Israël n’a jamais approuvé le soutien du Qatar au ‘Hamas. Toutefois, alors que les pays du Golfe exigent à présent que Doha cesse de soutenir le groupe palestinien, Israël redoute ce qui pourrait advenir ensuite.
Dans son article, Yuval Abraham, après avoir retracé les liens, l’aide financière et le soutien politique que le Qatar entretient et fournit au ‘Hamas depuis longtemps, constate que « les sanctions prises à l’encontre du Qatar le 4 juin dernier ont été saluées comme une victoire par une grande partie du public et certains médias israéliens. Cependant, le gouvernement est resté étrangement muet », reprend Blandine Le-Roy dans la synthèse ici donnée de cet article.
voir middleeasteye.net*, ed. française, reportages, le 16 juin 2017
Un ancien chef de la délégation israélienne au Qatar, Eli Avidar, a déclaré à MEE qu’Israël devait faire pression sur le Qatar pour qu’il cesse de financer le terrorisme et qu’il ne comprend pas « pourquoi Israël n’est pas plus actif et ne s’exprime pas plus directement en ce qui concerne les mesures contre le Qatar ? » Seul le ministre de la Défense, Avigdor Lieberman a déclaré que l’initiative ouvre « de nombreuses possibilités de collaboration dans la lutte contre la terreur. »
Beaucoup d’universitaires, d’analystes et de membres du renseignement pensent qu’Israël pourrait avoir plus à perdre qu’à gagner dans cette crise. E. Avidar reprend leurs analyses : « Ils expliquent que l’approche d’Israël vis à vis du Qatar est double : d’une part, il y a du ressentiment en raison de son soutien au ‘Hamas et de l’asile qu’il offre à ses dirigeants ; d’autre part, Israël attribue une grande importance au soutien Qatari pour la réhabilitation de la bande de Gaza et pour l’argent fourni pour les salaires et les services civils de Gaza. L’intérêt d’Israël est d’appuyer une médiation américaine qui mette fin à cette affaire en sapant la position de l’Iran et du ´Hamas ».
Car les dangers de cette situation sont :
Une relation plus forte entre le ‘Hamas et l’Iran, un effondrement de la situation humanitaire à Gaza et une prise de contrôle par l’Autorité palestinienne. Un rapport de l’Institut israélien pour la recherche en matière de sécurité souligne : « Israël reconnaît qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients à coopérer avec le Qatar, ce dernier affaiblissant l’influence de l’Iran sur le ‘Hamas et la bande de Gaza. » Le rapprochement entre l’Iran et le ‘Hamas et le soutien qui en découlerait, malgré l’opposition régionale chiite/sunnite, encouragerait les mouvements islamiques des Frères musulmans ;
• La crainte d’une autre guerre. Le chercheur israélien Shaul Yanai dit qu’un ‘Hamas désespéré, sans soutien financier, couplé à la possibilité d’élections au sein de la coalition gouvernementale israélienne sous tension, est susceptible de se révéler un mélange toxique. « Cela pourrait- constituer une base fertile pour la guerre. Les responsables politiques désespérés ont tendance à partir en guerre » ;
• La peur de l’Autorité palestinienne. Israël ne souhaite pas voir cette dernière prendre le pouvoir à Gaza et cherche plutôt à maintenir la coupure avec la Cisjordanie. La récente demande du président Abbas au cabinet israélien de réduire l’approvisionnement en électricité de la Bande est destinée à affaiblir le ‘Hamas. Le porte-parole de l’Autorité, Tareq Rashmawi, a demandé que le « ‘Hamas remette à l’Autorité palestinienne toutes les responsabilités des institutions gouvernementales de Gaza ».
Dans cette situation complexe entre Israël et Gaza, entre le ‘Hamas et l’AP, la pression sur Gaza demeure et le ‘Hamas a émis des avertissements et déclaré que cette décision [de couper l’électricité] « accélèrerait la détérioration et l’explosion de la situation dans la bande de Gaza. »
Le MEDIA
Middle East Eye (MEE) est un média d’information britannique en ligne et en diverses langues couvrant le Moyen-Orient — fondé en 2014 par l’ancien rédacteur en chef de la politique étrangère du Guardian, David Hearst. Ses collaborateurs proviennent d’horizons variés et David Hearst précise que sa rédaction n’est liée à aucun gouvernement ni mouvement politique.
L’AUTEUR
Yuval Abraham : Journaliste israélien freelance.