16 decembre 2002
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Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Parfois, dit-on, l’espoir brille plus fort aux heures les plus sombres.
Depuis 10 ans, les Palestiniens et les Israeliens n’ont jamais ete si eloignes les uns des autres, et pres de 3.000 personnes sont mortes depuis le debut de l’intifada.
Pourtant, « les reveurs », comme on les appelle quelquefois, preparent toujours des plans de paix, comme si tout ce qu’il fallait pour apporter la paix sur la Terre Sainte, c’etait quelques idees intelligentes.
Beaucoup de ces plans de paix sont l’oeuvre d’univeristaires, ou de politiciens potentiels.
Sans l’autorite necessaire pour appliquer leurs plans, ces auteurs sont libres de combiner imagination et voeux pieux. Mais, parmi ces « reveurs », il y en a qui ont une vraie carriere politique, et peut-etre encore plus important, ils personnifient une collaboration entre Israeliens et Palestiniens.
Alors que ces plans ont peu de chances d’etre un jour appliques dans un futur proche, le conflit israelo-palestinien a montre a plusieurs reprises que des idees qui etaient considerees comme radicales penetraient lentement depuis les marges du consensus pour finalement constituer une politique.
Meme les accords d’Oslo, qui ont change radicalement les relations entre les deux parties en offrant une perspective de paix, ont debute par des conversations menees par des universitaires israeliens, avant que le pouvoir politique ne les endosse officiellement.
En ce moment, en premiers sur la liste des « reves » se trouvent les plans de paix de Yossi Beilin et de Yasser Abed Rabbo d’une part, et d’Ami Ayalon et de Sari Nusseibeh de l’autre.
Beilin, l’architecte des accords d’Oslo et ex ministre de la justice dans le gouvernement Barak, a recemment quitte le Parti travailliste pour rejoindre le Meretz.
Abed Rabbo, ministre de la culture et de l’information dans le gouvernement
de l’Autorite palestinienne, est considere comme l’une des personnalites
palestiniennes les plus moderees.
Ayalon est un militaire decore, ex commandant de la navale et du Shin Beth.
C’est une colombe declaree.
Nusseibeh, president de l’universite Al-Quds de Jerusalem, est resposable de
Jerusalem pour l’OLP, et depuis longtemps, il defend l’idee de la paix avec
Israel.
Tous les quatre sont des personnalites respectables, mais tous sont en
minorite dans leurs communautes respectives, et n’ont pas le pouvoir
d’impulser un veritable changement.
Il n’est pas toujours facile de trouver des differences entre les deux
plans.
Tous les deux reposent sur les memes principes : un retrait total d’Israel
de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, la renonciation par les
Palestiniens au droit au retour et au terrorisme, la fin du controle du Mont
du Temple par Israel, et le demantelement des colonies en Cisjordanie et
dans la Bande de Gaza.
Selon Beilin, la plus grande difference entre les deux documents reside dans
le fait que le projet Ayalon-Nusseibeh est en fait une declaration de
principe, alors que le plan Beilin-Abed Rabbo entre dans les details, et
tente de prolonger les negociations interrompues a Taba il y a deux ans.
Et, en effet, Beilin et Abed Rabbo ont commence a travailler sur leur accord
peu de temps apres la fin des pourparlers de Taba.
« Quelques jours apres Taba, j’ai dit a Yossi que si nous avions dispose d’un
peu plus de temps, nous serions parvenus a un accord total et definitif »,
dit Abed Rabbo. « Encore aujourd’hui, je pense que jamais les deux peuples
n’ont ete aussi proches d’un accord ».
Beilin et Abed Rabbo disent qu’une nouvelle fois, ils sont proches d’un accord, mais ils n’ont plus l’influence politique necessaire pour le mettre en oeuvre.
Les deux equipes sont toujours en train de travailler sur les documents, et
veulent les rendre publics apres les elections israeliennes du 28 janvier
prochain.
Beilin est convaincu que le president du Parti travailliste, Amram Mitzna,
soutiendrait son plan s’il n’eprouvait pas le besoin de tirer son parti vers
le centre pour attirer les electeurs encore hesitants.
En fait, les deux equipes se sont pour l’instant refusees a rendreofficiellement publics leurs documents, par crainte que cette publication ne leur fasse plus de mal que de bien.
Bien que les travaillistes aient choisi une liste de candidats a la Knesset plus centriste que Mitzna, il existe plusieurs signes indiquant que la gauche conserve une forte influence a l’interieur du parti. Par exemple, son programme electoral, pour la premiere fois, ne se refere a Jerusalem que comme « la capitale d’Israel, y compris ses quartiers juifs ». Plus trace de la reference traditionnelle a Jerusalem comme « une et unifiee », ce qui implique que le Parti travailliste serait pret a renoncer aux quartiers arabes de la ville.
Meme l’ancien president du parti, Benjamin Ben-Eliezer, a dit cette semaine
que le controle des « lieux saints de la vieille ville de Jerusalem » devait
etre negocie entre des representants des trois grandes religions, ce qui est
loin de la position officielle du Likoud, pour qui aucune concession ne sera
faite sur Jerusalem.
De meme, des moderes palestiniens ont publie des encarts dans les medias de
Jeruslame Est, appelant les Palestiniens a soutenir le camp de la paix israelien, en mentionnant nommement Mitzna et Ayalon.
Les encarts sont signes par la « Campagne Populaire pour la Paix et la
Democratie – Palestine », un mouvement cree par les partisans de Nusseibeh.
Ils appellent ouvertement les Palestiniens a intervenir dans les elections
en faveur de Mitzna.
« Mitzna defend la solution proposee par Ayalon, aidons-le a l’appliquer »,
peut-on lire.
« Soutenir le document Ayalon, cela signifie l’evacuation des colonies », peut-on lire dans un autre encart. Les encarts citent des parties du document Ayalon-Nusseibeh. Pour la premiere fois, disent-ils, le document inclut « une reconnaissance du droit au retour des Palestiniens », mais precisent que les refugies palestiniens ne pourront retourner que dans le futur Etat de Palestine, et non en Israel.
Les precedentes versions officieuses du document ne parlaient que d' »une
reconnaissance des souffrances et du fardeau des refugies palestiniens ».
Le projet Beilin-Abed Rabbo parle d’une « solution symbolique au probleme des
refugies », sans mentionner specifiquement que les Palestiniens renoncent au
droit au retour. De toute facon, dit Abed Rabbo, un referendum mondial parmi les refugies palestiniens devra etre organise, afin qu’ils se prononcent sur une telle solution.
Pour sa part, Israel renoncerait a controler le Mont du Temple, bien que le plan Beilin-Abed-Rabbo ne le mentionne pas explicitement.
De telles propositions peuvent sembler indues dans le contexte de violence et de terrorisme que nous connaissons, mais la plupart des Israeliens comme des Palestiniens pensent que leurs dirigeants, un jour ou l’autre, reviendront a la table des negociations, et qu’alors, il se pourrait bien qu’ils aient besoin d’idees neuves pour redonner vie au processus de paix.