Ha’aretz, 12 juin 2007

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Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Mardi, les violences inter-palestiniennes dans la bande de Gaza ont continué de plus belle, faisant au moins 17 morts en 24 heures, après que des hommes en armes ont attaqué le domicile du premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh (Hamas). Le Hamas considère cette attaque menée à l’aide de RPGs (rocket-propelled grenades) comme une tentative d’assassinat. Deuxième attaque de la sorte en quelques jours. Le fils de Haniyeh, Abdel Salam, a dit qu’une RPG avait frappé la maison, située dans le camp de réfugiés de Shati, alors que sa famille se trouvait à l’intérieur. La maison a été endommagée mais aucune victime n’est à déplorer, a-t-il ajouté.

Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, a accusé le Fatah de viser les institutions palestiniennes pour abattre le Hamas. « Ils ont franchi toutes les lignes jaunes », a-t-il déclaré en parlant du Fatah.

Mardi après-midi, le Hamas, dans le cadre de la lutte pour le pouvoir qui s’étend rapidement dans la bande de Gaza, a lancé une attaque contre le QG des forces du Fatah au nord de Gaza, enjeu clé du conflit sanglant qui oppose les deux parties.

Environ 200 miliciens du Hamas ont encerclé le QG, où sont pris au piège quelque 500 hommes en armes du Fatah. Le Hamas tire sur l’immeuble à coups de mortier et de RPGs. « Ils attaquent de tous les côtés », a dit l’un des officiers, Khaled Awad.

Plus tôt dans la journée, le Hamas avait exigé que les forces du Fatah abandonnent leurs positions, menaçant d’attaquer ceux qui demeureraient à leur poste.

Des radios liées au Hamas indiquent que ses combattants ont déjà pris le contrôle d’installations au nord au et centre de la bande de Gaza, ainsi que dans la ville de Khan Younis, au sud. Ces informations n’ont pas pu être vérifiées de source indépendante. Le colonel Nasser Khaldi, qui commande les forces du Fatah au sud, a confirmé que ses hommes étaient sur la défensive. Pour lui, Mahmoud Abbas, leader du Fatah, doit ordonner de répliquer. « Il y a une faiblesse de la part de nos leaders« , dit-il. « Le Hamas est en train de prendre le contrôle de nos positions, et nous n’avons aucun ordre. »

A Khan Younis, les rues se sont vidées. Un membre des forces liées au Fatah a affirmé que le Hamas avait pris un certain nombre de positions du Fatah, mais que le complexe principal était toujours contrôlé par le Fatah. Ce officier dit que le Hamas s’est rendu maître d’un immeuble proche du complexe, mais que « nos ordres sont de nous défendre s’ils arrivent, mais pas d’attaquer. »

Les combats ont aussi pris pour cible des personnalités des deux côtés, dont l’enlèvement d’un vice-ministre du Hamas. Cet enlèvement, qui a eu lieu à Ramallah, indique que les affrontements pourraient s’étendre à la Cisjordanie.

A Gaza, l’ancien ministre palestinien Nabil Shaath (Fatah) a déclaré que des miliciens du Hamas avaient mis à sac son domicile, et tiré sur l’un de ses gardes du corps. Shaath, qui répondait aux médias par téléphone, est apparu secoué, mais il a précisé qu’aucun des membres de sa famille n’avait été touché. Toutefois, selon lui, les assaillants ont dérobé de nombreux objets à son domicile, dans la ville de Beit Lahia, au nord de Gaza.

Toujours mardi, des miliciens du Hamas se sont emparés de l’hôpital de Khan Younis, ce qui en fait le troisième centre médical à passer sous contrôle du Hamas en deux jours, après celui de Dhifa à Gaza et celui de Beit Hanoun. Il y a eu des échanges de tirs dans l’hôpital. Des sources du Hamas avaient indiqué que des miliciens seraient envoyés dans les hôpitaux, de crainte que des miliciens du Fatah s’attaquent à des hommes du Hamas qui y sont soignés.

Un muezzin a averti que le Hamas attaquerait le QG des forces préventives à Gaza, loyales au Fatah : « L’avertissement que nous vous avions donné a expiré, et nous allons attaquer cette position tenue par les collaborateurs des sionistes. »

Ce même mardi, le Hamas a déclaré que des hommes armés du Fatah avaient enlevé un membre de l’aile militaire du Hamas qu’ils ont exécuté en pleine rue. L’homme était un cousin d’Abdel Aziz Rantissi, leader du Hamas assassiné par Israël en 2004.

Plus tôt dans la journée, trois femmes et un enfant ont été tués lors d’une attaque au mortier et à la grenade du Hamas contre le domicile d’un haut gradé du service de sécurité du Fatah, Hassan Abou Rabi. Abou Rabi a été enlevé, et son fils âgé de 14 ans ainsi que trois femmes qui se trouvaient dans la maison ont été tués. Par ailleurs, des hommes en armes du Fatah ont livré assaut sur la maison d’un député du Hamas, maison qu’ils ont complètement brûlée.

Cette violence, qui couvait depuis quelque temps, a explosé lundi matin en combats violents. Les hôpitaux sont devenus des champs de bataille et les rues des lieux d’exécutions publiques.

Le Fatah comme le Hamas, sur leurs sites web et par l’intermédiaire de SMS envoyés à leurs militants, appellent à l’exécution de leaders de l’autre bord, militaires et politiques. Les deux côtés qualifient ces combats de guerre civile totale.

(…)

Dans la nuit du lundi au mardi, des miliciens ont assiégé la maison de Jamal Abou
al-Jediyan, le plus haut représentant du Fatah au nord de Gaza, l’ont entraîné à l’extérieur et l’ont tué. Les médecins affirment qu’il a reçu 45 balles. Al-Jediyan était le plus proche collaborateur de Mohammed Dahlan. Son frère à également été tué de la même manière, à bout portant. Maher Mikdad, porte-parole du Fatah, a durement condamné cet assassinat : « Qu’est-ce que c’est, sinon une guerre? », a-t-il dit en appelant à la vengeance.

Nabil Abou Roudeineh, collaborateur de Mahmoud Abbas, a affirmé qu’aucune issue n’était en vue. « Vous pouvez constater par vous-mêmes qu’en ce moment, il n’est pas question de cessez-le-feu », a-t-il dit par téléphone à Associated Press, en faisant porter la responsabilité [des violences] sur le Hamas.

Le chef de la délégation de sécurité égyptienne, le général Bourhan Hamad, qui tentait de négocier une trêve, a déclaré à la télévision palestinienne qu’il appellerait les gens à descendre dans la rue pour protester si les deux parties ne trouvaient pas un accord pour cesser les combats.