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Daily Star, 3 decembre 2003
Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant
Mercredi, Arafat termine sa troisième annee de captivité virtuelle. Après
les atrocités du 11 septembre 2001, le gouvernement d’Ariel Sharon entamait
une campagne délibérée tendant à comparer la lutte des Palestiniens contre
l’occupation à la violence insensée perpétrée par les 19 terroristes d’Al Qaeda. Moins de trois mois plus tard, les tanks israéliens commencaient à detruire par à-coups le QG d’Arafat à Ramallah, processus qui finit par devenir un véritable siège, plus ou moins serré selon les périodes, depuis deux ans. Depuis, Sharon, au choix, traite Arafat de « non pertinent », ou menace de l’assassiner en tant qu' »obstacle à la paix ». Pourtant, en dépit des pressions exercées par Israël avec l’aide de leurs alliés américains, c’est Arafat qui demeure le personnage au centre de cette tragédie. Tant qu’il sera en vie, aucun accord de paix ne pourra voir le jour sans son imprimatur.
Cela n’etait pas inéluctable. L’action déplorable d’Arafat depuis son retour dans les territoires occupés sous les auspices d’Oslo a convaincu nombre de ses compatriotes que le symbole de leur libération était un tràs mauvais chef d’Etat, en plaçant au gouvernement des copains-coquins, en laissant s’étendre la corruption et en détournant des fonds provenant de l’aide internationale. Comme on pouvait s’y attendre, les Palestiniens n’ont pas été particulièrement impressionnés quand Arafat leur a proposé la même stratégie lamentable qui lui a permis (et à eux aussi) de devenir indésirables en Jordanie et au Liban.
C’est Sharon qui a redonné vie a la popularité déclinante d’Arafat quand, en
septembre 2000, et en tant que chef de l’opposition protégé par 1000 hommes de la police des frontières, il effectua sa visite de provocation dans le lieu sacré le plus « chaud » du monde. En tant que Premier ministre, c’est Sharon qui a contribué définitivement à la resurrection d’Arafat en lui permettant encore une fois de jouer au modéré, au patriote, à l’opprimé. Chaque fois que l’armée israélienne se lance dans des operations sans mesure qui suscitent des reactions également sans mesure de la part de groupes comme le Hamas, c’est Arafat qui apparaît comme l’homme d’Etat responsable. Chaque fois que Sharon a recours à sa tactique à courte vue et cherche à éliminer son vieil ennemi en affaiblissant l’Autorite palestinienne et/ou en imposant des souffrances à son peuple, c’est Arafat qui de nouveau remonte dans l’estime des masses.
Si elles n’ont que mépris pour ses échecs en tant que gouvernant, personne mieux que lui ne personnifie leurs aspirations. Comme un étendard humain, c’est autour d’Arafat que les Palestiniens se regrouperont s’ils sont soumis à des mesures draconiennes destinées a les rendre plus hargneux qu’ils ne le sont déjà.
La véritable victime de l’obsession Arafat de Sharon, c’est la confiance mutuelle bâtie par le processus d’Oslo. Deja entamées par l’obstination du gouvernement d’Ehoud Barak dans les negociations, les réserves de bonne volonté des deux côtés ont ete délibérément vidées par ses successeurs du Likoud. Arafat est toujours là, mais le nombre de Palestiniens et d’Israéliens qui croient en la possibilite d’un accord negocié diminue. Des deux côtés, les majorites désirent faire la paix, mais aucune ne croit qu’elle peut faire confiance à l’autre. Arafat a laissé cela arriver, mais Sharon a fait de son mieux pour le rendre inévitable.
diffusé par Balanced Middle East News
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