Jérusalem sans haine … que j’aime !
Quel est ce “gauchiste” coupé de la réalité israélienne qui a osé déclarer, en plein “Yom Yiroushalaïm”, mercredi dernier, « nous ne pouvons pas chanter les louanges d’une Jérusalem unifiée pendant que Jérusalem-Est, où vivent 40% de ses habitants, est la zone urbaine la plus pauvre d’Israël » ? Rien moins que Reuven Rivlin, le président de l’État, qui, une fois de plus, se révèle la conscience du pays.
Que l’on soit de droite ou de gauche, a fortiori, on peut aimer cette ville magique sans se satisfaction ire de festivités autour desquelles les millions coulent à flot et qui excluent de larges pans de la population plutôt que les rassembler tous, Juifs et Arabes. Après 50 ans, peut-être serait-il temps de trouver d’autres modalités de célébration de cette ville, plutôt que d’abandonner la rue à des milliers de manifestants extrémistes et racistes qui, au cours de leur “parade des drapeaux”, déversent leurs insultes à l’encontre de qui ne leur ressemble pas ainsi que leur haine des Arabes. Nombreux sont ceux qui participent à ces rassemblements par défaut mais se reconnaîtraient mieux en des événements où tous auraient leur place. Ils sont gênés que, pendant qu’ils sont dans la rue, des milliers de personnes, arabes, sont confinées chez elles ; des centaines de boutiques sont fermées – et tout cela, non pour des raisons sécuritaires mais de peur d’agressions et de vandalisme comme il s’en produit tous les ans.
Forçant le respect, des dizaines de magasins à Jérusalem-Ouest sont restés clos ce même jour, leurs propriétaires voulant afficher leur solidarité avec les commerçants arabes et leur personnel, contraints de perdre une journée de travail alors que, comme l’a dit le président, la pauvreté fait des ravages. Ici et là se sont tenus des rassemblements contre la haine, des rencontres qui rassemblent les habitants plutôt que d’en exclure.
Il n’y a aucune raison de laisser Jérusalem à la droite extrême ; aucune honte à aimer une Jérusalem d’or et de lumière, dont l’absence de haine est consubstantielle – une ville d’ouverture dans laquelle on se retrouve certes, mais où, non moins important, on trouve aussi “l’autre”.
Photo Benutzer Hoheit, 18 mars 2007 – Jérusalem, 44 rue Yaffo-coin haRav Kook. Sous licence Wiki Commons.