24 juillet 2006


Où en est-on treize jours après le déclenchement des hostilités par le Hezbollah et l’Iran aux frontières nord d’Israël ?

 Plus de 2 400 missiles sont tombés à l’intérieur des frontières d’Israël, faisant une vingtaine de morts civils, et plus de 1 500 blessés ;

 Au Liban, les pertes civiles se comptent par centaines, et les dégâts matériels sont innombrables ;

 Face à un gouvernement libanais divisé et impuissant, Israël est mis une fois de plus au banc des accusés, et pointé du doigt comme seul responsable de tous les malheurs d’un pays pris pour cible vivante par la Syrie et l’Iran ;

 La montée des manifestations au sein du monde arabe fragilise les pays modérés à majorité sunnite, démontre la capacité de nuisance de l’Iran, et sa volonté hégémonique sur les pays avoisinants ;

 La pression internationale pour arrêter le programme nucléaire iranien a été détournée et l’Iran continue à gagner du temps ;

 La population civile israélienne fait montre de ténacité, de résistance, et de solidarité face aux bombardements incessants du Hezbollah, que des actions militaires massives n’arrivent pas à réduire ;

 Israël est entraîné progressivement par le Hezbollah dans le piège d’un affrontement terrestre, sur un terrain et dans des conditions qu’il n’a pas choisis ;

 Les initiatives diplomatiques s’accélèrent en vue du déploiement d’une force d’interposition internationale au Sud Liban, mais le risque est grand que l’accumulation des dommages causés aux populations civiles libanaises, conjuguée avec une campagne militaire terrestre difficile et coûteuse en vies humaines, ne soit exploitée par le Hezbollah en sa faveur, qu’une fois de plus un succès militaire même partiel ne se transforme en défaite politique, et qu’au final les radicaux des deux bords ne sortent renforcés de ce conflit;

Dans les guerres du XXIe siècle face à des organisations terroristes fanatisées par leur islamisme radical, il ne suffit pas d’être fort et d’avoir raison, il faut aussi être plus clairvoyant que son adversaire, et essayer de ne pas tomber dans le piège qu’il vous tend.
Il est important que les objectifs militaires israéliens soient clairement débattus et validés, et restent sous le contrôle des politiques.
Mais il est aussi urgent que le deuxième front : le front diplomatique, ne soit pas subi par Israël, mais déployé à son initiative pour qu’il en retire le maximum de bénéfices.
C’est maintenant qu’il faut exploiter l’ouverture offerte par les prises de position fermes de l’Arabie saoudite contre le Hezbollah.
C’est maintenant qu’il faut saisir les opportunités ouvertes par les négociations qui continuent entre le Hamas et l’Autorité palestinienne pour débloquer la situation à Gaza et relancer un dialogue israélo-palestinien sans conditions préalables.

En engageant un processus résolu de négociations globales sur le conflit israélo-palestinien, en s’appuyant sur les pays arabes menacés par l’Iran, Israël enlèvera un argument décisif au front chiite radical, et contribuera à l’isoler au sein du monde arabe.

Si une dynamique crédible de dialogue israélo-palestinien commence à se mettre en place, les grandes puissances sortiront de leurs beaux discours hypocrites et de leur pusillanimité, et seront contraintes de s’engager dans un soutien actif et conséquent à la résolution de ces conflits.

Il se peut que l’embrasement actuel s’éteigne d’ici quelques semaines, mais le cœur du problème demeure : un conflit israélo-palestinien qui n’a que trop duré.
Tant qu’il se poursuivra, l’Iran continuera à exploiter ce conflit pour ses objectifs propres qui sont clairement affichés et pour lesquels ce pays met en place les moyens nécessaires.

Il est impératif que le conflit israélo-palestinien soit mis rapidement sur les voies d’une solution globale, sinon ce que nous observons aujourd’hui n’aura été qu’un avant-goût de ce qui nous est réservé dans un futur pas trop lointain.