NAVA HEFETZ  » Sde Teiman… Dans la tradition juive, il est dit : quand l’ennemi tombe à terre, ne te réjouis pas de sa défaite « 

Dans le cadre de Chroniques pour la Paix, émission bimensuelle parrainée par La Paix Maintenant et JCall sur Radio Shalom, Ilan ROZENKIER s’entretient avec Nava HEFETZ des récents évènements de Sde Teiman (maltraitance de prisonniers du Hamas, incidents lors de l’interpellation de soldats soupçonnés d’être responsables de ces actes…) et de leur signification quant à l’état de la société israélienne.

Nava HEFETZ, rabbine, ancienne Directrice éducative et inter confessionnelle de l’ONG  » Rabbins pour les Droits Humains « , est la fondatrice de l’initiative GEOME « Geopolitics and religion encounters in the Middle East ».


https://radioshalom.fr/podcasts/les-chroniques-pour-la-paix-175/ilan-rozenkier-recoit-nava-hefetz-ancienne-directrice-educative-et-inter-confessionnelle-de-l-ong-rabbins-pour-les-droits-humains-2175 


Ce jour, Ticha beAv, est devenu au fil du temps le symbole et le signe d’avertissement des ravages que peuvent provoquer la guerre fratricide et de la haine gratuite. Dés lors qu’il est question de guerre fratricide, on pense tout naturellement à une guerre interne entre de membres d’une même famille, d’une même communauté, d’un même pays. Mais on peut élargir encore d’avantage en tant que frères en humanité. C’est donc de notre rapport à l’Autre qu’il s’agit.

En ce sens, les récents évènements qui se sont produits à la prison de Sde Teiman ( maltraitance voire tortures de prisonniers du Hamas) ainsi que les incidents provoqués par des Israéliens à Sde Teiman puis au camp militaire de Beit Lid lors de l’interpellation des soldats soupçonnés de s’être livrés à ces violences, ne seraient-ils pas non pas des actes anodins mais l’un des indicateurs de l’état de la société israélienne?

Que nous apprennent ces évènements sur l’attachement de la société à l’éthique juive, sur sa capacité compassionnelle l’égard d’autrui, fût-il l’ennemi haï? N’expriment-ils pas une brutalisation croissante à l’égard de l’étranger et, par ruissellement, en interne, au sein même de la société israélienne?

Nava Hefetz, après avoir en préambule réfuté la notion de ‘haine gratuite’, apporte des précisions sur GEOME puis revient sur l’affaire de Sde Teiman. Il est ensuite question du pourquoi accorder tant d’importance à ces maltraitances qui certes ne sont pas normales mais pourraient être compréhensibles en temps de guerre. Les pays qui poussent des cris d’orfraie, ont-ils réussi à mieux faire, à Guantánamo, en Algérie, en Irlande?

Le plus grave, le plus porteur de sens est-il que des individus s’adonnent à de telles abominations? Que les institutions dont ils dépendent gardent le silence? Qu’une large fraction de l’opinion publique, sans approuver pour autant de tels comportements, les tolère? L’extrême mollesse de l’establishment politique?

Il est également question de ce que dit l’éthique juive s’agissant de la maltraitance de l’ennemi une fois rendu inoffensif. La dernière partie de l’entretien porte sur les réactions du monde religieux qui se perçoit comme dépositaire de l’éthique juive. En conclusion, il est question du glissement de la haine de l’autre à la haine vis-à-vis de ceux qui, dans leur propre communauté, pensent différemment, du glissement du non respect des droits de l’autre au non respect des lois de sa propre société, au risque de son délitement démocratique.