Par Ilan Rozenkier pour LPM
Ma’hmoud Abbas lors de son récent discours devant l’Assemblée générale de l’ONU a lâché, à défaut de la “bombe” annoncée, une “bombinette” dans la mesure où, s’il a effectivement déclaré que l’Autorité palestinienne n’était plus tenue par les accords d’Oslo, il s’est bien gardé de détailler les conséquences pratiques de cette proclamation, en particulier sur LE point fondamental: la coordination sécuritaire avec les services israéliens, gage de la tranquillité relative qui règne en Cisjordanie.
Avant même le discours de Benyamin Nétanyahou attendu pour jeudi (ces lignes sont écrites mercredi soir) les autorités israéliennes n’ont pas fait dans la dentelle. Elles viennent en effet de faire savoir qu’elles envisagent de légaliser la colonie illégale de Adeï Ad – aujourd’hui forte de 66 bâtiments, dont 11 construits sur des terres privées palestiniennes et le reste sur des terrains contrôlés par l’État d’Israël. En 2013, l’association Yesh Din [Il y a une Justice] a publié un rapport sur Adeï Ad: « On s’est rendu compte qu’il existait un plan visant à développer vers l’est la présence israélienne, afin de couper la Cisjordanie en deux, de la ligne verte [ligne de démarcation de 1949] jusqu’à la vallée du Jourdain, en passant par la colonie d’Ariel. » Cette légalisation de la colonie, qui se replierait alors sur les seules terres de l’État, apparaît comme une véritable prime à la violence: en 2014, 34 instructions judiciaires ont été ouvertes suite à des violences commises par les colons à l’encontre de la population palestinienne. Au même moment, intervenant lors d’une visite sur les collines de ‘Hébron, le ministre de la Défense, Moshé Yaalon, a été parfaitement clair: «Il n’y aura pas de gel de l’expansion des implantations.» Qu’on se le tienne pour dit!
On ne peut dans ces conditions que partager le point de vue exprimé par Shalom Akhshav, selon qui la décision de légaliser un avant-poste illégal est plus importante, et dramatique, que tout discours de Nétanyahou à l’ONU dans lequel il exprimerait son “désir de paix”. Celui qui légalise et développe des colonies isolées nichées au cœur de la Cisjordanie ne saurait déclarer dans la foulée qu’il veut sincèrement parvenir à un accord politique avec les Palestiniens – ce qui est à la base de la solution à deux États.