Gérard CHALIAND : ” Au Moyen-Orient, les USA s’appuieront davantage sur leurs alliés et l’un d’eux s’appelle Israël.”
Gérard CHALIAND répond aux questions de Paul Ouzi MEYERSON. Après le départ “précipité” des Américains d’Afghanistan, quelle sera la politique de Washington au Moyen-Orient ? Sur qui les USA s’appuieront-ils pour maintenir leur influence dans la région ? Retournement stratégique ou changement tactique ? Une reprise des négociations entre Israël et les Palestiniens est-elle de nouveau possible ?
Gérard CHALIAND est un géostratège, spécialiste des conflits armés et des relations internationales. Il suit de très près, depuis de nombreuses années, les guerres asymétriques qui opposent l’Occident aux autres systèmes politiques et idéologiques. Il est l’auteur de nombreux ouvrages importants et vient de publier «Des guérillas au reflux de l’Occident» aux éditions Passés composés.
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Gérard Chaliand rappelle qu’après la Deuxième Guerre mondiale, en 1945, la priorité pour les États-Unis, c’était l’Europe face à l’URSS ; désormais c’est la région Indo-Pacifique où s’exerce la puissance de la Chine. Dans ce contexte, le Moyen-Orient demeure pour eux important mais n’est plus une priorité comme ce le fut pour les “néoconservateurs” américains, pendant les années 2002 et 2003, lorsque ces derniers pensèrent réformer la région en transformant l’Irak en “démocratie modèle”. Selon le géostratège : “Les USA vont s’appuyer sur leurs alliés dans la région et l’un d’eux s’appelle Israël. L’ère des interventions armées est terminée pour les Occidentaux qui restructurent leurs stratégies. Désormais, États-Unis en tête, ils recourront à l’aide économique et aux forces de substitution, c’est-à-dire au “soft power”. Pour Gérard Chaliand, les pays qui composent les “Accords d’Abraham” (1) seront le relais sécuritaire et diplomatique des USA au Moyen-Orient, Israël en tête avec le soutien de l’Arabie Saoudite et de l’Égypte. “Nous avons là un pôle puissant qui rassemble la majorité des Arabes sunnites”, souligne-t-il. Dans ce nouveau cadre, “il faut s’attendre à des discussions et des aménagements économiques entre Israël et les Palestiniens mais rien de décisif ne se fera car aucune des parties directement concernées n’a envie d’aboutir, surtout pas le Hamas. A l’horizon, je ne vois pas la création d’un Etat palestinien”, conclut Gérard Chaliand.
(1) Le 15 septembre 2020, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et Israël signaient à Washington les “Accords d’Abraham”. Il s’agissait d’instaurer des relations officielles entre les deux émirats du golfe arabo-persique et l’Etat hébreu, un triangle diplomatique consacré par un accord trilatéral. Dans leur sillage, le Soudan et le Maroc ont depuis normalisé leurs relations avec Israël. L’Arabie Saoudite et l’Égypte (qui a signé la paix avec Israël en 1979) soutiennent ces accords.