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Haaretz, 11 decembre 2003


Le Premier ministre Ariel Sharon a presente une nouvelle option : des
mesures unilaterales qui « pourraient comprendre l’evacuation de colonies ».
Ces declarations pourraient donner l’impression que Sharon est conscient de
la situation politique actuelle et du sentiment qu’elle genere dans
l’opinion publique, et qu’il se rend compte des limites de sa politique. Un
observateur naif pourrait etre conduit a croire que Sharon est pret a se
retrousser les manches et a conduire Israel vers une realite nouvelle.

Il serait bon que Sharon precise son plan et clarifie quelles sont les
conditions, d’apres lui, pour le faire avancer. Car, a partir des vagues
declarations du Premier ministre, il est difficile de saisir quelles sont
ses veritables intentions. D’un cote, il dit qu’une solution unilaterale ne
doit etre envisagee que s’il est clair que les Palestiniens font echouer la
feuille de route. De l’autre, il parle d’eventuelles mesures unilaterales
avant meme qu’il ne soit prouve que la feuille de route ne sera pas mise en
oeuvre. Ce que Sharon n’explique pas, c’est quelles sont exactement les
conditions qui le conduiraient a conclure que les Palestiniens « provoquent
l’echec » de la feuille de route, combien de temps il accorderait a l’examen
du succes ou de l’echec de la feuille de route, et quelle pourrait etre la;
« contribution » d’Israel a cet echec.

Des mesures unilaterales ne presagent pas forcement du bon : par exemple, la
cloture de securite est une mesure unilaterale qui, par son trace
problematique, a cree de nouvelles difficultes. Le premier ministre n’a pas
precise quelles mesures unilaterales il menace (ou promet) de prendre. S’il
parle d’un veritable retrait des territoires, de demantelement de colonies,
et pas seulement de gestes pour la galerie concernant des avant-postes
inhabites, et d’un controle par les Palestiniens des territoires desquels
l’armee se retirera, alors pourquoi ne pas arriver a un accord sur ces
points avec le gouvernement palestinien? Apres tout, ces mesures
constitueraient de toute facon une application partielle des principes de la
feuille de route.

Le fait de declarer, meme sincerement, son intention de prendre des mesures
unilaterales, ne laissera pas indifferents ceux qui tentent de promouvoir
une solution politique du conflit. Dans une situation ou il n’y aurait pas
d’entite reconnue ou autorisee de l’autre cote de la frontiere
unilateralement declaree qui reconnaitrait la mesure, celle-ci pourrait
devenir vide de sens. Confronte a une absence de reconnaissance, Israel
pourrait perdre tous les benefices qui semblent devoir decouler d’une mesure
unilaterale.

Il est egalement possible que la pression internationale ne diminue pas si
les benefices engendres par ces mesure (pour les Palestiniens, ndt) ne sont
pas evidents. A partir des declarations de Sharon, on a l’impression qu’il
compte compenser des « concessions douloureuses » par des actes d’annexion
unilateraux, pour apaiser les extremistes de son parti, les partis d’extreme
droite et les colons. Des annexions unilaterales ne feraient qu’attiser le
conflit.

Tout cela ne fait que renforcer le scepticisme et les doutes a propos du serieux des intentions du premier ministre. Encore une fois, il apparait que Sharon utilise son expression « concessions douloureuses », usee jusqu’a la corde, pour des raisons tactiques : une simple declaration qui ne sera suivie d’aucun effet. Les publics israelien et palestinien, comme les amis d’Israel de par le monde, meritent d’entendre de la part du premier ministre des idees concretes, et non de simples mots vides de sens.