Vendredi dernier, redoutée, la Marche du million à Gaza n’a pas eu lieu. Quelques zéros de moins quant à la participation mais, hélas, quelques victimes en plus. À quoi cette accalmie retrouvée et relative servira-t-elle ? Sera-t-elle pour le gouvernement israélien l’occasion de revoir sa politique ?
Lettre d‘information de La Paix Maintenant, le 12 juin 2018
Photo : Ami Ayalon en 2008 © Olivier Fitoussi/Flash90 [DR]
Vendredi dernier, redoutée, la Marche du million à Gaza n’a pas eu lieu. Quelques zéros de moins quant à la participation mais, hélas, quelques victimes en plus.
On peut espérer que la série commencée il y a plus d’un mois se termine avec la fin du Ramadan (l’Aïd el-Fitr sera le 13 juin) et de la période des “anniversaires”.
Ce ne sera sans doute pas un retour à la normale, ne serait-ce que parce que rien de ce qui se passe à Gaza n’est normal. Il se pourrait cependant que l’intensité des accrochages baisse considérablement.
À quoi cette accalmie retrouvée et relative servira-t-elle ? Sera-t-elle pour le gouvernement israélien l’occasion de revoir sa politique ? D’agir sur le terrain et le terreau qui féconde la frustration et le désespoir des Gazouis, largement nourri par le ‘Hamas qui protège ses intérêts propres avant ceux de la population dont il a la charge. Les indispensables mesures économiques et sociales s’avéreront vite insuffisantes si elle ne s’inscrivent pas dans un cadre politique qui définira une perspective quant aux aspirations nationales des Palestiniens.
Ne nous y trompons pas : ce qui vient de se passer se reproduira sans doute si rien ne change, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Et rien ne dit que la Cisjordanie restera aussi calme qu’elle l’a été.
Le gouvernement israélien, alimenté par les projets élaborés par l’establishment militaro-sécuritaire a initié des consultations internes et envisage de prendre des mesures pour alléger le fardeau qui pèse sur la population civile, comme Nétanyahou a eu l’occasion de le formuler à ses interlocuteurs (les “3 M” : Merkel, Macron et May) au cours de son récent périple européen.
Les décisions sont difficile à prendre du fait, entre autres, des pressions d’une partie de l’opinion publique exacerbée par la droite extrême concernant la libération des prisonniers israéliens et la restitution des dépouilles que le ‘Hamas détient. Ce dernier est pris en tenaille entre le conflit qui l’oppose à l’AP et aux pays sunnites de la région et le besoin de montrer à la population palestinienne qu’il remporte néanmoins des succès diplomatiques et parvient à des résultats en matière d’amélioration du quotidien des habitants.
Mais le gouvernement, pour autant qu’il arrive à dépasser ses divisions internes, pourrait s’appuyer sur une autre fraction de l’opinion publique, ce dont atteste un récent sondage selon lequel 41% sont favorables à un allègement du blocus. Ce n’est certes pas la majorité, mais c’est assez considérable si l’on songe à l’unanimisme qui prévaut souvent en période de crise. Le bruit des fusils couvre alors le bruissement des critiques. Reste qu’une importante minorité (28%), combative et donnant de la voix, tonitrue qu’il faudrait réoccuper Gaza.Lors de l’entretien avec Serge Moati sur la 5, Ami Ayalon, ancien chef des services de sécurité, dit qu’il lui a fallu plus de 20 ans pour comprendre que le sionisme de ses parents, celui qui a construit le pays, n’existe plus, ajoutant: « Ce qui est arrivé est arrivé parce qu’on ne s’est pas vus les uns les autres.»
Le camp de la Paix israélien à travers ses associations s’efforce en tous les cas de voir l’autre et d’aller à sa rencontre, d’entendre et comprendre son narratif à défaut d’y adhérer, d’agir pour que le sionisme d’aujourd’hui, même s’il n’est plus celui d’antan, subsiste afin qu’Israël reste et perdure en tant qu’État juif ET démocratique, ce qui passe par un accord avec les Palestiniens.
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