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Haaretz, 11 juin 2004
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Yasser Arafat désire-t-il réellement la destruction d’Israël plutôt qu’une solution au conflit? Cette conception est devenue une évidence en Israël, mais nombreux au sein du monde du renseignement n’y croient tout simplement pas.
Dimanche, alors que Shaul Mofaz, ministre de la défense et partisan du plan
de désengagement, transpirait au conseil des ministres, le chef du département diplomatie/securité du ministère de la défense semblait calme et serein. Amos Gilad, qui a dirigé la division recherche du renseignement militaire (RM) de 1996 à 2001, et de 2001 a 2003 a coordonné les actions dans les territoires, a eu plus que sa part dans la décision d’Ariel Sharon de prendre des mesures unilatérales. C’est lui qui a fourni à Ehoud Barak, le prédecesseur de Sharon, l’argumentaire professionnel de la théorie « pas de partenaire palestinien ». Base de la théorie : Barak a fait une offre genereuse à Yasser Arafat, et quand ce dernier l’a refusée, son vrai visage s’est révélé : celui d’un terroriste dont le but est la destruction
d’Israël.
Cette théorie, qui a gagné son qualificatif de « konseptzia » [[« conception » – mot qui renvoie aux évaluations erronées ayant précédé la guerre de Kippour]] dans les milieux du renseignement, est crue aujourd’hui par de nombreux Israéliens, et a egalement de nombreux partisans à l’étranger. Elle a été d’autant plus acceptée qu’elle apparaissait sur un terreau gorgé du sang des victimes de l’intifada. Mofaz, chef d’état-major, puis ministre de la défense, et Moshe Yaalon, adjoint de Mofaz a l’état-major, puis son successeur, ont adopté la konzeptzia et l’ont diffusée. Des politiques, de gauche comme de droite, ainsi que le général Aharon Zeevi (Farkash) chef du renseignement militaire, ont fait de même.
Des analyses comme celles présentées par Gilad dimanche, dans son bureau au
ministere de la défense, ont été bien accueillies par le cabinet du Premier ministre. « Arafat entend qu’Oslo atteigne son objectif stratégique, selon lequel Israël n’a aucun droit à exister », a dit l’homme qui dirigeait la division recherche du renseignement militaire à une époque où les accords d’Oslo agonisaient. « Arafat représente un danger terrible. Rien ne bougera tant qu’il vivra. Si l’on ne s’en occupe pas comme il faut, il nous laissera un héritage que personne n’osera contester ».
Grâce à la position qu’il a occupée et à son pouvoir de persuasion, la konseptzia de Gilad a pénétré dans tous les foyers israéliens. Mais derrière les portes de certains foyers, dont ceux d’officiers importants des différents services de renseignement, on chuchote des analyses différentes, pour ne pas dire opposées. Amos Malka, qui a dirigé le RM entre 1998 et 2001, et qui était le supérieur direct d’Amos Gilad, est l’un d’eux, et sa version contredit complètement celle de Gilad. De même, Ami Ayalon, chef du Shin Bet quelques mois avant le début de l’intifada, Mati Steinberg, conseiller spécial au Shin Bet pour les affaires palestiniennes, jusqu’a l’année dernière, et le colonel Ephraim Lavie, officier du département recherche spécialiste du monde politique palestinien à l’epoque, et sous les ordres directs d’Amos Gilad.
La violence : une arme ou un catalyseur?
Amos Malka détaille l’évaluation de la situation qu’il a présentée à l’état-major et au gouvernement, du temps ou il était l' »évaluateur national ». De temps à autre, il fouille dans ses papiers et insiste pour dire que chacun de ses mots est ancré dans les analyses effectuées par la division recherche.
Malka : « l’hypothèse était qu’Arafat privilégiait le processus diplomatique, qu’il ferait ce qu’il pourrait pour aller au bout, et qu’il n’aurait recours à la violence qu’au cas où il se trouverait dans une impasse. Mais cette violence serait destinée à le sortir d’une impasse, de mettre en branle une pression internationale pour obtenir un gain determinant. Voila l’hypothèse que j’ai trouvée quand j’ai pris mes fonctions. Puis, j’ai pu la confirmer moi-même et la porter à l’attention des dirigeants. (…)
« En mai 1999, nous avons reçu la meilleure preuve qu’Arafat soutenait le processus diplomatique. Avant cette date (à l’origine, date limite pour la conclusion d’un accord définitif), tout le pays se trouvait plongé dans une crise terrible par rapport à ce qui allait se produire : la déclaration unilaterale d’un Etat palestinien. Au renseignement militaire, nous avons pensé que rien ne se produirait en mai 1999, et qu’Arafat attendrait les élections en Israel, la formation d’un nouveau gouvernement et la définition d’une nouvelle politique ».
Malka relit ses notes de mars 2000 : « Si Arafat pense que le canal diplomatique est incapable de le faire avancer vers cet objectif (un Etat palestinien) en 2000, il pourrait prendre des mesures unilatérales. S’il se rend compte qu’un progrès n’est pas du domaine du possible, la crise pourrait évoluer vers des formes de lutte armée. Conclusion : sans un mouvement dans le processus diplomatique, qui donnerait à Arafat le sentiment d’un progrès réel, il existe une haute probabilité que les hostilités reprennent ».
Un « progrès réel » aurait-il empêché la reprise des hostilités? Gilad reaffirme qu’Arafat n’a jamais abandonné sa vision du droit au retour, afin de hâter la victoire palestinienne sur Israël sur le plan démographique. L’actuel chef du renseignement militaire, Zeevi, ainsi que l’ancien chef du Mossad, Ephraim Halevy, partagent cette analyse : Arafat n’accepte toujours pas l’existence d’un Etat juif, et n’a pas renoncé à la lutte pour l’eliminer.
Pour Malka, leur version ne repose sur aucun document. « Nous sommes partis
de l’hypothèse qu’il était possible de parvenir à un accord avec Arafat dans les conditions suivantes : un Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale et la souveraineté sur le Mont du Temple, 97% de la Cisjordanie plus des échanges de territoires selon un ratio 1:1 pour les territoires restants, une formule qui comprendrait la reconnaissance de la responsabilité d’Israël pour le problème des réfugiés et une disposition à accepter 20.000 a 30.000 réfugiés. Tout au long de cette période, cela a été l’évaluation du renseignement militaire : il [Arafat] devrait obtenir une quelconque declaration qui montrerait qu’il n’a pas bradé [le droit au retour], mais il serait prêt à se contenter d’une application tres limitée ».
La crise du droit au retour
L’éventualité d’une déclaration unilatérale de l’Etat palestinien en septembre 2000, et le danger d’une dérive vers un conflit violent, étaient au centre de la discussion qui eut lieu en mai 2000, au sein de l' »administration de paix » de Barak, alors que ce dernier avait menacé publiquement d’une reaction dure, qui pourrait aller jusqu’à la réoccupation de territoires. Au cours de la discussion, certains intervenants ont exposé leur crainte que la crise ne dégénère en une reaction violente de la part de la rue palestinienne. Mati Steinberg ajouta qu’une incursion israélienne dans les territoires pourrait provoquer un soulèvement des Arabes
israéliens. Ce furent en fait les officiers du renseignement militaire d’Amos Gilad, qui exprimèrent leurs réserves quant à cette hypothèse, et suggérèrent que la réaction en reste au niveau de la propagande, du juridique et de la diplomatie. D’après le témoignage de trois des participants à la discussion, aucun des officiers du renseignement militaire n’a prétendu qu’Arafat comptait faire exploser le processus diplomatique et revenir à l’option militaire.
Plusieurs semaines plus tard, le 15 juin, avant son depart pour Camp David,
Barak convoquait une conférence avec un groupe de militaires et de conseillers. « Ce fut l’une des discussions les plus excitantes et les plus intéressantes auxquelles il m’ait jamais été donné de participer », se souvient Amos Gilad, qui ajoute : « j’ai prevenu Barak qu’Arafat ne renoncerait pas au droit au retour pour réaliser son objectif ». D’après certains des participants à ladite reunion, tous les intervenants sont tombés d’accord pour dire que si Arafat n’obtenait pas ce qu’il espérait, il aurait recours à une violence limitée. Personne ne se souvient qu’il ait été dit qu’Arafat avait pour but la destruction d’Israël par la démographie. Il n’a pas été fait non plus mention que les Palestiniens abandonneraient le processus de paix en faveur de la lutte armée totale. Personne, pas même Gilad lui-même, n’a prétendu qu’Arafat exigeait qu’Israël accepte d’accueillir 300.000 a 400.000 réfugiés dans le cadre du droit au retour.
Un document issu du département recherche/ équipe « information », dirigé par
Amos Gilad confirme que le renseignement militaire n’a pas cru qu’Arafat
s’attendait à un retour massif de refugies. Ce document analyse une note
écrite en juin 1999 par le Dr Assad Abed al-Rahman, membre du brain trust de
l’OLP et en charge du portefeuille des réfugiés et des personnes déplacées.
« Dans son tour d’horizon des solutions possibles au problème des réfugiés,
Abed al-Rahman présente une position rigide, dont même le leadership
palestinien a compris qu’elle n’était plus réaliste », dit le document. « Même les partisans d’une position ‘extrême’, dont Arafat, pensent aujourd’hui que, si Israël reconnaît le principe du droit au retour, son application peut etre partielle et limitée ».
Dans une conference donnée à l’université de Princeton en mars 2002, dont le
contenu n’a pas encore été publié, Mati Steinberg affirme que le sommet de
Camp David a échoué à cause du problème du Mont du Temple, et non à cause du droit au retour, qui n’a pratiquement pas fait l’objet de discussions pendant le sommet, et qui est apparu par la suite en Israël pour creer un consensus intérieur dans l’opinion publique.
Les remarques de Steinberg vont dans le même sens que celles de Yossi
Ginnossar (éminence grise de Barak, ndt), qui avait participé à Camp David :
dans une interview au quotidien Yediot Aharonot donnée avant sa mort,
Ginnossar a dit que la thèse de l’echec du sommet à cause du droit au retour
était destinée à justifier l’échec en question, et qu’elle constituait « une campagne trompeuse qui a contribué a semer le desespoir dans la société israélienne et a causé du tort au processus diplomatique qui s’en est ensuivi ».
Dans une conférence sous l’égide du Centre Peres pour la Paix, au printemps
de l’année dernière, Ephraim Lavie, qui avait suivi de près les négociations en vue d’un accord définitif, a analysé les raisons pour lesquelles le sommet avait échoué. D’apres lui, il n’y a pas, et il n’y a jamais eu aucun fondement à l’hypothèse selon laquelle Arafat ou tout autre dirigeant palestinien se serait écarté de la résolution adoptée a Alger en 1988 par le Conseil National Palestinien : la création d’un Etat palestinien sur les frontières de juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, et une solution au problème des réfugiés.
Néanmoins, Lavie indique que depuis Oslo, le leadership palestinien sait
parfaitement qu’il n’existe aucune chance qu’Israël accepte l’élément droit au retour et l’applique. Le leadership se contente donc d’une reconnaissance de principe du droit au retour et de l’injustice historique, et est prêt à accepter une application limitée, à laquelle Israël donnerait son accord.
Ephraim Lavie, qui servait d’officier de renseignement dans l’administration de paix de Barak, affirme qu' »à Camp David, il y avait une sorte de solution en vue pour le problème des réfugiés, sous forme de compensations et d’un petit nombre de réfugiés qui retrourneraient en Israël, sous une appellation quelconque… Israel considérait Camp David comme un sommet crucial, et
exigea d’Arafat qu’il renonce explicitement au droit au retour, renoncement
que les institutions de l’OLP n’avaient jamais approuvé. Arafat rejeta l’injonction et s’enferma dans sa position : tout réfugié devait se voir accorder le droit de choisir entre un retour dans les territoires de 1949 ou des compensations, et le conflit ne se terminerait qu’avec l’application de cet accord. Israël interpréta cette position comme découlant de la non-volonté d’Arafat de prendre la décision historique de faire une concession sur le droit au retour, et présenta cela comme une preuve de son intention de démolir l’existence d’Israël ».
Quelques semaines avant Camp David, Amos Malka passait en revue pour le
gouvernement les positions d’Arafat. « J’ai dit qu’il n’y avait aucune chance pour qu’il transige sur 90% des territoires, ou meme sur 93%. Ce n’est pas un agent immobilier, et il ne s’arrêtera pas à mi-chemin. Barak me dit : « êtes-vous en train de me dire que si je lui offre 90%, il ne les acceptera pas? Je n’accepte pas votre évaluation ». Je lui ai repondu qu’en effet, il n’y avait aucune chance pour qu’il accepte.
Haim Ramon (ministre travailliste d’alors, ndt) a dit : « vous essayez de me dire que si nous lui offrons 77%, prenons un engagement sur 20 ans pour 10% supplémentaires, et encore 20%, et que nous nous arrêtons a 90%, il ne
l’acceptera pas? » J’ai dit a Barak et Ramon que la différence entre eux et moi, c’est qu’ils parlaient à partir de leurs attentes, alors que j’essayais de neutraliser mes attentes afin de fournir une évaluation professionnelle. Mais Barak se pensait capable d’effectuer ses propres évaluations sans avoir recours à celles du renseignement militaire, car il se croyait plus intelligent que tout le monde. Ensuite, il lui a été pratique d’expliquer son échec par une description distordue de la réalité ».
Pourquoi la terreur a commencé
Dans son nouveau livre, « Hazit lelo Oref » (« Un front sans arrière »), Shlomo
Ben-Ami (ministre des affaires étrangères et négociateur en chef du gouvernement Barak) ecrit qu’immédiatement après le sommet, « des sources de
renseignement » ont eu des echos de Ramallah qui laissaient espérer « la reprise du processus en vue d’explorer toutes les occasions d’un accord ». D’après son témoignage, Barak lui-même était alors partie prenante dans les efforts pour effectuer une percée. Comment cela s’accorde-t-il avec la version selon laquelle, à Camp David », « le vrai visage d’Arafat a été révélé »? Pourquoi le premier ministre et le ministre des affaires étrangères ont-ils continué à perdre leur temps dans des négociations?
Amos Malka affirme que même après que les pourparlers de paix eurent cédé
leur place aux hostilités, le renseignement militaire n’a pas révisé ses évaluations. Pas plus que les unités de recherche du Shin Bet, le Mossad, le ministère des affaires étrangères et le coordinateur des actions dans les territoires n’ont adopté la thèse selon laquelle Camp David avait révélé « le complot d’Oslo ».
Au sein du renseignement militaire, l’hypothèse de travail officielle était qu’Arafat continuait à considérer le terrorisme comme une arme stratégique qui pouvait réduire le fosse entre Israël et les Palestiniens. Mais le chef actuel du renseignement, Zeevi, comme Mofaz et Yaalon, estime qu’il n’existe aucun lien entre l’état du processus de paix et le terrorisme. D’apres Gilad, « Arafat est fidèle à sa perception selon laquelle le terrorisme peut nous briser et il ne permettra pas à l’appareil de sécurité de s’occuper efficacement du terrorisme aussi longtemps que sa vision politique (la grande Palestine) ne prévaudra pas ».
Ami Ayalon (ancien chef du Shin Bet, ndt), cependant, pense que lorsqu’un progrès est en vue dans le domaine diplomatique, l’Autorité palestinienne réduit le Hamas au silence. Steinberg, son ancien conseiller, est du même avis : « le leadership palestinien est prêt à affronter son opposition interne à une seule condition : un progrès dans l’application des accords intérimaires, ou, pour le moins, un espoir de progrès », a-t-il dit a Princeton. Steinberg explique que, bien que l’intifada n’ait pas ete précédée d’une planification ou d’une préparation palestiniennes, ni au plus haut niveau ni au niveau local, « à partir du moment où elle s’est déclenchée, Arafat et la majorité des Palestiniens ont eu intérêt à
exacerber la crise, supposant que cela produirait un bénéfice politique ». Malka ajoute qu’avec le début des hostilités, Arafat a pensé qu' »il allait vers quelque chose de bien plus limité, qui causerait un choc… Deux ou trois jours plus tard, Arafat ne pouvait plus aller contre la rue ». (…) Malka est convaincu qu’aujourd’hui encore, si Israël offre à Arafat un Etat sur 97% des territoires, avec Jérusalem pour capitale, des échanges de territoires, et le retour de 20.000-30.000 réfugiés, il signera l’accord et donnera l’ordre de déposer les armes.
Malka : Gilad réécrit les analyses
Alors que le probleme des analyses des services de renseignement fournies à
la veille de la guerre en Irak a fait l’objet d’une vaste enquête parlementaire (qui a conclu qu’elles n’avaient pas été fondées sur des informations fiables, mais plutôt sur des estimations et des hypothèses), les incohérences concernant le domaine palestinien n’ont jamais été examinées.
L’ancien chef du renseignement militaire Amos Malka a une réponse qui dérange quand on lui demande où il se trouvait quand son subordonné, Amos Gilad, diffusait sa version des évènements : « j’ai fait tout ce que j’ai pu. Je suis allé plusieurs fois à la Knesset devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense, et j’ai soumis des rapports au chef d’état-major. Je n’ai affirmé nulle part que j’acceptais la théorie selon laquelle Oslo était un complot pour éliminer Israël. A mon grand regret, Mofaz (chef d’état-major à l’époque, aujourdhui ministre de la défense) et son adjoint Yaalon (aujourd’hui successeur de Mofaz) n’ont pas tenu compte de ce que je disais. Ce que disait Gilad leur convenait mieux, et ils l’ont
donc adopté. »
Malka note que Gilad « a joué un role très important et a influencé un grand nombre de gens. Grâce à son pouvoir de persuasion, et dans une situation où personne au gouvernement ne lit les rapports des services de renseignement, à part le ministre de la défense et le ministre des affaires étrangères, qui les lisent un peu, les ministres sont conquis par des conférenciers professionnels, qui mettent des « je » dans 50% de leurs textes ».
Malka met en doute l’intégrité professionnelle de Gilad : « je dis, et je pèse mes mots, que pendant la totalité de la période ou j’ai servi en tant que chef du renseignement militaire, pas un seul document issu du département recherche n’a exprimé l’évaluation que Gilad prétend avoir présentée au premier ministre. Comme il est de règle, aucune document ne peut quitter le département sans l’approbation du chef du département (Malka en l’occurrence, ndt). Il est donc impossible que Gilad ait pu exprimer par écrit une opinion contraire à celle de tous les spécialistes du domaine palestinien. S’il y a eu une différence entre les évaluations, on ne peut parler que de complot. Mais, Gilad ayant suffisamment le sens de l’histoire, on ne peut pas non plus supposer que Gilad ait transmis oralement une conception différente de celle qui figurait par écrit. Je prétends donc que ce n’est qu’après l’échec des pourparlers de Taba, à la veille des élections
de 2001, que Gilad a commencé a réécrire a posteriori les évaluations du
renseignement militaire ».
(…)
Gilad, dont les relations avec Malka se sont refroidies depuis ce désaccord, ne s’émeut pas outre mesure des versions qu’avancent Malka et Lavie. « Je n’aurais aucun problème si mille personnes pensaient autrement que moi. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils ont raison. Il est mensonger de dire que je n’ai pas fait entendre des évaluations différentes. (…) J’insiste, j’ai toujours affirmé ce que je dis aujourd’hui ».
Démobilisé, Gilad continue à fréquenter de près les cercles décisionnaires en matière de sécurité et de diplomatie, et d’influencer les dirigeants avec le même ton peremptoire et la même conviction, bien que ses opinions ne soient pas partagées chez les professionnels du renseignement militaire.