Prenant pour pretexte le « respect normal de la loi contre les constructions
illegales », l’administration civile dans les territoires a justifie la demolition, dimanche 22 janvier, de 22 batiments appartenant a des habitants arabes de la zone de Hebron. Mais Tsahal, en temps normal, ne s’occupe pas de problemes ayant trait a l’urbanisme dans les territoires. Les zones ou les demolitions ont eu lieu montrent que le respect de la loi n’etait pas la preoccupation principale des donneurs d’ordre. Il s’est agi, au choix, d’une sorte de punition collective, ou d’une maniere de se debarrasser de certains obstacles ennuyeux empechant la continuite territoriale de la colonisation juive dans la region. Que la raison en ait ete l’une ou l’autre, les demolitions sont un acte politique, et non securitaire.
18 des batiments demolis se trouvaient a proximite du « carrefour de
l’Agneau », au sud de Hebron, non loin de l’endroit ou trois soldats
israeliens ont ete tues par des tirs de fusil la semaine derniere. Selon
l’accord sur Hebron, la zone est sous controle militaire israelien, mais la
mairie de Hebron en est responsable sur le plan civil, bien que dans les
faits, elle n’y exerce plus son autorite depuis le debut de l’intifada. Les
quatre autres batiments se trouvaient sur Givat Haharsina, non loin de
l’endroit ou Netanel Ozeri a ete tue il y a trois semaines. L’endroit est
sous controle israelien et considere comme faisant partie de la commune de
Kiryat Arba. Les batiments detruits se trouvaient sur un terrain prive,
propriete palestinienne.
Il est difficile de comprendre les raisons de la soudaine sensibilite de Tsahal vis-a-vis de l’urbanisme et des lois regissant la construction, surtout quand cela concerne la construction dans la zone de Hebron. Jusqu’ici, l’armee a demoli des batiments au bulldozer, mais toujours comme punition, destinee a dissuader les terroristes potentiels. Ici, aucun lien entre le terrorisme et les batiments demolis n’a ete invoque.
Les bulldozers de Tsahal n’ont touche a aucune des structures construites
illegalement par les colons, et en particulier, ils n’ont pas touche aux
quatre batiments eriges par Ozeri, en violation flagrante des ordres de
l’administration civile. Ces quatre batiments ont ete construits sur la
commune de Kiryat Arba, en contradiction avec un arret provisoire de la
Haute Cour de Justice interdisant de telles constructions. On peut douter
que Tsahal soit en mesure de fournir a la Cour une raison valable expliquant
pourquoi elle a ignore la construction des quatre batiments d’Ozeri, malgre
l’arret de la Cour, ou les raisons de son attitude discriminatoire envers
les batiments environnants detruits.
Depuis les accords d’Oslo, Israel a considerablement reduit le fonctionnement de l’administration civile, et sa responsabilite envers le sort des habitants des territoires occupes. Si, malgre tout, les lois concernant l’urbanisme et la construction doivent etre appliquees, elle doivent l’etre en tenant compte le plus possible du contexte conflictuel et des consequences de toute operation. Quand Tsahal controle une zone ou Juifs et Arabes sont en conflit permanent, l’application de la loi requiert une prise en compte des circonstances particulieres et une comprehension du contexte general.
On ne peut pas ne pas remarquer le comportement laxiste de Tsahal quand il
s’agit de faire respecter la loi par des Juifs, quand on le compare a l’efficacite et a la determination dont il fait preuve quand il s’agit de Palestiniens. Les avant-postes illegaux, les « ameliorations sans permis » de maisons de colons, et les extensions de juridiction des colonies sans aucun permis, sont autant d’evidences de cette attitude laxiste.
L’armee, qui a toute liberte d’action quand il s’agit de lutter contre le terrorisme, ne peut pas se permettre de repousser les limites de ce qui estpermis quand elle applique la loi contre des Palestiniens. Une politique discriminatoire ne sert pas la securite, elle sert une politique.