Ce dimanche après-midi, environ 2 000 personnes étaient rassemblées devant
le Mur de la Paix à l’appel de La Paix Maintenant sous le mot d’ordre :
« Deux Peuples Deux Etats Une Paix ».
Ont pris la parole successivvement :
David Chemla, président de La Paix Maintenant (France)
Yariv Oppenheimer, secrétaire général de Shalom Akhshav (La Paix Maintenant
Israël)
Pierre Shapira, adjoit au maire de Paris, qui a apporté le salut fraternel
de Bertrand Delanoé
Sihem Habchi, présidente de Ni putes ni soumises
Karim Hervé Benkemla, pour le Cobnseil français des musulmans laïques
Dominique Sopo, président de SOS Racisme
David Chemla a conclu et demandé à la foule de se disperser dans le calme et
en silence, ce qui fut fait.
Ci-dessous, le texte intégral de l’intervention de David Chemla
Votre présence à tous, ici, devant ce mur où le mot Paix est écrit dans
toutes les langues de la terre est le message fort que nous voulons envoyer
aujourd’hui à ces deux peuples du Moyen Orient qui s’affrontent, une fois de
plus, dans un conflit sanglant. Shalom, Salam !
Je sais que certains nous diront : comment pouvez-vous parler de paix alors
que la fumée des canons n’est pas encore dissipée, que les hôpitaux
regorgent de blessés et que tant de familles sont endeuillées ? Je leur
réponds que si l’on ne parle pas de paix, maintenant, pour donner de
l’espoir à ces deux peuples, alors quand le faire ?
La paix, nous y croyons parce que ces deux peuples ne sont pas condamnés à
voir leurs enfants, génération après génération, ne connaître que la guerre
ou tout au plus des accalmies entre deux guerres.
La paix, nous y croyons parce que ces deux peuples ne sont pas condamnés à
vivre, les uns sans espoir, sous occupation et sans Etat, les autres, dans
la hantise des attentats et des Qassams.
La paix, nous y croyons parce que toute autre voie signifie la mort pour
tous.
La Paix Maintenant milite depuis sa création il y a 30 ans pour la seule
paix possible au Moyen-Orient : celle du partage de cette terre trop sainte,
entre ces deux peuples, palestinien et israélien, qui la revendiquent. Cette
paix est possible, les deux peuples l’attendent et nous sommes ici pour les
y aider.
Nous avons lancé notre appel à ce rassemblement parce que nous avons voulu,
face à toutes les manifestations actuellement dans les rues, soit en soutien
aux Palestiniens, soit en soutien aux Israéliens, faire entendre la voix de
la raison et manifester en même temps pour les deux peuples. Il est temps
que ce conflit cesse.
Des dizaines d’associations nous ont rejoints à ce rassemblement et je les
en remercie. Je les en remercie d’autant plus que je sais que, pour beaucoup
d’entre elles, il n’est pas facile de se trouver là, alors que les
bombardements sur Gaza viennent tout juste de s’interrompre après avoir fait
des centaines de victimes civiles ou que les Qassams risquent encore
d’atteindre les villes israéliennes du Sud. Mais malgré les liens que nous
pouvons avoir, les uns et les autres avec tel ou tel camp, ce qui nous
réunit ici aujourd’hui est plus important que ce qui nous sépare.
Ce qui nous rassemble, c’est d’abord le respect mutuel que nous avons les
uns pour les autres, le respect de nos différences et l’attachement profond
à la laïcité qui est le fondement de notre République.
Ce qui nous rassemble c’est le refus que nous partageons de
l’instrumentalisation que certains veulent faire en tentant d’importer ce
conflit ici pour susciter la haine entre les communautés. Le conflit du
Moyen-Orient n’est pas un conflit entre Juifs et Arabes, ce n’est pas un
conflit entre deux civilisations, ce n’est pas un conflit religieux, c’est
un conflit entre deux peuples qui s’affrontent pour une même terre.
Ce qui nous rassemble c’est le rejet de tous ces dérapages antisémites qui
ont accompagné certains défilés en soutien à la cause palestinienne.
Ce qui nous rassemble c’est la même indignation face à tous ces actes
criminels d’agressions contre des lieux de culte juifs ou musulmans ou
contre des personnes au nom d’une pseudo-identification à un des deux camps
engagés dans une guerre qui se déroule à 5000 kilomètres d’ici.
Ce qui nous rassemble c’est la conviction que nous savons vivre ensemble
ici, malgré nos attaches respectives et que nous pouvons avoir, en nous
tournant vers ces deux peuples au Moyen-Orient qui se déchirent, pour leur
dire : Regardez, nous ici, Français, de confessions ou de cultures juive,
musulmane, chrétienne ou autre, laïques croyants ou athées, nous vous disons
ensemble d’une même voix : Vous pouvez vous aussi, là-bas, trouver le moyen
de vous partager cette terre, construire vos deux pays côte à côte, dans la
sécurité pour chacun.
Ce qui nous rassemble c’est enfin la conviction que la seule solution à ce
conflit est celle du partage de cette terre entre les deux peuples : un Etat
palestinien viable dans les territoires de Cisjordanie et de Gaza,
débarrassé de la présence des colonies israéliennes, et un Etat israélien
libéré de cette occupation qui le dénature depuis 40 ans.
Il est temps que la communauté internationale assume pleinement ses
responsabilités face à l’histoire des deux peuples de cette région. Il est
temps que cette communauté internationale s’implique pour mettre en œuvre la
seule solution possible, celle de deux Etats pour deux peuples.
Maintenant qu’Israël a annoncé un cessez-le-feu unilatéral, nous nous
adressons à cette communauté internationale afin qu’elle intervienne pour
faire en sorte d’exercer toutes les pressions sur les deux parties, afin que
ce cessez-le-feu soit consolidé, total et réciproque, mettant fin ainsi aux
opérations militaires israéliennes et aux tirs de roquettes du Hamas et qui
garantisse la sécurité des deux populations et permette le retrait des
troupes israéliennes de la bande de Gaza.
Nous nous adressons à cette communauté internationale afin qu’elle
intervienne pour exiger de l’Egypte et d’Israël la levée du blocus de Gaza,
tout en empêchant la contrebande d’armes à sa frontière.
Nous nous adressons à cette communauté internationale afin qu’elle
intervienne pour accélérer la reprise des négociations entre Israël et
l’Autorité palestinienne en vue d’aboutir enfin à un accord global et
définitif, acceptable par les deux peuples.
Nous avons voulu que ce rassemblement soit silencieux par respect des
victimes civiles de ce conflit. Je vous demande donc d’écouter les orateurs
dans le silence et le respect, sans applaudissements, ni huée.
Je vais maintenant passer la parole à quelques personnalités qui parleront,
soit au nom des principales associations qui ont soutenu ce rassemblement,
soit au nom de leur engagement personnel dans ce combat pour la paix qui
nous rassemble. A l’issue de ces interventions, nous nous disperserons tous
dans le calme. Merci encore pour votre présence aujourd’hui.