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Ha’aretz, 3 juillet 2006


D’après des sources palestiniennes haut placées, le Hamas a été mis en demeure de donner une réponse ce matin (lundi) à la proposition du président égyptien Hosni Moubarak pour mettre un terme à la crise provoquée par l’enlèvement du soldat israélien Gilad Shalit. Certaines sources impliquées dans les tentatives de médiation confirment que le deal a été proposé vendredi à la direction du Hamas, à l’étranger et dans les territoires, et que l’organisation a 48 heures pour réagir.

« Le président Moubarak a parlé personnellement au président syrien Bachar Assad et a suggéré d’exercer des pressions sur le Hamas pour qu’il accepte la proposition », affirment les sources palestiniennes. « Cette proposition est la suivante : le soldat israélien sera libéré immédiatement et en retour, Israël libérera des prisonniers dans un futur proche. Le nombre de prisonniers à libérer n’est pas précisé, pas plus que la date de leur libération. Au début, la direction du Hamas a rejeté cette proposition, en disant qu’on ne pouvait pas compter sur Israël pour qu’il libère des prisonniers. L’Egypte les a informés qu’ils recevraient une garantie personnelle de Moubarak pour la libération prochaine de prisonniers. »

Les Egyptiens attendaient une réponse hier (dimanche), mais ils se sont rendu compte que le Hamas gagnait du temps et faisait passer la responsabilité de l’enlèvement et la proposition égyptienne d’un corps à l’autre.

Au cours de leur conversation, Assad a dit à Moubarak que le leadership du Hamas à Damas n’avait aucun lien avec l’enlèvement et que les décisions se prenaient par l’aile militaire à Gaza. Mais par ailleurs, l’équipe égyptienne à Gaza a entendu de la bouche de hauts responsables du Hamas que c’était la direction de l’étranger qui prenait les décisions.

Au même moment, le chef du renseignement égyptien, Omar Souleiman, s’entretenait avec Khaled Mesh’al, chef du bureau du Hamas à Damas. D’après des sources palestiniennes, Mesh’al aurait dit à Souleiman qu’il avait demandé à l’aile militaire de répondre favorablement à la proposition égyptienne, sans s’engager davantage.

Des représentants haut placés du Fatah affirment que des éléments supplémentaires sont entrés en jeu, ce qui a fait que le Hamas n’a toujours pas répondu. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a appelé le Hamas à ne pas accepter le deal sans recevoir quelque chose de concret en échange.

De plus, il y a eu des manifestations continuelles dans les territoires et même dans certains pays arabes. Autre facteur ; les médias israéliens ont publié des éditoriaux qui appellent à négocier un échange de prisonniers et ont aussi fait état d’un sondage du quotidien Yediot Aharonot qui montre que la plupart des Israéliens seraient en faveur de la libération de prisonniers palestiniens en échange de la libération du soldat.

La nuit dernière, les Egyptiens ont perdu patience et ont averti le Hamas qu’à moins qu’il réponde à la proposition de Moubarak ce matin, l’Egypte stopperait sa médiation et il est alors probable qu’Israël étendrait ses actions dans la bande de Gaza. (…)

A Jérusalem, un officiel israélien a dit que, pour l’instant, Israël n’avait reçu aucune proposition concernant la libération de Gilad Shalit. (…) Ehoud Olmert a déclaré : « Il n’y aura pas d’accord. Le soldat Shalit sera libéré, sinon nous serons obligés d’agir pour obtenir sa libération. » (…)

Entre temps, Amir Peretz a autorisé la réouverture du passage frontalier de Karni dans une seule direction, d’Israël vers l’Egypte, afin de permettre à 150 camions par jour chargés d’aide humanitaire de passer par la bande de Gaza. Le passage de l’essence et du gaz sera autorisé par le passage de Nahal Oz.