À l’approche du Nouvel an juif, il est coutume de formuler des vœux. Nous ne pouvons qu’émettre celui de voir, au cours de l’année à venir, une reprise du processus politique en vue d’une solution du conflit israélo-palestinien qui passerait par un renforcement du camp de la paix israélien auquel nous apportons un soutien indéfectible.
Les résultats des élections ont été moins bons que ce qu’on espérait et meilleurs que ce qu’on appréhendait. Les nervis de « Puissance juive » n’entrent pas à la Knesset, les partis arabes semblent vouloir, pour la première fois, rentrer dans le jeu politique israélien et les partis de la gauche qui devaient disparaître de la carte politique se maintiennent, affaiblis certes par le parti « Bleu-Blanc » qui a su aspirer des électeurs en quête de réalisme et d’efficacité pour en finir avec Netanyahu.
La quasi égalité des blocs de droite et de gauche rend cette éventualité possible mais non certaine, loin s’en faut. Bibi a été chargé de former le nouveau gouvernement. Y parvenir est presque impossible mais un animal blessé a des ressorts insoupçonnés. La stratégie de Benny Gantz d’être candidat en second pour mener à bien cette mission peut s’avérer risquée.
Cependant changer un homme, aussi important que cela soit, ne signifie pas un changement de politique; et au final c’est bien cela qui est plus nécessaire que jamais et ce dont le pays a besoin. La disparition encore hypothétique de Netanyahu de la scène politique ne réglera pas tout. On sait que s’il reste, le pays se rapprochera de l’abîme de l’annexion. Dans le discours prononcé lors de l’acceptation de former le gouvernement, le terme « palestinien » n’a pas été prononcé de même qu’il n’a fait aucune référence aux problèmes sociaux et aux clivages qui minent la société israélienne. Au-delà des déclarations électorales sur l’annexion de la vallée du Jourdain, sur le terrain, en ce moment même, démolitions et expulsions se poursuivent, de nouvelles colonies sauvages sont créées… Tout est fait pour rendre impossible une solution à deux États – on n’y est pas encore même si on s’en rapproche – sans qu’une alternative ne soit proposée s’agissant de l’existence politique et nationale des Palestiniens. Croire et faire croire qu’ils y renonceront sous l’effet de la répression et de quelques améliorations de leurs conditions de vie est illusoire et dévastateur tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.
Il est clair que le prochain gouvernement aura besoin de la pression d’une opinion publique mobilisée pour freiner la poursuite de l’occupation, ne pas s’engager dans la voie de l’annexion et relancer un processus politique avec les Palestiniens, processus qui est au moins mort. C’est dire que tous ceux qui sur le terrain ne renoncent pas ont besoin de notre soutien, notamment en prévision de l’entrée en fonction d’une nouvelle coalition ou, scénario catastrophe, de nouvelles élections… Ils ont besoin de savoir que leur action est relayée et qu’ils bénéficient d’échos et de solidarité.
Quant à nous, nous poursuivrons nos efforts, avec votre soutien, pour accompagner ceux qui agissent sans relâche pour une solution politique au conflit israélo-palestinien, parce que nous sommes indéfectiblement attachés à un Israël arrimé aux valeurs fondamentales et aux principes inclus dans sa déclaration d’Indépendance que d’aucuns souhaitent remettre en question.
À nouveau, à tous ceux qui sont concernés et à leurs proches, nous présentons nos vœux de Shana Tova 5780, souhaitant que leurs aspirations les plus chères se réalisent.
Ilan Rozenkier
28 septembre 2019