Vendredi dernier, j’ai eu l’occasion de participer à un colloque international sur La dignité humaine en droit de la santé: France-Chine. Je me disais: «Ne pas entendre parler d’Israël et du conflit, quel soulagement!» Et bien j’avais tort. Le président de l’Association médicale mondiale a évoqué en ces termes le projet de loi israélien sur l’alimentation forcée des grévistes de la faim palestiniens: «L’alimentation forcée est un acte violent, très douloureux, et en totale opposition au principe d’autonomie individuelle. C’est un traitement dégradant, inhumain, équivalant à la torture.»
Alors que l’image du pays est au plus bas, tandis que l’immobilisme politique y semble à son apogée, était-il indispensable pour Israël d’en rajouter?
En quelques jours, il n’est pratiquement pas un domaine sujet à l’intérêt de l’opinion internationale qui ait échappé à cette gesticulation dommageable. Outre la question des prisonniers, mentionnons le dérapage à la Knesseth du vice-ministre de l’Intérieur sur les Arabes israéliens; le projet de loi sur les ONG recevant des fonds de l’étranger (parfaitement transparents au demeurant, contrairement aux dons privés des richissimes donateurs de la droite…); les saillies de la ministre de la Culture à l’égard du milieu artistique, accusé d’hostilité à l’intérêt national; le refoulement à l’aéroport Ben-Gourion de journalistes et fonctionnaires turcs, survenant juste après la tenue en Italie d’une réunion discrète entre officiels turcs et israéliens pour tenter de renouer les liens entre les deux pays. On pourrait mentionner aussi la gestion du dossier de la flottille dite «de la liberté» en route pour Gaza. Ses organisateurs n’ont qu’un objectif: qu’on en parle, encore et encore. La position israélienne ne manque-t-elle pas quelque peu d’imagination? N’y a-t-il pas d’autre stratégie possible pour désamorcer une initiative qui vise davantage à délégitimer Israël qu’à apporter de l’aide aux Gazaouis?
Explicites ou implicites, les retombées de ce qui est fait ou dit, ou de ce qui ne l’est pas, concourent au final à créer une ambiance. Laquelle pousse divers milieux non hostiles par nature à Israël à en accepter une représentation négative qui semble s’installer de plus en plus. On a parfois l’impression que le « peuple du livre » a fait émerger des leaders désormais incapables de lire les évolutions et transformations de l’opinion publique, ou celles des rapports de force.
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