La « Feuille de route (Road Map) pour la résolution du conflit israélo-palestinien » a été présentée en septembre 2002 par l’administration américaine et remise entre les mains du Quartet, groupe diplomatique formé par les États-Unis, la Russie, l’Europe et les Nations unies. Rendu public le 30 avril 2003, le plan prévoit trois étapes devant aboutir – à l’horizon 2005 – à la création d’un État palestinien « indépendant, démocratique et viable » aux côtés d’Israël.
La première étape du plan est consacrée à la fin de la terreur et de la violence, à la « normalisation de la vie des Palestiniens » et à la mise en place des institutions palestiniennes. Elle précise que « les Palestiniens mettent un terme immédiat à la violence […] ; les Palestiniens et Israéliens reprennent la coopération sécuritaire […] ; Israël se retire des zones palestiniennes occupées depuis septembre 2000 […] et gèle toutes les activités de colonisation. »
La deuxième étape, dite « de transition », devrait être essentiellement consacrée à la création d’un État palestinien indépendant avec des frontières provisoires, « ce but ne pouvant être atteint que si les Palestiniens disposent d’une direction démocratique qui veut lutter contre la terreur. »
La troisième phase consiste en négociations visant à parvenir à un statut définitif et à la fin du conflit israélo-palestinien. Sont en jeu les questions de frontières, de Jérusalem, des réfugiés et du sort des colonies. La décision du passage d’une étape à l’autre revient au Quartet qui statue à l’unanimité.
Dans le contexte actuel, suite à la réélection d’Ariel Sharon à la tête du gouvernement israélien, à l’intervention américaine en Irak et à la nomination d’un Premier ministre palestinien (Abou Mazen), la concrétisation de la feuille de route est sujette à de multiples interrogations, auxquelles seul l’avenir pourra donner un début de réponse :
1. Quelle marge de manœuvre Abou Mazen aura-t-il pour réaliser les réformes démocratiques au sein de la société palestinienne, et neutraliser les groupuscules terroristes ?
2. Quelles sont les « concessions douloureuses » dont parle Sharon ? Sont-elles suffisantes dans le contexte de la feuille de route, et ont-elles une chance de constituer une position de négociation raisonnable avec un partenaire palestinien ?
3. Les États-Unis sont-ils prêts à exercer une réelle pression sur le gouvernement israélien afin qu’il respecte ses engagements ? De leur côté, l’Europe et la Russie sont-elles prêtes à faire de même vis-à-vis des Palestiniens ?
4. Quelle incidence aura la présence de troupes américaines au Moyen-Orient sur l’application de la feuille de route ? Que se passera-t-il dans la perspective des élections aux États-Unis ?