prendre part. Et ce, que ce soit en Israël ou dans n’importe quel pays.
Autant que la teneur des propos, ce qui ne laisse pas d’inquiéter c’est l’accueil qui leur a été réservé. D’autant que le chef d’état-major lui-même et le ministre de la Défense avaient, quelque temps auparavant, mis eux aussi l’accent sur certains comportement déviants. C’est donc d’un faisceau d’indices qu’il s’agissait. Plutôt que les déformer pour les disqualifier, eux et leur auteur, il eut été mieux avisé de s’y confronter.
Avant-hier, c’était la Cour suprême qui était menacée de bulldozer; hier, les ONG humanitaires qui devaient passer sous contrôle; aujourd’hui, ce sont les officiers supérieurs de Tsahal auxquels on fait comprendre que le “silencieux” doit être de rigueur. Yaïr Golan ne sera sans doute pas, comme attendu, le prochain chef d’état-major et le message est passé: se taire pour progresser. Israël n’a rien à y gagner et tout à y perdre.
Dans un récent entretien accordé à Al Monitor, Ze’ev Sternhell avertit que «…nous n’avons pas encore franchi la ligne rouge mais nous la frôlons dangereusement. Nous sommes au cœur d’un processus d’érosion des valeurs libérales * qui sont le socle de notre société. Ceux qui pensent que les valeurs libérales mettent en danger la nation, la patrie et le pays juifs, tiennent aujourd’hui les rênes du pouvoir… »
Note
* Le terme est ici pris dans son acception anglo-saxonne de concept éthique et politique.