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Ha’aretz, jeudi 11 novembre 2004
Trad. Tal Aronzon pour La Paix Maintenant
La fin du regne de Yasser Arafat cree dans les relations entre Israel et
l’Autorite palestinienne une situation nouvelle – porteuse d’opportunités
qu1il importe d1exploiter. Jusqu’a present, le Premier ministre Ariel Sharon
justifiait le caractere unilateral du retrait de Gaza et du nord de la
Cisjordanie par l’absence d1interlocuteur palestinien susceptible de mener
des negociations diplomatiques en vue d’un accord. L1an dernier, le
gouvernement a qualifie Arafat d’obstacle a tout processus de rapprochement,
decidant même par voie de consequence « de travailler a son eviction ».
Le gouvernement doit aujourd’hui revoir sa politique. Le principe qui sous
tend le plan de desengagement est juste : il n’y a de place pour des
colonies juives ni dans la bande de Gaza, ni au coeur des territoires sous
controle de l’Autorite palestinienne dans le nord de la Cisjordanie. Les
colons qui y vivent doivent etre evacues au plus vite. Si de nouveaux
dirigeants a l1image non ternie par le terrorisme, et avec lesquels Sharon
lui-meme a mene par le passe des pourparlers, remplacent Arafat, rien
n1exige plus, en revanche, que le desengagement demeure unilateral.
La mise en oeuvre du desengagement en accord avec l’Autorite palestinienne
assurerait un transfert de responsabilites sans heurts, faciliterait la
prevention des attentats pendant un processus d’evacuation complexe et
constituerait une ouverture a la reprise de negociations en vue d’un accord
dote d1un large soutien international conformement a la feuille de route.
Sharon conditionne la reprise des negociations avec les successeurs d’Arafat
au strict respect des obligations qui leur ont ete imparties dans le cadre
de la premiere etape de la feuille de route : d’abord et avant tout une
lutte sans merci contre le terrorisme ainsi que des reformes en profondeur
du gouvernement.
Nul doute que l1Autorite palestinienne doive eradiquer le terrorisme en son
sein si elle veut avancer sur la voie des negociations et d’un accord avec
Israel. Mais Israel aussi a des responsabilites a assumer. Il lui faut
donner aux nouveaux dirigeants palestiniens une chance de prendre le
controle de leur territoire en proposant a leurs compatriotes un « horizon
diplomatique » et une amélioration sensible de leurs conditions de vie.
Israel doit cependant veiller a ne pas paraitre dicter a ses voisins le
choix de leurs dirigeants.
Israel ne doit pas commettre les memes erreurs que l’annee passee lorque son
incapacite a faire des gestes combinee a l’obstination d’Arafat ont conduit
a la chute du gouvernement de Mahmoud Abbas (Abou Mazen), qui voulait mettre
fin au conflit. Israel peut prendre des mesures qui, sans mettre en peril sa
securite, renforceraient la capacite de l’Autorite palestinienne a jouer un
role actif dans le desengagement. Ces mesures doivent etre prises en
coordination avec la nouvelle direction palestinienne.
La decision adoptee hier par le cabinet d’acceder a la demande de l’Autorite
palestinienne de permettre qu1Arafat soit enterre a Ramallah est un pas
positif dans cette direction. Si Israel peut persister dans son refus de
voir Arafat inhume a Jerusalem, dans un territoire sous souverainete
israelienne, rien ne lui permet de s’opposer a ce que cet enterrement ait
lieu dans une partie de la Cisjordanie officiellement sous controle
palestinien – et ce quand bien même sa preference, pour des raisons qui lui
sont propres, irait a des obseques a Gaza.
Le gouvernement a agi comme il convenait en ne mettant aucune entrave au
traitement medical d1Arafat mourant ni a ses funerailles, et en s1imposant
dans les medias ces deux dernieres semaines un silence assez rare. Cette
judicieuse politique doit etre poursuivie envers les dirigeants qui vont
remplacer Arafat.